Sommet de La Valette sur la migration... où en sommes-nous 3 ans après ?

Sommet de La Valette sur la migration... où en sommes-nous 3 ans après ?

Les questions de migrations n’ont jamais autant été au cœur des priorités régionales, nationales ou internationales. Ainsi, dans un contexte politique de clivage entre libéraux et nationalistes, le sommet de la Valette essaye tant bien que mal de dynamiser son plan d’action. En 2015, à la capitale maltaise, La Valette, l'Union Européenne, l'Union Africaine et leurs États membres se sont réunis afin de trouver une solution conjointe pour mieux répondre aux défis posés par le phénomène migratoire. Un dialogue politique a alors été nécessaire pour garantir la protection et l’assistance des migrants les plus vulnérables.

Voici trois ans, les participants au sommet s’étaient engagés à gérer les flux migratoires en déployant les moyens nécessaires à la protection des migrants dont la vie est menacée. Cette année-là, les participants étaient déterminés à faire en sorte que les actions décidées en commun sur le sujet soient mises en œuvre. Et tout cela devait être appliqué dans le plus grand respect de la souveraineté des Etats et des droits de l’homme. Mais aujourd’hui, il s’avère que les conclusions du sommet sont bien trop ambitieuses face à un contexte dans lequel le populisme et le nationalisme gouvernent un peu plus tous les jours.

Le plan d’action était comme ceci :

1-      Encourager la migration légale ;

2-      Tenir compte des avantages de la migration en termes de développement ;

3-      Garantir la protection des demandeurs d’asile ;

4-      Lutter contre la migration irrégulière, le trafic des migrants et la traite des êtres humains.

Trois ans après, une Europe tourmentée et...

Trois ans après, nous nous retrouvons face à une Europe...

divisée, dans laquelle les pays tournent tour à tour le dos aux migrants fuyant leur pays d’origine. En effet, des projets de lois anti-migrants, facilitant leur exclusion, se multiplient en Europe. Ces textes qui pourraient prochainement être appliqués ont tous pour objectif commun d’élever la durée légale de rétention, d'augmenter les difficultés d’obtention des demandes d’asile. Ces mesures inquiétantes, qui s’opposent aux promesses de La Valette ont donc été adoptées en France, en Allemagne et plus récemment en Italie.

... L’ONU réagit, trois ans après...

Trois ans après, l’ONU s’est retrouvée dans l’obligation d’élaborer un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Il reposera sur des valeurs telles que la souveraineté des États, le partage des responsabilités, la non-discrimination et les droits de l'homme, et reconnaîtra la nécessité d'une approche coopérative pour optimiser les avantages globaux de la migration, tout en tenant compte des risques et des défis que rencontrent les migrants.

Optimiste et ambitieux, ce texte n’aura pourtant aucune valeur juridique en raison de l'absence de contrainte sur les Etats signataires. Ses dispositions risqueraient en effet de ne pas être respectées par les Etats parties, comme cela semble devoir être le cas suite aux interventions de certains politiques autrichiens, polonais ou américains. 

Le Pacte, qui sera adopté en décembre à Marrakech, sera donc un nouveau test de la bonne volonté et de la réelle implication des Etats à améliorer les conditions des migrants, tout en œuvrant à créer des environnements favorables dans les pays émetteurs pour endiguer les flux migratoires, du moins économiques.

Meriem Boucetta

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