Près de 200.000 enfants exercent une activité dangereuse au Maroc

Près de 200.000 enfants exercent une activité dangereuse au Maroc

C’est le Haut-commissariat au Plan (HCP) qui fournit les statistiques du travail des populations jeunes à l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants. Et les chiffres sont rudes : 193.000 enfants de 7 à 17 ans exercent un travail dangereux, soit 59% des enfants au travail et 2,9% de l’ensemble des enfants de cette tranche d’âge.

Qu‘est-ce qu’un travail dangereux ? Un travail comportant des risques de chute, de brûlure ou de blessure, ou encore de heurt contre des objets, des dangers biologiques ou d’exposition à des bactéries ou particules dangereuses, des dangers chimiques ou physiques (bruits, humidité, exposition aux intempéries…), des dangers ergonomiques du travail dans des lieux mal conçus… Le travail de nuit ou de longue durée est aussi un travail dangereux.

Après avoir défini la nature des activités dangereuses pour les enfants, le HCP rappelle l’illégalité de ces activités. En effet, le Maroc a ratifié en 2001 la Convention n° 182 de l'OIT, relative à « l'interdiction des pires formes de travail des enfants et l'action immédiate en vue de leur élimination », qui définit le « travail dangereux » pour les enfants comme étant « le travail qui, par sa nature et les circonstances dans lesquelles il est effectué, est susceptible de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité des enfants ».

Donc, en plus de l’amoralité de faire travailler de enfants de 7 à 17 ans dans des conditions mettent en danger leur santé et leur intégrité physique, cela est également illégal au regard des engagements internationaux du Maroc.

Les chiffres du travail dangereux des enfants :

1/ 193.000 enfants âgés de 7 à 17 ans,...

ou 59% des enfants au travail et 2,9% de l’ensemble des enfants de cette tranche d’âge.

2/ Ce type de travail est à 80% rural, 78% masculin et concerne 75,3% des enfants âgés de 15 à 17 ans.

3/ En milieu urbain, les enfants sont au nombre de 39.000 à exercer un travail dangereux, respectivement 86% des enfants au travail dans les villes et 1,1% de l’ensemble des enfants citadins. En milieu rural, ce nombre s’élève à 154.000, et représente respectivement 54,8% et 5,1%.

4/ Parmi les enfants de sexe masculin, 151.000 exercent un travail dangereux, soit 70,8% des garçons au travail et 4,4% de l’ensemble des garçons âgés de 7 à 17 ans. Parmi les filles, ce nombre s’établit à 42.000, et correspond respectivement à 36,9% et 1,3%.

5/ Les secteurs économiques concernés : en zones rurales, 76,4% dans l’"agriculture, forêt et pêche", et en milieu urbain, 52,7% se concentrent dans les "services" et  30,5% dans l’"industrie y compris l’artisanat".

6/ 19,3% des enfants exerçant un travail dangereux sont en cours de scolarisation, 71,7% ont quitté l’école et 9% ne l’ont jamais fréquentée.  

Face à ces chiffres, le gouvernement soit être interpellé pour expliquer sa stratégie et son action pour réduire le nombre des enfants de 7 à 17 ans au travail et en danger. A défaut, la justice doit être saisie. Il faut cependant admettre qu'en dépit de la polémique sur le travail des "petites bonnes", permis par la récente loi 19-12, les jeunes employées de maison bénéficient tout de même de bien plus de garanties qu'avant. Mais il faut veiller à la stricte application des dispositions de cette loi.

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