(Billet 645) – En 2022, puissions-nous…

(Billet 645) – En 2022, puissions-nous…

Et voilà donc que 2021 avec ses maux et ses joies, ses acquis et ses manquements, ses vaccins et ses antis, s’est achevée, s’effaçant au profit de sa toute jeune sœur, la nouvelle née 2022. Quoi que l’on en dise, cette année 2021 n’a pas eu que du mauvais, loin de là, et nous pouvons même affirmer que les jalons ont été posés pour un 2022 qui nous placerait, enfin, résolument, sur la voie du développement et, pourquoi pas, de l’engagement, de notre engagement à tous,

Pour cela…

Puissions-nous rejeter au fond de nos esprits notre pessimisme abrutissant sans pour autant verser dans un optimisme béat,

Puissions-nous nous sortir de cette pandémie avec la même réussite que nous avons eue en l’affrontant, et puissions-nous voir les naufragés de cette pandémie reprendre pied,

Puissions-nous, chacun de nous, chacune d’entre nous, faire ce que nous devons sans défaire ce que nous avons,

Puissions-nous voir et avoir enfin un gouvernement qui gouverne, qui assure et qui assume,

Puissions-nous avoir aussi un gouvernement qui, en plus de déployer son savoir-faire, emploie aussi le faire-savoir… qu’il explique, qu’il s’implique, qu’il communique,

Puissions-nous avoir une société qui croit davantage en son pays et qui se montre prête à le soutenir dans ce monde changeant et passablement dangereux qui est le nôtre…

Puissions-nous avoir un parlement avec des membres qui sachent lire et pas seulement s’enrichir, qui puissent légiférer sur ce qui se doit sans différer ce qui ne le doit pas,

Puissions-nous avoir des partis qui ne se départissent pas de leurs obligations sans toujours vouloir prendre le parti du plus fort, ou du plus lucratif,

Puissions-nous, en tant que pays, respecter plus faible que nous et savoir nous faire respecter par plus fort, sans pour autant verser dans un patriotisme de mauvais aloi ou dans une arrogance de mauvais augure,

Puissions-nous avoir, dans nos chaumières, des gens qui ont foi en la loi et pour lesquels la loi fait foi,

Puissions-nous avoir une justice


équitable et juste, une justice qui libère et qui tempère plus qu’elle ne sermonne et n’emprisonne,

Puissions-nous voir les corrompus, surtout les grands, plus dans les prisons que dans les salons, et leurs avoirs en banque ici plutôt qu’en planque ailleurs,

Puissions-nous avoir les femmes moins battues et plus battantes, percutantes et combattantes,

Puissions-nous voir les violents, violeurs et autres harceleurs traqués et arrêtés par les enquêteurs, condamnés et embastillés par les juges et les procureurs,

Puissions-nous avoir une jeunesse qui fait des prouesses, ou du moins essaie, qui soit convaincue de pouvoir vaincre et à laquelle on donne les moyens de ses capacités et aptitudes,

Puissions-nous avoir des entreprises qui croient en Schumpeter et qui ne soient plus dans le gain rapide, la fraude de toute nature et la gestion terre à terre,

Puissions-nous avoir des régions et des communes qui n’aient plus les pensées sur Rabat mais leurs regards sur leurs territoires et sur leurs terroirs,

Puissions-nous placer la religion là où elle doit être, dans les cœurs et les mosquées, éventuellement dans les esprits, mais dans l’esprit de la foi et dans l’esprit de la loi et même des lois,

Puissions-nous mieux éduquer nos enfants car l’éducation, selon Victor Hugo qui n’avait pas toujours tort, c’est nous qui la devons, et puissions-nous mieux les voir et savoir instruits car l’instruction, toujours selon Hugo, c’est l’Etat qui la procure,

Puissions-nous nous s’acquitter de nos impôts sans crier, sans ronchonner ni marmonner,

Puissions-nous mieux nous connaître chez nous pour mieux nous faire connaître auprès des autres,

Puissions-nous nous dire que nous sommes Marocains et pas exclusivement Arabes ou Imazighen ou Andalous ou Hassanis ou Juifs ou Méditerranéens… simplement Marocains, et fiers de l’être,

Puissions-nous relire notre Histoire pour mieux vivre notre présent et convenablement dessiner notre futur,

Puissions-nous, enfin, vivre heureux, en bonne santé, en bonne intelligence avec les autres, de bonne compagnie pour les autres, pour aspirer à la prospérité partagée et au bien-être commun.

Bonne année 2022.

Aziz Boucetta