« Sans harcèlement, y aura plus de mariage ! », #Masaktach dans les rues a encore du boulot !

« Sans harcèlement, y aura plus de mariage ! », #Masaktach dans les rues a encore du boulot !

Elaborée dans un contexte de clivage entre camps moderniste et conservateur, la loi 103-13 a pour but d’accorder plus de droits à la femme marocaine. Elle réprime pour la première fois le harcèlement de rue, et condamne l’auteur de ce délit à une peine de prison allant de 1 à 6 mois de prison et d’une amende allant de 2.000 à 10.000 dirhams. Le collectif #Masaktach est le premier mouvement marocain, à avoir pu, voulu et su encourager l’application des dispositions de cette loi. Et ses actions se multiplient...

Composé d’hommes et de femmes, le mouvement #Masaktach (voir vidéos ci-dessous), qui est aussi à l’origine de #ila_dsser_sefri, a ainsi invité ce samedi 10 novembre hommes et femmes à se porter volontaires pour distribuer des sifflets aux femmes dans l’espace public, et à les inviter à dénoncer le harcèlement qu’elles subissent au quotidien en sifflant fort, très fort, dans leurs sifflets.

Panorapost a rejoint les équipes de #Masaktach ce samedi, et les a suivies :

Dans la matinée, à Casablanca, des groupes se sont formés puis se sont dispersés dans les différents quartiers de la ville. De Maârif à 2 Mars, passant par la Corniche, les différents groupes ont pu faire le tour des boulevards, rues et ruelles casablancaises.

Pensant que les distributeurs de sifflets voulaient peut-être les harceler, certaines de ces femmes approchées se sont montrées très peu accueillantes. D’autres étaient au contraire à l’aise devant les caméras. Ainsi, pour l’une, le harcèlement de rue est essentiellement dû au manque d’éducation et il persistera tant que les enfants ne sont pas initiés au respect de la femme dès leur plus jeune âge. Une dame a comparé le cas du Maroc à la situation en Europe et a plaidé que les Marocaines ne soient plus victimes de harcèlement. Certaines disaient qu’elles avaient peur de sortir dans la rue parce...

qu’elles sont très souvent harcelées ; elles disent se trouver sans défense. 

Mais voici Mesdames, des sifflets pour dénoncer vos harceleurs, c’est l’occasion de dépasser cette peur qui vous hante, et de briser ce silence qui vous pèse ! ont eu nos #Masaktach comme réponse. Une femme a pointé un sentiment que des centaines de Marocaines vivent au quotidien, dans le bus, dans la rue, dans un ascenseur : elles se font déshabiller du regard. Et cette dame a aussi reçu un sifflet de couleur verte cette fois-ci, afin qu’elle puisse huer cet homme qui la gênerait, ou pire encore qui l’humilierait !

Sur le terrain, les membres des différents groupes ont pu constater que les avis autour de la question pouvaient fortement diverger dans la mesure où une jeune femme, la trentaine, dit que le harcèlement lui plaît, car sans le harcèlement les femmes pourraient avoir plus de difficultés à se trouver un mari ! Il est vrai que bien que cela relève de la liberté d'expression et d'action, avec de telles théories, #Masaktach a encore du chemin à parcourir...

Après avoir sacralisé la gente masculine pendant plusieurs et très longues décennies, il peut s’avérer à présent difficile de changer les mentalités marocaines. Mais il y a un début à tout, et le collectif #Masaktach, s’est donné comme objectif de lutter contre la violence faite aux femmes. Il appartient, à présent aux femmes marocaines de faire leur part de travail et d’agir, de réagir à tout harcèlement, violence ou viol.

Cette action est initiatrice d'autres à venir, et il faut en remercier les concepteurs et conceptrices du mouvement Masaktach qui osent braver des tabous aussi solides que l'incivisme de malheureusement un très grand nombre d'hommes marocains.

Meriem Boucetta

 

Laila Slassi présentant le mouvement #Masaktach

 

Les #Masaktach en action dans les rues casablancaises

 

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