Saadeddine El Otmani présente sa politique générale, et ses ambitions

Saadeddine El Otmani présente sa politique générale, et ses ambitions

Et finalement, le chef du gouvernement est parti au parlement, à la tête de son gouvernement, récemment désigné par le roi. Il aura fallu 15 jours pour élaborer la politique gouvernementale, et 1h30 pour la présenter. Un discours long, mais qui tranche dans la forme avec celui de Benkirane et qui se veut résolument optimiste. En voici les grandes lignes.

Dans la forme.

Un chef du gouvernement apaisé, serein, pour trancher avec le style fougueux et impétueux, faussement bonhomme, d’Abdelilah Benkirane. Une standing ovation pour El Otmani, marquant la reprise d’une certaine courtoisie politique, perdue durant ces dernières années, et El Otmani se lance, en lançant quelques mots de salutation en amazigh.

Le ton du chef du gouvernement est calme, posé et se veut convaincant. Un débit de lecture lent, les mots détachés, alors que pour Benkirane, le rythme était plus rapide, voire saccadé, entrecoupé des fameuses boutades, qui auront finalement montré leurs limites.

On peut être en accord avec El Otmani, ou non, mais il semblerait que ce mandat sera inscrit sous le signe de l’apaisement, malgré les inévitables joutes que tous les parlements du monde connaissent.

Dans le fond.

1/ les 5 axes de la politique du gouvernement El Otmani

Le long discours du chef du gouvernement a été articulé autour de 5 axes principaux :

  • Affirmation du choix démocratique, de l’Etat de droit et des lois, et renforcement de la régionalisation avancée ;
  • Renforcement des valeurs de transparence, réforme de l’administration et instauration de la bonne gouvernance ;
  • Amélioration du modèle économique marocain et action pour l’emploi et le développement durable ;
  • Renforcement du développement humain et de la cohésion sociale et territoriale ;
  • Renforcement du rayonnement international du Maroc.

2/ Les grandes mesures sociales :

  • Amélioration de la condition de la femme ;
  • Poursuite de la réforme de la justice et construction de 83 tribunaux ;
  • Couverture médicale étendue de 60 à 90% de la population ;
  • Extension de l’accès aux soins de santé de 60 à 100% de la population ;
  • Réduction du taux de mortalité chez le nourrisson de 27 à 20% ;
  • Réduction du déficit en logement de 400.000...

    à 200.000 unités, avec la construction de 800.000 logements à l’horizon 2021 ; réduction de moitié des 120.000 bidonvillois du Maroc ;

  • Augmentation du taux de scolarisation collégiale de 88 à 97% ;
  • Réduction du taux d’analphabétisme de 20 à 20% ;
  • Poursuite de la décompensation (sucre et butane), mais avec ciblage des catégories nécessiteuses à dédommager…

Ce ne sont là que quelques indicateurs de la politique sociale du gouvernement El Otmani, mais qui montrent l’ambition de la nouvelle équipe. Ainsi que la difficulté de tout réaliser, une difficulté qui n’aura d’égale que celle de la réalisation des objectifs économiques…

3/ Les grandes mesures économiques :

  • Les équilibres macroéconomiques à maintenir, et à améliorer, par une croissance économique moyenne de 4,5 à 5,5% sur la durée du mandat, par une réduction du déficit du PIB à 3% (contre 4,2% actuellement), par le reflux de l’endettement de 83% du budget à 60%, par la baisse du chômage de 9 à 8,5%, et par une inflation maîtrisée à 2% ;
  • Renforcement du cadre législatif incitatif de l’entreprise, essentiellement par l’assistance aux PME/TPE, et par l’instauration effective de la préférence nationale dans les marchés publics, à hauteur de 20% ;
  • Réhabilitation du monde rural par le Fonds de développement rural, soit 55 milliards sur 5 ans ;
  • Poursuite de la politique de construction de barrages, 3 grands par an et 10 moyens ;
  • Extension du Plan Maroc Vert ;
  • Politique touristique plus hardie, dans le cadre de la Vision 2020…

On peut consulter le programme du gouvernement El Otmani ici.

Ce programme gouvernemental sera discuté à partir de lundi à la Chambre des représentants, et on s’attend au vote durant la semaine. Si on sait que le gouvernement s’appuie en principe sur 240 députés, représentant les 6 partis membres de la coalition, on attend la réaction de certains députés du PJD, qui ne se consolent pas du départ d’Abdelilah Benkirane, mais aussi de ceux de l’Istiqlal. On saura alors si El Otmani aura le soutien (critique ou non) de l’Istiqlal, ou pas.

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