C’est devenu un  jeu très prisé parmi la jeunesse dorée, ou même simplement argentée, du pays. Rouler nuitamment, en moto ou en voiture, à grande vitesse, et jouer à se faire peur, pousser sur son adrénaline… mais en cycle urbain, c’est-à-dire en mettant en péril la vie des autres. Cela s’appelle un rodéo, et la technique devient inquiétante à l’étranger, et aussi chez nous.

Ils sont jeunes, ils disposent de beaux engins, deux ou quatre roues, et ils s’amusent, la nuit à rouler le plus vite possible autour d’un rond-point ou sur une avenue. Ces jeunes semblent avoir autant de moyens matériels que peu de neurones, et il semblerait que leurs parents soient aux abonnés absents, quand ils ne sont pas occasionnellement leurs protecteurs…

Les Casablancais connaissent bien ce phénomène : Rond-point des Sports, route au quartier Californie (reliant le Bld Hachmi Filali à la Route de la Mecque)… Les Rbatis aussi, sur l’avenue Annakhil (vidéo ci-dessous). Et on apprend qu’à Tanger et à Marrakech, les amateurs de rodéos sévissent aussi.

Ces jeunes sont-ils éthylisés, sous psychotropes, ou simplement à la recherche d’émotions fortes ?  En lui-même, un rodéo n’est pas interdit, mais l’excès de vitesse l’est et, comme dans cette vidéo, et prendre un rond-point à contresens l’est aussi. En outre, rouler aussi vite, en plus de déranger la quiétude nocturne des riverains, met clairement et gravement la vie des autres en danger.

Renseignements pris, il s’agit de...

« fils de… »,  ou de jeunes hommes dotés de fortunes conséquentes qui leur donnent le sentiment d’être au-dessus des lois. Le sont-ils ? Assurément oui, car comment une police aussi efficace que la nôtre, aussi présente et aussi réactive, qui a réussi à se dresser contre le terrorisme et aussi (avec un succès perfectible) contre le crime organisé, peut-elle laisser faire cela ?

Le problème est que le rodéo n’est pas expressément interdit dans les lois, sauf en cas d’infraction au Code de la route. Mais les policiers doivent d’abord vérifier que le conducteur n’est pas sous l’effet de produits illicites, alcools ou autres, avant de verbaliser.  Par ailleurs, ces rodéos provoquent des nuisances sonores, et la police devrait être mieux équipée, avec des sonomètres par exemple, pour mener davantage d’opérations de lutte contre ce phénomène.

Il faudra aussi légiférer, et faire donc évoluer les articles répressifs du Code de la route, comme cela est fait dans certaines localités en France, où le phénomène et aussi répandu. L’idée est de faire basculer ces actes de simples infractions à délits, voire crimes en cas d’accidents corporels. Au Havre, toujours en France, les quads et autres deux-roues utilisés dans les rodéos sont simplement détruits.

Dans tous les cas, ce genre de comportements irresponsables et puérils doivent absolument être interdits, et leurs auteurs punis. Il appartient à la police de le faire. Il appartient au législateur de faire son travail.

C’est aussi cela la bonne gouvernance.

Aziz Boucetta