Vladimir Poutine largement réélu à la tête de la Russie, quels sont les défis qu’il doit relever ?

Vladimir Poutine largement réélu à la tête de la Russie, quels sont les défis qu’il doit relever ?

 L’homme fort de la Russie et président sortant Vladimir Poutine, 66 ans, a été réélu dimanche 18 mars avec plus de 76 % des voix, dans une élection présidentielle sans suspense, où le taux de participation s’est élevé à 67,4 %. Il n’avait pas vraiment de concurrent, mais il s’agit de son dernier mandat, sauf surprise.

Le communiste Pavel Groudinine et le nationaliste Vladimir Jirinovski se voient créditer respectivement d'environ 11 % et 6 % des suffrages. Les cinq suivants se partagent les miettes. Les résultats ont été aussitôt contestés par l'opposition qui a dénoncé des milliers de fraudes et d'irrégularités.

M. Poutine, sitôt réélu, a fait une brève apparition dans la soirée de dimanche sur la scène installée place du Manège, près du Kremlin, pour célébrer les quatre ans de l’annexion de la Crimée. Il a brièvement remercié ses supporteurs. « Nous allons nous mettre au travail », leur a-t-il promis, avant de scander « Russie ! Russie ! ».

Le chef de l’Etat entame donc son dernier mandat de six ans, la constitution lui interdisant de pouvoir briguer un 3ème mandat consécutif. En 2024, il aura 72 ans et tout le monde, dont lui, s’accorde pour dire que ce mandat sera le dernier de Poutine à la tête de la fédération de Russie. Un journaliste lui a demandé s'il pensait rester au pouvoir après 2030, soit après un… cinquième mandat supplémentaire de six ans. «C'est un peu ridicule, a-t-il rétorqué. Vous voulez dire que je gouvernerai jusqu'à 100 ans? Et bien non ». S’il veut se maintenir au pouvoir après 2024, il devra modifier la constitution, comme il l’avait fait en 2008 et sur les traces du Chinois Xi Jinping qui a supprimé la contrainte des deux mandats, ou il devra céder le fauteuil de président à son Premier ministre Dmitri Medvedev, avant de le récupérer en 2012, toujours comme en 2008. Mais comme il le dit lui-même, et vu son âge, cela serait difficile. Seul son départ en 2024 est vraiment plausible.

Cette élection en force intervient  en plein bras de fer entre Moscou et l’Occident suite aux conséquences et répercussions de l’empoisonnement de l’ex espion russe Sergueï Skrapar et de sa fille. Quasiment muet jusque-là sur l'empoisonnement, le président russe a assuré, dans sa première conférence de presse après l'élection, qu'accuser la Russie était « du grand n'importe quoi » mais que Moscou est « prêt à coopérer » avec Londres à l'enquête.

Au pouvoir depuis 1999, quand Boris Eltsine l’avait désigné Premier ministre, puis en 2000 après son élection à la tête de l’Etat,...

Poutine n’aura pas radicalement changé l’économie de son pays, s’appuyant sur une rente pétrolière qui se tarit et s’amenuise.

Les grands défis économiques qui attendent Poutine

Le manque de main d'œuvre : La Russie, qui compte actuellement 146,9 millions d'habitants, en a perdu plus de cinq millions depuis 1991, conséquence de la grave crise démographique qui a suivi la chute de l'URSS. La génération née dans les premières années postsoviétiques, marquées par une baisse de natalité, arrive actuellement sur le marché du travail, risquant de causer des manques de main d'œuvre qualifiée et de freiner la croissance.

Des retraites en bout de course : L'âge de la retraite en Russie - 55 ans pour les femmes et 60 pour les hommes - est parmi les plus bas du monde. Vu le déclin démographique, le système des retraites, pourtant très faibles, représente un poids croissant pour le budget fédéral. Vladimir Poutine a reconnu plusieurs fois qu'une réforme serait nécessaire mais a pour l'instant toujours jugé que le moment n'était pas venu.

Attirer les investissements : Pour surmonter les freins internes, Vladimir Poutine fait régulièrement les yeux doux aux investisseurs étrangers lors de conférences économiques, leur promettant d'améliorer un climat des affaires miné par la bureaucratie mais aussi selon son propre constat par des poursuites judiciaires parfois injustifiées. Selon Chris Weafer, fondateur de la société de conseil Macro Advisory, « le besoin d'investissements étrangers est la raison pour laquelle le Kremlin n'a pas riposté aux récentes sanctions américaines, il ne veut pas rendre plus difficile pour les investisseurs étrangers de venir en Russie ». Si en 2017, les investissements ont augmenté de 4,4% selon l'agence de statistiques Rosstat, cette hausse a été notamment portée par de grands projets temporaires comme le pont en construction vers la Crimée ou la Coupe du Monde de football.

 Se diversifier : La Russie, riche de réserves gigantesques d'hydrocarbures, reste soumise aux fluctuations de leurs prix, comme l'a montré la crise de 2015-2016. « C'est clairement négatif pour les perspectives de croissance », selon la banque Alfa. Pour se défaire de cette dépendance, Chris Weafer suggère de miser sur entrepreneuriat et les petites entreprises en rendant les crédits « plus abordables et facilement accessibles ». Il incite également à investir dans la robotique, les technologies "intelligentes" et l'intelligence artificielle.

 Augmenter la productivité : « L'économie est très inefficace. C'est dû à l'héritage du système soviétique et à la croissance facile provenant de la richesse pétrolière dans les années 2000-2013 », estime Chris Weafer. « Il y a beaucoup d'inefficacités dans le système qui, si elles sont corrigées, pourraient conduire à une forte croissance ».

Avec AFP et agences

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