Chabat à la télé… Verbatim et vidéo

Chabat à la télé… Verbatim et vidéo

Première grande sortie de Hamid Chabat, secrétaire général du parti de l’Istiqlal, depuis les élections… Et ce qui est bien avec l’homme, c’est que rien ne l’effraie, pas même les contre-vérités, et encore moins la langue de bois. Invité jeudi 26 novembre à l’émission « 90 minutes pour convaincre » sur Media1TV, il a dit sa vérité, à défaut de dire les vérités, en parlant de lui à la 3ème personne… Verbatim.

Sa défaite à Fès. Le journaliste Youssef Belhaïssi lui demande sa réaction sur la « défaite politique dans laquelle le parti a été exclu des grandes villes »… Réponse : « Hamid Chabat est à Fès depuis 1992, soit 23 ans… il est temps que, même pour les Istiqlaliens, on se dise que c’est assez (baraka ! en VO), au nom de l’alternance »… le journaliste insiste : « Personne ne rejette le pouvoir ». Réponse : « Oui, Hamid Chabat ne recherche ni le pouvoir ni les postes »…

La sortie du gouvernement. « Ce ne sont pas les fonctions ministérielles qui font les militants… le parti de l’Istiqlal n’a pas libéré le Maroc pour être au gouvernement. L’Istiqlal travaille pour le peuple et œuvre pour son bien-être »…

L’autocritique. Le journaliste demande si l’autocritique dont se réclame Chabat part réellement d’une conviction ou n’est-ce qu’une manœuvre ? Réponse extraordinaire : « Est-ce un mal de faire des manœuvres ? Nous sommes engagés dans une bataille politique… On prépare l’avenir ».

Sa démission. Les journalistes demandent à Chabat les raisons pour lesquelles il n’a pas démissionné, malgré son propos sur son départ si l’Istiqlal n’a pas la première place. « L’Istiqlal est arrivé premier, avec plus d’un million de voix… Quant à la démission, ce n’est pas le comité exécutif (CE) qui la décide, mais le parlement du parti, à savoir le Conseil national (CN). Or, l’ordre du jour du dernier CN, préparé par le CE, évoquait un congrès extraordinaire en vue du départ de la direction, et le CN a dit non. C’est ça, notre morale en politique »… C’est laborieux mais ça se tient… ça se tient moins quand on sait comment est formé le CN du parti, truffé d’amis de Chabat. « Mais Yasmina Baddou, membre du CE a qualifié le secrétaire général de trahison »… Réponse : « Un responsable doit tout assumer et moi, je suis quelqu’un qui pardonne… ». Un aveu, donc, du vent de fronde qui souffle au sein du CE.

La contestation au sein du CE. « Quels sont vos problèmes avec le trio frondeur Hjira-Ghellab-Baddou, sachant qu’ils vous accusent de félonie ? ». Chabat : « Il faudrait leur poser la question à eux, et tout cela est bien normal… ». Mais certains dirigeants du CE ont déclaré être en contact avec des gens extérieurs au parti, insistent les journalistes… Réponse de jésuite de Chabat : « Au comité exécutif, nous exécutons, mais personne n’a le pouvoir de décision, qui appartient au CN… alors comment et pourquoi être en contact avec des tiers si l’on ne décide rien ?... ».

Les élections. « Si nous étions restés au gouvernement, nous serions classés 5ème et pas 2ème… Mais nous avons quitté le gouvernement, de par notre propre volonté cat le système de télécommande n’existe plus au Maroc ».

Son chantage (supposé) à l’Etat, comme cela a été rapporté dans les médias. « Tout cela, ce ne sont que des fuites et indiscrétions et si le ministre de l’intérieur n’a pas démenti, c’est son affaire ; moi, je vous le dis, je l’ai appelé le 4 septembre et lui ai dit que les gens sont empêchés de voter. Je l’ai donc exhorté à assurer l’ordre avant...

que les choses ne dérapent. Est-ce un chantage, cela ? »… Hamid Chabat botte en touche et répond ce qu’il veut, malgré la gravité des accusations portées contre lui, et qui n’ont jamais été démenties par le ministre de l’intérieur, qui réagit pourtant souvent aux écrits et propos des médias.

Les relations avec le PAM. « Nous étions convenus au début du processus électoral d’une méthodologie démocratique. Mais pour l’élection de la Chambre des conseillers, et bien que nous ayons été les premiers, le PAM a présenté son candidat ». Une réponse qui ne veut rien dire, raison pour laquelle le journaliste riposte en citant le porte-parole istiqlalien qui parlait du PAM comme « parti dominateur ». Chabat répond alors que « chacun a sa définition de la domination ».

Son avenir à l’Istiqlal. « Avez-vous l’envie de vous faire réélire à la tête de l’Istiqlal ? ». « Bien entendu, bien sûr… Y a-t-il quelqu’un qui refuserait de diriger ce grand parti ? »… Au moins, c’est clair.

Les accusations portées contre Abdelilah Benkirane sur ses relations avec Daech et le Mossad. « Je ne l’ai jamais accusé, mais j’ai posé une question, demandant une clarification ». Le journaliste demande s’il pourrait penser à s’excuser… « Dans toutes les démocraties, le discours de l’opposition est musclé ! ». Pas de réponse sur des excuses éventuelles…

Et le cas Mohamed Louafa ? « Le cas de Mohamed Louafa n’est pas le même que celui d’Abdelouahed el Fassi. Je ne lui ai pas retiré son appartenance à l’Istiqlal et donc, il devra se conformer au règlement du parti, et j’en discuterai avec lui ». « Devra-t-il démissionner du gouvernement ? ». Réponse de Chabat : « Mais non… de toutes les manières, le gouvernement est en fin de course… ».

L’audience de Mohamed Abdelaziz par Bouteflika. « C’est une chose très naturelle, Bouteflika a reçu son fils. C’est lui qui l’a fait… C’est l’Algérie qui a fait le Polisario… Nous revendiquons toujours Tindouf et à côté, car si nous avions Tindouf, nous n’aurions pas ces dérapages sécuritaires »… Cela n’arrangera pas les relations avec l’Algérie, avec un Etat qui soutient désormais les Kabyles et le chef de l’Istiqlal qui demande une partie du territoire de nos voisins même si, historiquement, cette partie appartenait au Maroc…

Abdelilah Benkirane. (Ton conciliant)… « Il maîtrise beaucoup de choses, il sait y faire en polémique et parle souvent  spontanément, mais il est arrivé à un moment difficile, l’après-2011. Un manque d’expérience a fait qu’il y ait éloignement entre Istiqlal et le PJD. Ssi Benkirane aura laissé son empreinte dans le Maroc de la constitution 2011 ». La réconciliation, c’est pour bientôt alors ?...

En un mot, comme en cent, nous aurons encore droit à Chabat pendant de longues années. Nous aurons encore à entendre et voir ses sorties défiant toute logique. Et les Istiqlaliens ne sont pas encore sortis de leur (long) tunnel, mais il faut dire qu’ils l’auront en quelque sorte voulu car il n’y a pas de relève convaincante parmi les dirigeants qui pourraient prendre la relève de Chabat.

Un homme politique est quelqu’un qui sait reconnaître ses erreurs et ses défaites. Chabat ne le fait pas et se maintient en poste. Ses pairs dirigeants ne le font pas non plus en reconnaissant leur erreur d’avoir soutenu leur SG, et œuvrent à se maintenir à leurs postes actuels. Les plus en vue de ces dirigeants sont craintifs, n’osent pas affronter le chef, appréhendent de bousculer leur CN.

L’ère des Boucetta, des Douiri, des Khalifa et des Louafa est bel et bien révolue… On est passé des mastodontes aux « petits pontes ».

L’Istiqlal y perd, et le Maroc aussi.

AAB

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