C’est assez peu commun pour être relevé… Un pays qui décore, chez eux, des diplomates d’un autre Etat. Et cela s’est passé ce mercredi 19 octobre à la Résidence de l’ambassadeur du Chili au Maroc. Devant un parterre de diplomates, de hauts fonctionnaires, d’amis et de dignitaires de tous bords, Bouchra Boudchiche a été décorée par l’ambassadeur chilien, lors d’une cérémonie aussi amicale que conviviale, aussi solennelle qu’informelle.

Bouchra Boudchiche a donc été faite Officier de l’Ordre du Mérite de la République du Chili mais, contrairement à Abdelkader Chaoui (à gauche de la photo, assis, près de Mme Boudchiche) , ancien ambassadeur dans ce pays, qu’il était tout à fait normal de décorer, Bouchra Boudchiche n’était pas ambassadeur, mais épouse d’ambassadeur.

Et c’est pour s’être impliquée dans l’activité diplomatique de l’ambassade de son pays, pour avoir noué tant de relations et s’être fait tant d‘amis, que Mme Boudchiche a été distinguée.

Arrivée à Santiago en 2002, elle en repart en 2008. Arrivée à Santiago avec un simple diplôme de l’ENAP de Rabat, elle en repart en 2008 avec  un Master en Relations internationales de l’Université de Santiago et trois diplômes de droit et d’histoire, sur l’Amérique latine, le terrorisme et les conflits armés. Arrivée à Santiago en 2002 avec deux langues maîtrisées, elle en repart en 2008 avec trois...

de plus.

C’est ce qui a fait dire à l’ambassadeur du Chili, hier mercredi, que « Mme Boudchiche a dépassé le rôle traditionnel d’un conjoint d’ambassadeur », multipliant les cocktails et dans la terrible angoisse – ou la fébrile attente – du retour au pays. Elle s’est d’ailleurs tellement investie dans sa mission d’épouse engagée d’un ambassadeur qu’elle a fait des centres de culture, de science et de connaissance des lieux privilégiés et des passages obligés, quotidiennement ou presque.

Et c’est ainsi qu’elle a connu une certaine Michelle Bachelet, d’abord inconnue, puis un peu plus connue, puis ministre de la Défense, puis chef d’Etat. Et c’est au titre de cette amitié qu’elle a accompagné et servi de conseiller diplomatique à la présidente chilienne en visite au Maroc à l’occasion de la COP22.

Rentrée au pays, finalement, en 2008, elle en repart aussitôt pour l’Espagne pour travailler, cette fois en qualité de diplomate, à l’ambassade du Maroc, donc à Madrid. Au Chili, le Maroc avait deux ambassadeurs pour le prix d’un. Si Bouchra Boudchiche est un jour chef de mission quelque part, le Maroc y aura alors encore deux ambassadeurs, et toujours pour le prix d’un. C’est aussi cela, la bonne gestion des deniers publics, et ce serait en outre une heureuse louange aux connaissances académiques…

AB