La rivalité France-Espagne au Maroc semble tranchée par le palais

La rivalité France-Espagne au Maroc semble tranchée par le palais

La longue période de crise traversée par le Maroc et la France semble bel et bien terminée. Les relations vont désormais reprendre et le langage diplomatique, qui a ses subtilités, montre également que l’Espagne, qui avait durant cette crise tenté de supplanter la France au Maroc, reprendra sa place véritable.

Ainsi, dans son discours du trône du 30 juillet, le roi Mohammed VI a parlé de renforcement du « partenariat exceptionnel avec la France, en collaboration avec Son Excellence, le président François Hollande » mais, concernant l’Espagne, il a affirmé vouloir simplement se « prévaloir des liens d’amitié avec Sa Majesté le Roi Felipe VI pour renforcer davantage les relations de coopération et de bon voisinage avec l’Espagne ». Avec la France, le partenariat est « d’exception » alors qu’avec Madrid, on en restera au stade de la « coopération et du bon voisinage ». Si les mots ont un sens, alors les priorités sont claires… De plus, Mohammed VI a dit « se prévaloir » de l’amitié avec son homologue espagnol, indiquant de la sorte que l’amitié ne va pas de soi


avec le gouvernement de droite de Mariano Rajoy.

Et puis le roi a reçu presque simultanément les deux ambassadeurs en fin de mission pour les décorer comme le veut la tradition diplomatique. Et bien que le Français Charles Fries ait brillé par sa passivité quasi indifférente durant la longue brouille entre Paris et rabat, il a été décoré du Wissam Alaoui de classe exceptionnelle, la plus haute distinction marocaine, alors que l’Espagnol José De Carvajal Salido (proche de l’ancien premier ministre Aznar)  n’aura eu droit « qu’au » Wissam Alaoui de deuxième classe.

Charles Fries avait été nommé par Nicolas Sarkozy alors en fin de règne, mais il avait été « oublié » à ce poste par un Laurent Fabius bien plus soucieux des relations avec l’Algérie qu’avec le Maroc, et qui avait désigné Bernard Emié à Alger en 2014, un diplomate plus chevronné que Fries.

Ce dernier sera très vraisemblablement remplacé à Rabat par Jean-François Girault, actuel directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient au ministère français des Affaires étrangères, et considéré comme chiraquien, donc nécessairement proche du Maroc.