Le site de l'Istiqlal retire précipitamment un article comportant de graves accusations

Le site de l'Istiqlal retire précipitamment un article comportant de graves accusations

Un article aussi étonnant que détonant que celui paru sur le site du parti de l’Istiqlal… Un article intitulé « que veulent-ils du secrétaire général du parti de l’Istiqlal ? », qui revient sur le décès probable de Chabat, qui accuse l’Etat profond, qui évoque Oued Cherrat… L’article rappelle le propos de Chabat la semaine dernière sur France24, quand il avait évoqué lui-même sa mort prochaine « naturelle ou non »… Un dangereux dérapage…

Que dit l’article : « Ceux qui, malheureusement, pensent  tirer les ficelles du jeu politique considèrent qu’il est désormais temps de se débarrasser de Hamid Chabat, ce qui nous renvoie aux méthodes de l’oued Cherrat, une méthode maroco-marocaine immuable de se débarrasser de ceux qui nagent à contre-courant ». On aura saisi l’allusion très grave de l’Oued Cherrat, un lieu où sont morts Ahmed Zaïdi et Abdallah Baha en 2014, en plus de, pour remonter plus loin dans le temps, d’un attentat à la voiture bélier contre Ben Barka.

Mais dans le cas où le lecteur n’aurait pas compris, l’auteur explique que « la référence à Oued Cherrat s’explique par les différentes formes de liquidation physique, morale ou sociale d’un individu ; et cela commence par la liquidation physique à Oued Cherrat, puis passe par les redressements fiscaux et l’exhumation d’affaires nauséabondes »…

Mais dans le cas où le lecteur n’aurait pas compris, l’auteur de l’article poursuit que « ces semblants de procès populaires intentés aujourd’hui par les services de l’Etat, télévisions publiques officielles, conseillers de Sa Majesté le Roi, prêcheurs du vendredi, Conseil supérieur des Oulémas, universitaires, analystes et journaux… tout cela instille le doute dans l’esprit des Marocains quant à l’identité de l’adversaire ».

Et cela continue dans la même veine, s’interrogeant, attaquant, accusant… prolongeant la logique de Hamid Chabat qui, sur France24 la semaine dernière, avait dit qu’il pourrait mourir bientôt, « naturellement ou non, en martyre ou pas ».

Le plus curieux dans cet article est qu’il a été repris par de très nombreux confrères arabophones ce mercredi 8 février, dans une fourchette de quatre heures, citant les mêmes phrases extraites de l’article, et l’un de ces sites renvoie sur le lien de l’article en question. Mais d’article, point… On trouve l’adresse avec le titre de l’article...

en arabe, mais avec la page d’accueil du site de l’Istiqlal (ci-dessous).

Le parti, prenant la mesure de l’extrême gravité du contenu de l’article, a choisi de le retirer. Et de publier à la place un avis à la population intitulé «  précision nécessaire : les positions officielles de l’Istiqlal sont exprimées par ses organes et institutions ». Fort bien.

Et le communiqué d’expliquer que «  certains médias ont fait circuler des extraits d’une tribune mise en ligne sue istiqlal.info, avec pour titre « que veulent-ils du secrétaire général du parti de l’Istiqlal ?», une tribune non signée. Et ces médias ont attribué cet écrit à la direction du parti de l’Istiqlal, ce qui est entièrement faux, et conduit aux précisions suivantes :

a. Cette tribune circule sur Facebook depuis environ 5 jours ;

b. Cette tribune ne reflète que l’opinion de son auteur et en aucune manière celle de l’Istiqlal ;

c. Les positions officielles du parti de l’Istiqlal sont exprimés par les canaux officiels et les organes, de même qu’à travers les communiquées et les déclarations ».

Cela appelle les questions suivantes :

1/ Comment peut-on laisser publier sur un site une tribune, une opinion personnelle, sans la lire, ou la faire lire, alors même qu’elle comporte de très graves accusations contre l’Etat et ses services, pour supposés sévices ?

2/ Comment peut-on faire publier une tribune non signée, puis expliquer que les idées émises n’engagent que leur auteur ?

3/ Comment expliquer cette erreur, une semaine après une autre sur le quotidien al Alam, qui a publié une carte du Maroc sans Sahara, ce qui pour l’organe du parti de l’Istiqlal est assez étrange ;

4/ Les idées figurant dans l’article en question prolongent celles évoquées par Hamid Chabat la semaine dernière sur France24, quand il parlait avec insistance de mort prochaine probable ;

5/ On y retrouve également l’argument favori des Istiqlaliens, courant Chabat, qui tourne autour de l’idée du complot contre l’Istiqlal et son chef.

La saga Hamid Chabat n’est pas terminée, à quelques semaines du Congrès prévu fin mars, s’il se tient… Bien au contraire, le secrétaire général donne le sentiment d’=etre devenu une machine qui se serait emballée et qui est lancée à pleine puissance, et inconscience. Qui ou quel serait le butoir ?

AB

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