C’est le sentiment général suite au premier débat qui a opposé les deux candidats principaux à l’élection présidentielle américaine. La Démocrate Hillary Clinton a dominé ce débat contre son adversaire, le Républicain Trump, qui a montré sa méconnaissance des dossiers et qui s’est laissé emporter à plusieurs reprises.

L’ancienne First Lady et ancienne sénatrice de New York et Secrétaire d’Etat a su se montrer calme, posée et ferme tout au long des 90 minutes qu’a duré l’échange. N’abandonnant presque jamais son sourire, et n’élevant la voix que très rarement, elle a lancé d’entrée de jeu à son adversaire un laconique et ironique «  Donald, c’est bon d’être avec vous »…

Sur le réchauffement climatique, Clinton s’est montrée féroce : « Donald, je sais que vous vivez dans un monde à part, mais ces faits ne sont pas exacts. Donald pense que le changement climatique est un canular monté par les Chinois ! Moi, je pense que c’est très réel et il est important qu’on se saisisse du problème  ».

Mais le Républicain, lui aussi, sait attaquer : « Hillary a de l’expérience, je suis d’accord, mais, c’est une mauvaise expérience.  Si vous regardez le Moyen-Orient, c’est le chaos total, dans une large mesure sous votre direction. (…) Vous parlez de l’Etat Islamique, mais vous étiez là et vous étiez secrétaire d’Etat alors que le groupe n’en était qu’à ses balbutiements. Maintenant il est présent dans plus de 30 pays, et vous allez les arrêter ? Je ne le pense pas  ».

Sur la forme et la méforme d’Hillary Clinton, qui a interrompu sa campagne durant quelques jours pour cause de pneumonie, Donald Trump a lancé : « Elle n’a pas l’énergie pour être présidente, car il y a tellement de choses différentes qu’elle doit être capable de faire », s’attirant cette réponse foudroyante de la Démocrate : « Quand il aura voyagé dans 112 pays et négocié un accord de paix, un cessez-le-feu, la libération de dissidents (…) ou même qu’il aura passé 11 heures à témoigner devant une commission au Congrès, il pourra me parler d’énergie  ».

Un échange a fait rire les spectateurs présents dans...

la salle, au détriment de Trump. Sur son tempérament, le Républicain a expliqué que « je pense que mon meilleur atout, et de loin c’est mon caractère. J’ai un tempérament de vainqueur  »… Réaction de son adversaire du soir, et dans l’élection : «  wooh, OK  », ponctué d’un roulement des yeux.

En matière de politique étrangère, il n’a pas réussi à exploiter la principale faille de la candidate démocrate, son côté va-t-en-guerre, dans la mesure où il a menti plusieurs fois sur son soutien à la guerre en Irak. « Je n’y étais pas favorable », a-t-il dit. Les vidéos de 2002 qui prouvaient le contraire ne voulaient rien dire, parce qu’il n’avait « pas vraiment réfléchi à la question ». Inquiétant.

Sur le racisme, Clinton a été encore une fois intraitable : « En 1973, Trump a été poursuivi pour discrimination parce qu'il refusait de louer ses appartements aux gens de couleur. Il a un long passif de comportement raciste ».

A la fin du débat, la chaîne CNN a interrogé 521 électeurs potentiels qui ont trouvé à 62 % contre 27 que la démocrate avait gagné. Même écho chez les experts, au Washington Post et sous la plume de plusieurs éditorialistes. Rappelons que la semaine dernière, quelques jours avant ce premier débat, le légendaire New York Times avait publié un éditorial dans lequel il soutient la candidature d’Hillary Clinton. Et il l’a redit hier soir : « Il y avait une asymétrie fondamentale au cours de ce débat, en raison d'une effroyable vérité : un des participants n'avait rien d'honnête à proposer ».

Selon USA Today, le premier débat entre les deux candidats démocrate et républicain imprime l’orientation de la course finale : « L'histoire montre que le premier débat peut être suffisamment puissant pour faire accélérer la montée d'un candidat ou le mettre à mal. (...) Le premier débat a participé à l'élection de John Kennedy en 1960 et de Ronald Reagan en 1980. Il a également participé à la défaite de Michael Dukakis en 1988 et d'Al Gore en 2000 ».

Et donc, Clinton 1 – Trump 0. Suite au deuxième débat, programmé le 9 octobre.