Gouvernement, c’est la crise finale…

Gouvernement, c’est la crise finale…

Les choses se sont brutalement précipitées ce dimanche 8 janvier. En fin d’après-midi, les quatre partis que sont le RNI, l’MP, l’UC et l’USFP ont signé un communiqué commun affirmant leur alliance et leur volonté d’entrer au gouvernement. Benkirane leur a sèchement signifié son refus, annonçant également la fin de ses entretiens avec Aziz Akhannouch et Mohand Laenser.

Le communiqué des 4 partis qui disent « avoir émis leur souhait d’entrer au gouvernement » :

Il se décline en trois points :

1/ Œuvrer à former un gouvernement qui va dans le sens du discours royal de Dakar (6 novembre), dans lequel le roi Mohammed VI avait évoqué la nécessité d’un gouvernement avec un programme et des priorités bien définies, afin de répondre aux problématiques externes et internes, et dépasser les problèmes passés ;

2/ Poursuivre les tractations avec le chef du gouvernement désigné pour parvenir à la mise sur pied d’une majorité gouvernementale qui serve les intérêts supérieurs du pays, mais dans le cadre d’une majorité forte et homogène, apte à exécuter le programme prédéfini à court et moyen terme ;

3/ Insister sur la volonté des 4 partis à former un gouvernement fort, basé sur un bloc aussi fort et confortable qui serait à même d’assurer la bonne marche des institutions du pays.

Une heure plus tard, le chef du gouvernement désigné Abdelilah Benkirane a publié un communiqué ferme, et qui sonne comme la fin des concertations :

« Du fait que la logique veut que pour toute question, il faut une réponse, et du fait que j’ai posé à M. Aziz Akhannouch, en date du 4 janvier, la question de savoir s’il veut, ou non, entrer dans le gouvernement que Sa Majesté le roi m’a chargé de former le 10 octobre 2016… M. Akhannouch n’a pas répondu à ma question, et a préféré faire cela à travers un communiqué conjointement signé avec d’autres formations auxquelles aucune question n’a été posée.

J’en retire la conclusion qu’il se trouve dans une situation qui ne lui permet...

pas de me répondre, ce qui aboutit au fait que les négociations ne peuvent se poursuivre avec lui sur la formation du gouvernement.

Aussi, les discussions sont désormais interrompues avec lui, de même qu’avec M. Mohand Laenser, SG du MP ».

Signé : le Secrétaire général du PJD, chargé de former le gouvernement, Abdelilah Benkirane ».

Selon une source bien informée au sein du PJD, Benkirane remettra sa démission très prochainement au roi Mohammed VI, auquel il expliquera qu’il n’a pas été à même de poursuivre et de mener à bien sa mission de former le gouvernement.

Or, un conseil de ministres se tient demain à Marrakech, selon plusieurs sources. Le roi Mohammed  VI devrait réunir ses ministres pour, selon les mêmes sources, évoquer avec eux le retour du Maroc au sein de l’Union africaine. Mais il semblerait que l’échec des négociations soit également à l’ordre du jour.

Nous sommes donc face à trois scénarios :

1/ Le roi renouvelle sa confiance à Benkirane et le (re)charge de former un gouvernement ;

2/ Le roi désigne quelqu’un d’autre au sein du PJD pour la même mission ;

3/ Le roi dissout la Chambre des représentants et appelle à de nouvelles élections, scénario le moins probable.

Cependant, lors de ce Conseil des ministres, le roi aura face à lui Benkirane et AKhannouch, et tout peut laisser penser qu'il tentera, dans le cadre de ses attributions constitutionnelles, de rapprocher leurs points de vue. On l'espère car de nouvelles élections, dans ce climat très tendu et encore plus électrique, feraient passer celles du 7 octobre pour une aimable promenade de santé...

Rappelons que  Les quatre partis RNI/UC/MP/USFP totalisent 103 élus, ce qui ferait bien évidemment une majorité confortable pour un gouvernement. Le PJD, lui, avec son allié le PPS, en réunissent en effet 137, ce qui ferait un total de 240, pour une majorité absolue de 198. Mais Benkirane a décidé de ne pas se laisser forcer la main, au risque de plonger le Maroc dans une crise politique majeure...

 

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