Tensions sociales à al Hoceima suite à la mort du poissonnier Mohsine Fikri

Tensions sociales à al Hoceima suite à la mort du poissonnier Mohsine Fikri

Vendredi 28 octobre au soir, Mohsine Fikri, un vendeur informel de poisson est mort dans une benne à ordures à al Hoceima. Il était monté dans le camion pour récupérer sa marchandise, préalablement saisie par les autorités de la ville. Sa mort sous les yeux de dizaines de personnes  a été la source d’un mouvement de colère, malgré un communiqué du ministère de l’Intérieur.

Il s’agissait d’une cargaison d’espadon que le défunt transportait dans sa fourgonnette, un poisson interdit à la pêche et à la vente pour raison de repos biologique. Le chargement avait donc été saisi par le parquet qui avait ordonné sa destruction, alors même qu’en pareille circonstance, ces poisons étaient remis à des associations ou orphelinats.

Un responsable a alors donné l’ordre de détruire la cargaison dans un camion benne, mais Mohsine Fikri a sauté dans le camion, pendant que le mécanisme de broyage se mettait en marche… Un mouvement de foule en colère s’est immédiatement déclenché, conduisant le gouverneur d’al Hoceima et le procureur du roi de la ville à aller au-devant de la foule pour essayer de calmer les choses.

Le lendemain matin samedi, un communiqué du ministère de la Justice est tombé, annonçant que le parquet a chargé la Brigade nationale de police judiciaire d’enquêter sur les causes précises de la mort du poissonnier. Les uns, en effet, parlent de...

suicide du défunt, alors que d’autres, présents sur place, évoquent l’assassinat par négligence.

Et alors même que les esprits sont encore très échauffés et que des marches spontanées naissent ici et là, la classe politique s’invite dans cette affaire dramatique. Le Forum national de la pêche, relevant du PAM, invite à une enquête sérieuse avec l’implication de la famille et des professionnels ; le PJD, pour sa part, a agi en deux temps : son groupe a lui aussi réclamé une enquête, et le secrétaire général du parti, par ailleurs chef du gouvernement sortant et reconduit, appelle ses partisans et sympathisants à ne pas se joindre au mouvement social d’humeur qui s’est déclenché.

En effet, et alors que les deux ministres de l’Intérieur Mohamed Hassad et son délégué Charki Draïss se rendaient ce matin au domicile du défunt pour y présenter leurs condoléances, les internautes sont toujours enflammés, et des appels pour des marches dans une quarantaine de villes sont lancés, avec hashtags, mobilisation et animation agitant la toile. Le terme « hogra » revient sur toutes les lèvres et le nord tangue.

Les ministres sont sur place sur ordre du roi Mohammed VI, pour aviser la famille de Fikri des ordres royaux donnés pour procéder aux investigations requises et appliquer la loi dans toute sa rigueur, contre toute personne, fonctionnaire ou non, qui serait impliquée dans le drame.

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