Salaheddine Mezouar n'est pas docteur en économie, il le reconnaît et il l'assume
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Ces dernières semaines, le ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar, par ailleurs président du RNI, fait l'objet d'articles l'accusant de mystification et de mensonges sur ses diplômes. Le profil mis en ligne sur le site du ministère affichait la mention d'un doctorat en économie obtenu à l'Université de Grenoble. Mais plus tard une correction a été apportée. Cette histoire mérite une explication, pour la vérité.
A PanoraPost, nous n'avons jamais été très complaisants, ni même compréhensifs ou tendres avec Salaheddine Mezouar, depuis le jour où il avait été fouillé au corps à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle et ensuite pour son agressivité dans le propos et sa réserve dans ce qu'il sait bien être le domaine réservé du chef de l’Etat, mais tout de même... L'auteur de ces lignes a été plus que critique envers ce ministre, et on ne nous taxera donc pas de complaisance. Or, l'affaire du doctorat, nous l'avions apprise les premiers et, avant de la mettre en ligne, nous avions contacté le ministre des Affaires étrangères, pour avoir sa version, dans le respect de la déontologie professionnelle.
Salaheddine Mezouar avait volontiers répondu aux questions, affirmant et attestant que « non, (il) ne dispose pas d'un doctorat en économie, mais d'un DEA obtenu à Grenoble et d'un diplôme de l'ISCAE à Casablanca, sanctionnant un cycle de 2ans de formation au management pour des cadres ayant une expérience professionnelle ». Invité par PanoraPost à apporter les corrections nécessaires sur le site et aussi sur Wikipédia, Mezouar avait très rapidement réagi et, quelques minutes après notre entretien, les modifications avaient été apportées là où il le fallait.
Il est vrai certes que lors d'une émission de France24, le ministre s'est laissé présenter comme docteur mais, renseignements pris auprès de l'université de Grenoble, le DEA dont il est titulaire sanctionne la 1ère année des études doctorales. De la même manière que quand on appelle les gens « Oustad », cela ne signifie pas forcément et nécessairement qu'ils sont tous avocats ou professeurs, et donc désigner quelqu'un par le terme « docteur » est une complaisance verbale qui peut être relevée par l'intéressé(e), ou ne pas l'être, sans
que cela ne prête à conséquence sur sa morale.
Dans un article mis en ligne récemment par un site arabophone, il est dit que Salaheddine Mezouar avait également participé à une réunion des anciens de l’université de Grenoble et que là aussi, encore une fois, on l’avait présenté comme étant titulaire d’un doctorat. Ce que Mezouar, contacté par nos soins, dément formellement : « Je n’ai jamais assisté à la réunion des anciens de Grenoble lors de laquelle il a été fait mention d’un doctorat. Si j étais présent, j’aurais rectifié ».
Nous avons alors été chercher dans ses différents CV publiés ici et là, comme ceux du Global Entrepreneurship Summit (novembre 2014 à Marrakech) ou encore du Centre d'études et de recherche des dirigeants, et nous n'avons nullement trouvé de mention du doctorat qui lui est prêté ailleurs.
Nous avons alors précisé à Mezouar qu'il avait négligé de contrôler les initiatives de son entourage, car dans ce genre d'affaires de titres universitaires, on est tenu de vérifier ce qui est écrit sur les CV officiels. Il en a été conscient… « Je ne sais pas d’où vient cette histoire. Je n’ai jamais vérifié depuis que je suis ministre ce qui était mentionné sur mon CV dans les sites des différents ministères. J’avoue que je n’ai jamais accordé d’importance à cela ni aux diplômes d’ailleurs. Mon parcours professionnel n’a jamais été lié à cela et je n’ai jamais cherché à être ce que je ne suis pas ».
Nous avons alors précisé à la source qui nous a rapporté l’ « information » initiale que le rôle des médias n'est pas de brocarder pour le plaisir de le faire mais de vérifier des informations et, dans le cas d'erreurs commises de bonne foi et immédiatement corrigées, il n'est pas nécessaire d'en faire un sujet qui ne l'est plus au moment de la publication. Nous n'avons donc pas publié cette information qui n'en était plus une.
Et donc, à notre sens, à PanoraPost et pour cette question du doctorat, Salaheddine Mezouar n’a pas menti mais admet qu’il n’a pas vérifié ce qu’on écrivait dans son CV. La précision méritait d'être apportée.
AAB