Les préoccupantes déclarations de Nabil Benabdallah, qui en a trop dit ou pas assez
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- 16 septembre 2015 --
- Maroc
Le secrétaire général du PPS, et par ailleurs ministre de l’Habitat et de la Politique de la ville, a tenu à la suite des élections des bureaux des régions des propos aussi graves que préoccupants. Membre de la majorité gouvernementale, Benabdallah a osé dire tout haut ce que beaucoup d’officiels pensent tout bas et que les Marocains disent de plus en plus.
Nabil Benabdallah a affirmé, dans une déclaration au service de presse de son parti, que les élus de son parti ont fait montre de discipline et de loyauté envers leurs alliés de la majorité, « malgré les pressions, les contraintes et les pratiques de certains milieux pour influencer certains de nos élus dans des régions ». Il ajoute que le parti a ainsi établi son sérieux, ainsi que « sa volonté de respecter la volonté des électeurs, ce qui n’a pas été le cas au vu des résultats des conseils des régions ».
Le SG du PPS affirme que « le scrutin a conféré une majorité au PJD, mais nous constatons qu’une majorité de présidences de régions a été au PAM. Cela indique que des élus et des partis n’ont pas tenu à leurs alliances, et cela indique aussi qu’il existe une volonté hégémonique envers les partis. L’Etat, à travers les deux ministères de la Justice et de l’Intérieur, ont pourtant maintenu une stricte neutralité ». Fort bien, mais alors qui ?... La question reste posée et ouverte.
Nabil Benabdallah va encore plus loin : « C’est précisément cette volonté hégémonique qui a permis l’écrasante victoire du PJD, et tant que les choses continueront ainsi, le PJD avancera encore et creusera davantage l’écart.
Et la même chose se produira pour le PPS qui a refusé cet hégémonisme ».
Dans un entretien accordé au site du PJD, le même Benabdallah persiste et signe et parle de « pratiques d'intimidation » opérées contre plusieurs élus de la majorité.
Cela étant, trois élus PPS ont « mal » voté, si l’on considère les propos de leur chef de parti. En effet, pour la Région Beni Mellal-Khenifra, 1 conseiller régional a voté en faveur du candidat PAM, qui a été élu, et contre celui du MP. Et à Marrakech, ce sont deux élus PPS qui se sont prononcés pour le candidat, il est vrai unique, du PAM.
Mais cela n’enlève rien au fait que globalement, et là où le RNI a voté contre sa propre majorité, les conseillers PPS ont choisi le candidat de l’alliance gouvernementale.
Maintenant, M. Nabil Benabdallah en a trop dit, ou pas assez… Il a en effet parlé de « pressions, contraintes et pratiques ». Quelles sont-elles ? Par qui ont-elles été exercées ? Comment ? Et que veut-il dire en parlant de volonté hégémonique ? Le roi a insisté sur l’intégrité de ces élections, puis il s’est retiré de toute activité officielle pour laisser le champ politique libre aux partis concurrents. Benabdallah affirme que les deux ministères en charge de la supervision des élections sont restés neutres. Alors qui exerce ces pressions et qui est animé par cette volonté hégémonique ?
Autant de questions que l’on ne pose généralement pas, « parce qu’on sait bien qui c’est ». Et bien non, on ne le sait pas, et le patron de parti et ministre qu’est Benabdallah doit avoir le courage d’aller plus loin… ou de se taire à jamais.