2017, l’année africaine du Maroc

2017, l’année africaine du Maroc

2017 a marqué le retour résolu et massif du Maroc dans sa famille africaine. Cela commencé par l’adhésion à l’UA, puis à la Cédéao, et aussi par l’implication du Maroc dans l’un des dossiers les plus épineux en Afrique, en l’occurrence les migrations. Et l’année s’est clôturée par le rôle croissant de Rabat dans les relations entre Afrique et Europe, comme cela  été montré lors de ce sommet d’Abidjan.

Ce qui fait l’importance de ce retour marocain en Afrique est qu’il semble appuyé sur la raison au lieu du calcul, sur le cœur au lieu de l’intérêt. L’intérêt existe, et il est assumé, mais il est partagé et mutualisé. Le Maroc de Mohammed VI a mis une dizaine d’années avant de s’en aller en Afrique. il fallait assurer les bases arrières, conforter la démocratie interne, toujours perfectible d’ailleurs, et renforcer l’économie, ce qui est toujours d’actualité  et loin d’être achevé.

Puis, fort de ces avantages, le Maroc s’en est allé partager ses acquis avec ses amis africains. La maîtrise dans le domaine des infrastructures, de l’agriculture, de la finance et de la téléphonie, par exemple, a permis au Maroc d’entrer en Afrique par la grande porte. Un temps ignoré par les grandes puissances occidentales, plus la Chine et le Japon, la percée marocaine a pris son importance avec l’adhésion du royaume à la Cédéao. La France, ancienne puissance coloniale, a subitement pris la mesure de la chose, lors du passage de témoin à l’Elysée entre François Hollande et Emmanuel Macron, le premier ayant mis du temps à comprendre, le second ayant saisi les mutations qui se produisent en Afrique. M. Hollande parlait de co-localisation et d’une relation bilatérale, et M. Macron parle aujourd’hui de co-développement et de relation triangulaire Maroc-France-Afrique. Ce qui n’exclut aucunement les coups bas…

Du point de vue des Africains, trois pays ont toujours été opposés au Maroc. Le Nigéria, l’Afrique du Sud et, bien évidemment, l’Algérie. Si ce dernier pays a...

un sérieux contentieux unilatéral avec le Maroc, les deux autres ont basculé de la politique à la diplomatie, de l’hostilité destructrice à la raison constructive. Avec le Nigéria, les choses vont bien, les accords prospèrent et les perspectives d’avenir s’améliorent. Le travail et le temps feront le reste.

A Abidjan, le président Jacob Zuma a voulu se réunir avec le roi Mohammed VI, à son initiative. La rencontre a eu lieu, de grandes décisions ont été prises pour remettre les relations bilatérales sur les rails. Et là aussi, l’avenir semble prometteur.

La raison de tout cela se trouve dans un mot : démocratie. Au Nigéria ou en Afrique du Sud, où les responsables sont élus, puis critiqués si le rendu est mauvais, les dirigeants ont compris que l’affaire du Sahara, artificielle, ne doit ni ne peut entraver les perspectives de relations économiques fructueuses. Les différents discours de Mohammed VI ont fini par les amener à la raison. Dans ces deux pays, les dirigeants doivent rendre des comptes, et se soumettre au verdict des urnes.

En Algérie, en revanche, il n’en va pas de même, car le peu de démocratie existant dans ce pays éloigne les dirigeants de la raison du peuple et de la raison tout court. Et c’est pour cela que les Algériens perdent pied en Afrique, et perdent peu à peu du terrain dans cette affaire du Sahara et leur hostilité dure et qui perdure envers le Maroc.

Il faudra donc continuer de travailler, pour Rabat, mais cela passe par trois facteurs essentiels : un suivi rigoureux de ce qui est lancé par le royaume sur le continent, la communication, et le front interne. Le roi Mohammed VI a diligenté des missions de contrôle des avancées des projets initiés, mais il reste la communication orientée vers les Africains. Et il reste aussi, et il importe, d’avoir un front interne solide et homogène, politiquement, et une structure économique fiable et durable. Cela est une autre affaire…

Aziz Boucetta

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