11 mesures pour un système de santé  de qualité mondiale au Maroc, par Othmane Alaoui

11 mesures pour un système de santé  de qualité mondiale au Maroc, par Othmane Alaoui

Quatre remarques sur la situation actuelle 

  • On ne dépense pas assez d’argent pour la santé des marocains dans l’absolu.
  • Plus grave, le budget actuel est mal dépensé par défaut de management.
  • Avec un management efficace, le système de santé pourrait dispenser des soins de bien meilleure qualité avec le budget actuel.
  • Il faut donc plus d’argent mais surtout un management beaucoup plus efficace.

 

Situation espérée 

  • Un système de santé au niveau de celui des pays de l’OCDE dans 20 ans:

          Quantitativement: avoir assez de structures médicales et de personnel médical et paramédical par habitants.

  • Qualitativement: que le service rendu soit de bonne qualité avec une amélioration nette des indicateurs de performance.

 

Philosophie de la réforme

  • Pour obtenir un système de santé de bonne qualité, il faudra:
  • Augmenter progressivement les dépenses de santé.
  • Confier la gestion de l’ensemble des composants du système de santé à des gestionnaires privés.
  • Repartir le budget du système de santé de façon équitable entre l’ensemble des citoyens.
  • Donner la possibilité aux citoyens de se soigner dans les structures qu’ils désirent grâce à leur budget personnel octroyé annuellement par l’Etat. 
  • La concurrence ainsi créée permettra d’améliorer la qualité du service, et de baisser les prix. 
  • Les patients auront le choix entre différents dispensaires, hôpitaux, centres de rééducation… et seront non plus perçus comme des patients anonymes dépourvus de droits, mais comme des patients-clients individuels à conquérir, satisfaire et fidéliser. 

 

11 mesures à prendre 

  1. Augmentation du budget du Ministère de la Santé 
  • Augmenter en 5 ans le budget du Ministère de la Santé pour passer de 13 milliards de Dirhams par an à 20 milliards de Dirhams par an (de 400 Dhs à 600 Dhs par habitant et par an).
  • Cette augmentation sera financée par le budget général de l’Etat.

 

  1. Mise en place d’un outil de mise en œuvre : Agence Nationale de Santé (ANS) 
  • Gérée de manière indépendante par des technocrates appliquant un cahier des charges prévu dans la réforme.
  • L’ANS est chargée de superviser la mise en gestion des structures de santé par les gestionnaires privés.

 

  1. Mise en gestion de l’ensemble du système de santé par des gestionnaires privés 
  • L’ANS met en place des packs comprenant obligatoirement des hôpitaux et dispensaires ruraux mixés avec des hôpitaux et dispensaires urbains.
  • L’ANS émet un appel d’offre pour la gestion de ces packs d’établissements de santé.
  • Les gestionnaires pourront être n’importe quel investisseur s’entourant des garanties fixées par le cahier des charges, notamment:
  • Les médecins ayant ou non déjà une clinique, associés à des financiers.
  • Les fonds d’investissement, les banques, les assurances marocaines et étrangères.
  • L’ANS met en place des indicateurs de performance et réévalue chaque 3 ans les performances de chaque structure de santé : toute structure ayant une note globale inferieure à 75% sur plus de 3 ans est retirée de facto à son gestionnaire et réaffectée à un gestionnaire plus efficient.

 

  1. Délivrance à chaque citoyen d’une carte de crédit biométrique 
  • Créditée d’une somme annuelle identique par tranches d’âge: 
  • 0-5 ans: 700 Dhs
  • 6-10 ans: 600 Dhs
  • 11- 50 ans: 500 Dhs
  • 51-60 ans : 600 Dhs
  • 61-70 ans : 700 Dhs
  • Au delà de 70 ans: 800 Dhs 
  • Débitable uniquement en milieu de santé (cabinets médicaux, dentaires, paramédicaux, pharmacies, dispensaires, hôpitaux, laboratoires etc.…).
  • Le montant qui n’est pas consommé est cumulé pour les années suivantes.

 

  1. Conclusion de Partenariats Public Privés 
  • Pour l’ouverture de nouvelles structures de santé sur l’ensemble du territoire, financées par le privé, avec un foncier étatique offert :
  • 10 CHU.
  • 12 Facultés de Médecine et de Pharmacie, 50 Instituts de Formation aux Carrières de Santé, 6 Facultés de Chirurgie Dentaire (cf. mon article sur la réforme du système éducatif).
  • 100 hôpitaux de 200 lits.
  • 4000 dispensaires.
  • Le privé investira car il saura que les citoyens disposent d’un budget santé : la rentabilité est donc assurée à condition d’offrir de la qualité.

 

  1. Mise en place d’indicateurs de performance 
  • Mesurés et publiés annuellement par l’Agence Nationale de Santé.
  • Ils comprendront pour chaque structure le nombre de consultations ou d’actes effectués, le taux de satisfaction globale des patients, les certifications de l’établissement, le nombre de plaintes éventuelles contre l’établissement etc…

 

  1. Abolition de la carte sanitaire 
  • Aujourd’hui, l’habitant d’un quartier donné qui veut se soigner dans le secteur public ne peut aller que dans un dispensaire donné, puis dans un hôpital donné.
  • Cela crée des situations de micro monopoles qui font que la qualité baisse.
  • Il faudra donc abolir cela et laisser les patients libres du choix de leur établissement de santé.

 

  1. Autorisation du personnel de santé de certains pays d’exercer au Maroc 
  • Publication d’une liste de faculté dont les diplômés peuvent exercer au Maroc dans les mêmes conditions que les médecins marocains : tous les diplômés des pays de l’OCDE ainsi que les diplômés de certains autres pays (Algérie, Tunisie, Sénégal, Roumanie…).
  • Cela permettra de combler le déficit actuel en personnel de santé en attendant d’avoir formé le nombre suffisant de cadres médicaux et paramédicaux marocains.

 

  1. Autorisation et subvention des assurances à gérer des structures de santé 
  • Négociation entre l’Etat et les assurances afin de couvrir la population : l’état donne une dotation au citoyen, le citoyen choisit une assurance et paye sa cotisation annuelle grâce à la dotation étatique.
  • Lorsque les patients nécessitent des soins, ils sont traités dans les structures de santé gérés par ces assurances.
  • Les assurances se chargent de tout frais médical des assurés en échange de la dotation étatique.
  • Pour diminuer les couts de remboursement, ces assurances...

    feront du dépistage et de la prévention, ce qui entrainera une amélioration continue des indicateurs de santé de la population :

  • Exemple : Une hypertension artérielle dépistée à temps nécessite un traitement de 50 dirhams par mois, alors que si elle n’est pas dépistée, une de ses complications qu’est l’insuffisance rénale coute 3000 Dirhams par mois.
  • Comme ce sont les assurances qui payent les soins de l’assuré, elles feront de l’éducation sanitaire, du dépistage, du diagnostique précoce et de l’éducation à la compliance afin que les pathologies soient diagnostiquées tôt afin de réduire le cout des soins, ce qui est bénéfique pour l’état, pour le patient, et pour la rentabilité de cette assurance.
  • Lorsque les frais de soins seront supérieurs à la dotation étatique mais inferieurs à 6 mois de SMIG, ce sera au patient de payer s’il ne dispose pas de couverture médicale.
  • Les assurances signeront des accords avec des banques et des organes de microcrédit pour des crédits et du microcrédit santé gratuit (le taux sera payé aux banques par l’état).
  • Exemple : une hospitalisation pour lithiase vésiculaire coute aujourd'hui 5000 Dhs. Avec la concurrence créée par la réforme, ce prix pourra descendre à 2000 Dhs. Si le patient a juste 1000 Dhs dans sa dotation, il pourra contracter un microcrédit de 1000 Dhs à 8% pour payer le reliquat. Il remboursera 100 dirhams par mois pendant 10 mois à l’organisme de microcrédit, les 8% de crédit étant payés directement par l’état à l’organisme de microcrédit.
  • Les interventions dont le cout est supérieur à 6 mois de SMIG sont entièrement prises en charge par un fond spécial alimenté par une taxe de 1% sur le Chiffre d’Affaires des entreprises d’assurance santé ainsi que du secteur médical, paramédical et pharmaceutique).

 

  1. Subvention des mutuelles et des établissements de santé à but non lucratif 
  • Mouvement mutualiste, fondations, associations…
  • L’état offrira le foncier et une aide annuelle en fonction des résultats de ces structures.
  • Ces structures s’engageront en contrepartie à respecter un cahier des charges. 

 

  1. Autorisation de la publicité médicale 
  • Le citoyen marocain dépense actuellement 6 fois plus d’argent pour communiquer (téléphone et internet) que pour acheter des médicaments (2600 Dhs par an versus 400 Dhs par an).
  • Seule la publicité fait consommer, or le citoyen a besoin de consommer des soins médicaux, dentaires, d’hygiène, paramédicaux etc.…
  • La publicité sera encadrée par une loi sur la communication médicale
  • Les actions de santé publique seront relayées par des actions de communication ciblées en étroite collaboration avec les gestionnaires des structures de santé :
  • Exemple : campagnes annuelles dépistage du cancer du sein chez la femme de plus de 40 ans, dépistage du cancer de la prostate chez l’homme de plus de 50 ans etc… avec une forte pression médiatique.
  • Actions ciblées : « A la polyclinique Hippocrate, vous bénéficiez d’un check up des 90% des maladies les plus graves pour seulement 599.99 Dhs », « Vous buvez beaucoup? Vous urinez beaucoup? Vous êtes peut être diabétique. Le cabinet Esculape vous fait une glycémie gratuite ».

 

Conséquences de la réforme 

  1. Des citoyens-patient-clients 
  • Grace à cette réforme on crée :
  • De l’égalité car tous les citoyens disposeront du même budget de santé et auront le choix entre différents prestataires.
  • De la qualité car les citoyens se dirigeront vers les structures avec les meilleures critères de performance : les réseaux de santé de bonne qualité se développeront tandis que les réseaux de moins bonne qualité devront se reformer ou être réaffectés a des gestionnaires plus efficients.
  • Cette concurrence permettra logiquement d’améliorer la qualité des soins fournis et de baisser les prix.

 

  1. Une amélioration inclusive 
  • Les investissements se concentreront au niveau les grandes villes à fort pouvoir d’achat, mais ils concerneront aussi les campagnes, même les plus reculées.
  • En effet, aujourd’hui le secteur privé n’investit pas dans le monde rural car le pouvoir d’achat des citoyens ruraux est jugé faible.
  • Mais avec cette réforme, le pouvoir d’achat de base du citoyen(ne) d’Anfgou sera similaire au pouvoir d’achat de base du casablancais et de la casablancaise, avec en plus l’avantage d’une concurrence nulle à Anfgou!

 

  1. Des investisseurs intéressés 
  • Un marché énorme: 60 Milliards de Dhs qui pourra atteindre les 80 Milliards de Dhs si chaque citoyen paye 50 Dhs par mois pour son assurance complémentaire.
  • Un marché stable: il y’aura toujours des patients et ils consulteront toujours soit pour se soigner, soit pour être dépistés.
  • Des taux de rentabilité intéressants (8 à 20%).
  • Une gouvernance autonome: grâce à l’ANS qui met en place les guidelines, critères de performance et juge en toute objectivité, les investisseurs ne sont pas soumis aux aléas des choix de gouvernements politiques, mais uniquement aux critères de performances objectifs établis par l’ANS qui sera une structure autonome vis-à-vis du Gouvernement.
  • Tous ces facteurs feront qu’il y’aura des investissements massifs, dans les villes mais surtout dans les campagnes où la concurrence est plus faible.

 

Conclusion 

  • Un marché important et sûr fera que les investisseurs injecteront des milliards de Dirhams pour rénover les anciennes structures de santé et en bâtir de nouvelles.
  • La concurrence entre les grands groupes de santé fera que le prix des prestations médicales diminuera tandis que la qualité de ces prestations augmentera.
  • Tous les patients recevront la même dotation et seront égaux, en ayant le choix de leur fournisseur de santé.
  • Les assurances auront un rôle important de santé publique par la couverture des risques sanitaires et la gestion des structures de santé.

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