Le RNI met les points sur les « i » pour la compensation et la question des prix des carburants

Le RNI met les points sur les « i » pour la compensation et la question des prix des carburants

Le gouvernement tourne à plein régime, disent son chef et son porte-parole, mais en réalité, les couteaux sont tirés entre de ses deux principales composantes, à savoir PJD et RNI. Lors de la discussion, en séance plénière de la Chambre des représentants mardi 10 juillet, les députés des deux partis se sont étripés, sur fond de décompensation, et avec l’ombre de filigrane qui flottait dans l’hémicycle.

Les joutes avaient déjà commencé au moment de la présentation de l’enquête parlementaire sur les prix des carburants, les deux camps se rejetant la responsabilité de la hausse des prix à la pompe, le RNI accusant le gouvernement Benkirane d’avoir décompensé les prix sans mesure de protection des consommateurs, et le PJD, toujours avec deux voix, accablant implicitement le chef du RNI, et patron du groupe Afriquia, Aziz Akhannouch, d’avoir profité de la situation.

Ce mardi 10 juillet au parlement, second round, donc… La député RNIste Asmae Ghlalou a pris la parole, et dit les choses, crument, directement… « Nous avions été les premiers, au RNI, à tirer la sonnette d’alarme au moment de la décision de décompenser, et nous avions insisté sur les mesures à prendre pour protéger les citoyens et leur pouvoir d’achat »… Et d’expliquer que ce qu’on appelait « réforme » (en allusion à Benkirane) devait être cadré et encadré pour faire une réforme globale et non une mesurette comptable provisoire.

« Et pour l’histoire, insiste Mme Ghlalou, nous n’oublierons pas ce qu’il disait, quand il affirmait qu’il avait permis à la trésorerie du pays d’économiser 80 milliards de DH avec la décompensation… quand il assurait qu’il n’avait augmenté les prix que d’une poignée de dirhams pour sauver l’Etat de l’étranglement… quand il martelait que l’Etat devait être, avant le citoyen,...

dans une situation confortable, car quand l’aigle vit, les aiglons vivent aussi… ». Dur et rude.

Il faut donc, selon Mme Ghlalou, « réformer la réforme », pour la rendre plus globale et plus juste. Elle rappelle qu’en 2013, et faisant fi des calculs politiciens, le RNI avait accepté de rejoindre la majorité de Benkirane (que l’Istiqlal de Chabat avait quittée) et depuis, le parti, ses chefs, ses députés et ses cadres, déroulaient un discours de vérité et de transparence, loin des surenchères politiques, politiciennes, et des attaques personnelles.

Asmae Ghlalou revient aussi sur les déclarations du gouvernement précédent, sur l’économie de 80 milliards de DH de décompensation et sur ses rentrées de 56 milliards en TIC (taxe intérieure de consommation) et en TVA sur les hydrocarbures, et demande des comptes et l’exposé des usages fait de cet argent.

Puis elle récuse les bénéfices de 17 milliards de DH mentionnés par le PJD (dans une allusion à Abdallah Bouanou, maire et député PJD de Meknès) alors même que le ministre des Affaires générales Lahcen Daoudi (il n’était pas démissionnaire, lui ?) parlait de 4 milliards de DH « seulement »…

Pour sa part, et en réponse, le chef du groupe PJD Driss Azami el Idrissi, ancien ministre du Budget sous Benkirane, a dit que « les opérateurs économiques devaient prendre la mesure des choses mais ils ne l’ont pas fait. Il appartient donc à l’Etat de reprendre le contrôle des choses, et de plafonner les prix en fixant les marges des pétroliers ». Se jouant lui aussi et à son tour des chiffres, il parle de 7 milliards de DH de bénéfices en plus, en trop, réalisés par les distributeurs, lors que Bouanou évoquait 17 milliards et que Daoudi se limitait, lui, à 4 milliards.

AB

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