La CDG engage une réflexion sur le rôle des Caisses de Dépôt en Afrique
À l’occasion de l’Africa Financial Summit, organisé les 9 et 10 décembre à Casablanca, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) a tenu une table ronde sous le thème : « Le Modèle des Caisses de Dépôt en Afrique : Mobiliser les ressources financières intérieures pour la croissance et le développement durable ».
Cette rencontre, présidée par Khalid Safir, Directeur Général de la CDG, a réuni plusieurs figures clés du secteur financier africain :
- Mme. Nejia Gharbi, Directrice Générale de la Caisse des Dépôts et Consignations (Tunisie) ;
- M. Marius Issa Nkori, Administrateur Directeur Général de la CDC Gabon ;
- M. Serge Kouao, Conseiller du Directeur Général de CDC-CI Capital (Côte d’Ivoire).
Les discussions ont porté sur le rôle stratégique des Caisses de Dépôt dans la mobilisation des ressources financières locales pour soutenir la croissance économique et le développement durable en Afrique. Les intervenants ont souligné l’importance de ces institutions dans le financement de projets prioritaires, tels que les initiatives climatiques, ainsi que dans l’adoption de modèles innovants pour répondre aux défis économiques et sociaux du continent.
Cette table ronde a permis de mettre en avant les opportunités et les enjeux liés à l’orientation des investissements vers des secteurs à fort impact, confirmant ainsi le rôle des Caisses de Dépôt comme piliers de la finance durable en Afrique.
Selon le directeur général de la CDG, ces caisses dédiées à la gestion de l’épargne domestique à long terme, sont de plus en plus considérées comme des acteurs clés dans le financement des projets d’infrastructure et des initiatives économiques durables en Afrique.
Il s’agit également, selon lui, d’un modèle destiné à accompagner les transitions économiques et environnementales, tout en répondant aux défis posés par la croissance démographique et le développement des infrastructures.
“Les caisses de dépôt jouent un rôle central en centralisant l’épargne nationale, qu’il s’agisse de fonds de retraite, d’épargnes populaires ou de fonds de consignation, pour les investir dans des projets à long terme au service de l’économie nationale”, a affirmé M. Safir.
Il a également souligné que, contrairement aux banques de développement, ces institutions se concentrent principalement sur des ressources locales et se positionnent comme des catalyseurs du financement durable, notamment dans des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables, l’économie verte et les infrastructures essentielles.
En raison de leur gestion autonome, les caisses de dépôt sont idéalement placées pour anticiper et financer des projets ambitieux de transformation, a-t-il ajouté, notant qu’en investissant dans des projets durables, elles contribuent activement à la pérennité des économies africaines, tout en répondant aux besoins croissants en infrastructures, notamment dans les secteurs des transports, des énergies renouvelables et de l’urbanisation.
Pour sa part, Nejia Gharbi, directrice générale de la Caisse de Dépôt et de Consignation (CDC) de Tunisie, a souligné l’engagement de la CDC tunisienne à financer les petites et moyennes entreprises (PME), qui sont au cœur de l’économie tunisienne.
Elle a précisé que la CDC met un accent particulier sur les projets à fort impact, notamment dans le cadre de la transition écologique et énergétique, en créant des fonds dédiés à ces objectifs.
Mme Gharbi a aussi évoqué les défis auxquels l’économie tunisienne est confrontée, tels que les changements géopolitiques, les évolutions réglementaires et les effets du changement climatique, insistant sur l’importance d’une stratégie d’investissement responsable, qui ne se limite pas à la recherche de rendements financiers, mais qui prend également en compte l’impact social et environnemental.
De son côté, Marius Issa Nkori, Administrateur Directeur Général de la CDC du Gabon, a rappelé que le secteur bancaire africain repose souvent sur des ressources à court terme, ce qui pousse les banques à privilégier des investissements à court ou moyen terme, généralement axés sur la rentabilité immédiate.
En revanche, les caisses de dépôt, en s’appuyant sur des ressources à long terme, permettent de financer des projets de grande envergure, en acceptant davantage de risques tout en garantissant des rendements sur le long terme, a-t-il expliqué.
Par ailleurs, M. Nkori a évoqué la place centrale de la transition écologique dans les priorités des caisses de dépôt africaines, affirmant que ces institutions jouent un rôle important dans l’accompagnement des industries dans leur transition énergétique, en finançant des projets verts et en intégrant les critères environnementaux dans leurs décisions d’investissement.
Quant à la structure financière des caisses de dépôt, Serge Kouao Kablan, Conseiller technique du directeur général de la CDC de la Côte d’Ivoire, a précisé que, contrairement aux fonds souverains alimentés par des ressources extraites, les caisses de dépôt se financent essentiellement à partir de l’épargne domestique. Cela leur permet de se concentrer sur des investissements à long terme et de réduire le risque lié aux fluctuations des marchés internationaux.
Et de poursuivre : “Alors que les banques privilégient les financements à court terme via des prêts et des crédits, les caisses de dépôt favorisent le capital, en tant qu’investisseur à long terme”.
Pour les projets nécessitant un horizon temporel plus long, la stratégie d’investissement des caisses de dépôt permet de soutenir des initiatives, notamment dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie et de la gestion des ressources naturelles, a-t-il conclu.