Beyrouth… Paris… cessons de croire aux mensonges !, par Hicham Rouzzak

Beyrouth… Paris… cessons de croire aux mensonges !, par Hicham Rouzzak

Il n’y a rien de pire que la sauvagerie que le fait de la justifier… Il n’y a rien de plus abject que le meurtre que de disculper son auteur… Rien n’est plus mauvais que le mensonge que le fait de le croire…

Tous ceux qui cherchent dans leur tête et leur langue, les expressions les plus atténuées pour nous dire que ce qui s’est passé à Beyrouth et Paris n’est qu’une riposte somme toute raisonnable de ce qui se produit ailleurs… justifient la sauvagerie.

Tous ceux qui récusent la solidarité exprimée à l’égard de Paris et des Parisiens au prétexte qu’après tout, on meurt partout dans ce monde, disculpent les auteurs des tueries au Liban et en France.

Tous ceux qui considèrent que le terrorisme n’a rien à voir avec l’islam ne disent que la moitié de la vérité… Ils se mentent donc à eux-mêmes, puis croient à leur mensonge.

Cela fait des décennies entières que nous nous mentons à nous-mêmes et que nous avons transformé cette mystification en vérité absolue à laquelle nous sommes seuls à croire.

L’islam n’est pas une religion de terrorisme, de violence, de tueries et de barbarie, on en convient parfaitement… mais les interprétations et autres exégèses qui en sont faites et ce hold-up qualifié et gigantesque dont l’islam a fait l’objet depuis et pendant des siècles ne sont guère innocents ou fortuits.

Quand l’imam de la Grande Mosquée, au cœur de La Mecque, prêche, devant des milliers de croyants qui le voient et des millions d’autres qui l’écoutent, de toutes les rites, de tous les pays et de toutes les orientations, et que tout ce monde l’entend dire, textuellement : « Nous Te Demandons, ô Dieu, de donner la victoire aux moudjahidine au Yémen, en Syrie, en Irak et partout ailleurs… Accorde-leur la victoire sur les athées « déviants », accorde-leur la victoire sur les félons juifs et les chrétiens envieux, et aussi sur tous les hypocrites sacrilèges… Ô Dieu, apporte-leur Ton aide et renforce leur bras séculier »…

Quand nous entendons toute cette haine qui veut occire indistinctement les chiites, les juifs et les chrétiens, qui veut faire passer de vie à trépas tous ceux qui ne pensent pas comme il se devrait, c’est-à-dire comme les wahhabites le voudraient, sur la base que ces gens sont des profanateurs hypocrites… alors le problème est d’abord et avant tout un problème d’islam.

Quand, chez nous, au Maroc, des voix empruntent les voies de « l’enfer » en utilisant, par exemple, youtube (qui n’est donc pas une invention islamique) pour excommunier à grands coups de vidéos journalistes, politiques et militants de tous bords, n’utilisant pour toute logique et/ou méthodologie de discussion que l’argument du bannissement et du bûcher… quand nous assistons à cela et que, en face, nous ne trouvions aucun « fqih » ou « homme de religion » parmi ceux (auto)proclamés modérés pour condamner et dénoncer ces postures… là aussi, il s’agit d’un problème d’islam.

Quand les sunnites font exploser les mosquées de chiites au nom de l’islam, alors là encore, le problème est celui de l’islam, car l’imam de la Grande Mosquée a quémandé au Créateur la victoire sur les chiites (« les déviants »).

Quand ces vampires, adorateurs de sang, détruisent les plus beaux monuments du patrimoine culturel universel en Syrie et en Irak, et quand d’autres qui ne font pas forcément mieux dynamitent des statues géantes de Bouddha en Afghanistan, alors le problème est là toujours un problème de l’islam.

Quand ces mêmes vampires traînent femmes, filles et fillettes pour en faire commerce dans la halle publique aux esclaves, qu’ils les vendent comme de la vulgaire fourniture… et quand un Etat interdit la conduite automobile aux femmes, ès-qualité, et que cette mesure est prise au nom de l’islam, alors le problème… est un problème d’islam.

Quand « Abou géhenne » (qui se fait appeler Abou Naïm, pour paradis, NDLT) et ses semblables deviennent des références en matière de fatwas de la haine, de l’excommunication et du meurtre, sans que personne ne leur demande des comptes sur leurs appels de violence, alors nous sommes encore et toujours face à un problème de l’islam.

Quand les musulmans estiment de leur droit, qu’ils s’arrogent, de répandre leur religion urbi et orbi et qu’ils dénient sur leurs terres à eux ce même droit aux autres, alors c’est un problème d’islam.

Quand les musulmans se congratulent et s’embrassent avec joie d’avoir pu construire des mosquées au cœur des grandes villes européennes et occidentales mais qu’ils interdisent à leurs immigrés, dans leurs pays, d’avoir serait-ce qu’une minuscule pièce pour célébrer leur foi, alors c’est un problème d’islam.

Quand les musulmans rendent grâce à Dieu...

dès qu’un chrétien ou un juif entrent en islam mais tuent l’un des leurs qui s’est choisi une autre religion… le problème est toujours dans l’islam.

Oui certes, donc, l’islam est une religion de miséricorde, de justice et  des versets fameux « nulle contrainte en religion » et « vous avez votre religion, j’ai la mienne » et tout ce que vous voulez en belles phrases sur les grandes libertés… mais…

… mais, cet islam n’existe plus aujourd’hui… nous ne l’avons pas connu, nous autres gens de nos générations contemporaines. Nous, nous avons ouvert les yeux sur un islam génétiquement modifié, sur un islam dont l’image qui est connue est celle qui se répand dans le monde par les pétrodollars, par une chaîne télé wahhabite et par Qatar et son gaz…

Nous sommes venus en ce monde, avec un islam que ses promoteurs vendent à travers l’idée de la haine pour son prochain… quel que soit ce prochain, dès lors qu’il diffère de leurs personnes et ne pense pas comme eux.

Daech, al-Qaïda, les Taliban… la sauvagerie de ces sauvages ne relève pas comme on pourrait le penser de simples officines terroristes ou d’une religion nouvelle de vampires adorateurs du sang qu’ils versent…

Non… la terreur en cours aujourd’hui est devenue une « culture » qui habite de plus en plus de gens, parmi ceux-là mêmes qui s’en défendent et prétendent le contraire.

En effet… ceux qui ont applaudi, et incité aussi, à la barbarie de certains extrémistes à Inezgane contre deux filles dont la mise vestimentaire ne leur convenait pas ont fait cela au nom de l’islam et des valeurs, puis ont défendu la barbarie au nom de la religion.

Ceux qui ont légitimé le lynchage d’un homme à Fès, par ce qu’il serait homosexuel, l’ont fait au nom de l’islam.

Ceux qui ont applaudi à Nahari alors qu’il prononçait la mise au ban d’un journaliste et qu’il rendait licite l’acte qui ferait couler son sang ont agi encore et encore au nom de l’islam.

Ceux qui glorifient « Abou géhenne » et « cheikh tare » (pour Sar) et bien d’autres le font pour l’islam…

Au nom de cet islam aujourd’hui en vogue.

L’imam de la Grande Mosquée considère les chiites comme des mécréants, les juifs comme ennemis, indique les chrétiens comme des cibles et estime tous ceux qui ne sont pas wahhabites comme hypocrites… et tous les croyants priant derrière lui criaient à l’unisson… Amen.

Ils disaient et répétaient « amen » parce que tout au long des dernières décades, ils n’ont connu que cet islam qui tient les autres, tous les autres, comme des ennemis dont il faut se débarrasser.

Un islam qui hait l’Autre, qui prie pour son anéantissement, qui glorifie le terrorisme qui l’anéantit, qui applaudit aux « éradicateurs » mais, dans le même temps, récuse tout rapprochement entre islam et terrorisme….

… Ceux qui, voici quelques semaines, voulaient amener al-Arifi sur nos terres savaient pertinemment que cet individu « priait Dieu pour la victoire des vampires »  que sont les gens de Daech, et malgré cela, ils ont voulu l’inviter au Maroc… et malgré cela, ils sont les premiers à condamner la barbarie des adorateurs du sang à Paris.

Aujourd’hui, il n’y a plus tellement de choix.

Il nous faudrait simplement décider…

Que nous persistions à croire en un mensonge que nous avons créé, à savoir qu’il n’y a aucune relation entre l’islam et les adorateurs du sang…

Que nous tenions encore à cette théorie du complot qui veut que l’existence même des adorateurs du sang relève de la responsabilité des autres et que ces types n’ont pas été enfantés par nous, par l’islam qui a été piraté et détourné depuis des décennies…

… ou alors, à l’inverse, que nous considérions que cet islam chanté et loué par ces gangsters de la religion est devenu un sérieux et véritable problème.

Que nous admettions en toute simplicité et honnêteté que cet islam qui rejette la différence, qui ne croit pas en la liberté des croyants, qui refuse la coexistence des idées et des différences…

Cet islam qui justifie le meurtre et l’appelle au nom du jihad…

Cet islam qui interdit les droits fondamentaux de l’Homme…

Cet islam qui voit des ennemis ici, là, là-bas, partout et ailleurs, qui considère que tuer les gens est une victoire et une gloire, que les femmes sont un butin, qui use et abuse de la barbarie pour réparer ce qu’il voit comme injustices…

… que cet islam est aujourd’hui un problème…

Pour que l’islam ne soit désormais plus synonyme de terrorisme et de barbarie… il nous faut simplement le récupérer des mains de ces voleurs et que nous considérions que toute autre action est une mystification… et que nous ne devons pas croire en ces mensonges.

Al Ayyam

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