(Billet 638) – Omicron ou pas, les Marocains bloqués dehors doivent rentrer chez eux !
Et l’Histoire se répète… les vidéos et les témoignages recommencent à affluer, les audios de détresse et les appels au sauvetage submergent encore une fois les réseaux. Des dizaines, des centaines, des milliers ou même des dizaines de milliers de Marocaines et de Marocains sont encore une fois bloqués à l’étranger, dans le silence total des autorités de Rabat.
Les mêmes causes, comme chacun sait, engendrent les mêmes effets… Un communiqué qui surgit de nulle part, annonçant la fermeture des vols en direction du Maroc, et ce sont des légions de personnes condamnées à entamer un processus d’appauvrissement, dans des pays d’accueil qui se transforment en autant d’enfers pour eux.
Le gouvernement, sitôt avisé de l’apparition du variant Omicron, s’est certes légitimement inquiété de voir ses efforts remis en cause et ses acquis mis en danger. Alors il a pris des décisions rédicales, consistant à fermer le pays qui se remet doucement d’un an et demi de crise multidimensionnelle. L’équipe Akhannouch accepte même le risque de voir le secteur du tourisme s’effondrer, pour mieux sauver les autres domaines d’activité.
Mais aujourd’hui, ce que le gouvernement devrait considérer est que ce variant Omicron, présenté comme très contagieux, ne semble justement pas aussi virulent qu’annoncé. Les prévisions le donnent dominant en Europe dans quelques mois, ce qui laisserait le temps de rapatrier nos compatriotes pendant qu’il en est encore temps de le faire. Il suffira de les soumettre à des mesures de dépistage et d’isolement le cas échéant, comme cela a été décidé en Israël et au Japon, seuls pays à s’être fermés au monde. Dans quelques semaines, quelques mois, si la contagiosité de ce variant se confirme, il sera effectivement trop tard pour assurer le retour de toutes ces gens…
L’enjeu est la crédibilité de ce nouveau gouvernement et surtout, avant tout, de la dignité de ces Marocains bloqués à l’étranger, dont on ne mesure pas assez le désarroi et la panique de se voir abandonnés dans des pays qui ne viendront pas à leur secours. Ils sont pourtant prêts à accepter toutes les mesures de précaution qu’on leur indiquerait une fois de retour chez eux, isolement, confinement dans des hôtels, autant de PCR qu’il en faudrait…
La gestion de la pandémie
par le Maroc a été brillante, nul n’en disconvient, tant au niveau de l’anticipation que de l’accompagnement ou du financement, pour les soins et le suivi et aussi pour la vaccination. L’image du Maroc à l’étranger en a été singulièrement rehaussée et la confiance des Marocains en leur Etat renforcée. Pourquoi ruiner tout cela aujourd’hui, et décevoir toutes ces familles qui ont un ou plusieurs de leurs membres à l’étranger ? Le gouvernement a accepté d’assurer le rapatriement des personnes bloquées au Maroc, en assurant des vols spéciaux de départ du Maroc, lesquels vols viennent à vide quand ce sont des compagnies étrangères qui les programment, et reviennent tout aussi vides quand c’est la Royal Air Maroc qui est à la manœuvre. Pourquoi cette double peine pour nos ressortissants à l’extérieur ?
Personne ne répond à cette question ! Ni le porte-parole du gouvernement Mustapha Baitas qui semble désarmé face à une question qui le dépasse, ni même le chef du gouvernement qui ne dit mot, enfermé dans son bureau et aussi dans son mutisme, ne parlant pas du tourisme au bord de l’effondrement, ne s’exprimant pas à l’adresse de ses compatriotes bloqués à l’étranger au bord de la crise de nerfs.
Avec ses nouvelles alliances et ses nombreux front ouverts à l’étranger, quoi de plus mauvais que de laisser ses ressortissants errer dans les rues dans d’autres pays, désargentés, désespérés, décontenancés, déprimés ? Pour cette nouvelle équipe gouvernementale qui s’installe et qui a le génie de multiplier les bévues pour des décisions pourtant bonnes, cette affaire pourrait être celle de trop.
Le Maroc a prouvé ces dernières années qu’il était capable du meilleur. Il ne doit pas donner raison à ce haut responsable américain qui avait dit de nous voici quelques années que nous sommes en mesure de faire de grandes choses et que, tous seuls, sans que rien ne le laisse présager, nous sommes aussi capables de tout détruire par inconséquence et/ou incohérence.
Nous nous voulons influents ? Fort bien, alors ne nous laissons pas aller à ce genre de décisions malencontreuses. Gérer une pandémie n’est certes pas facile, mais rapatrier des compatriotes en détresse n’est pas si difficile, si tant est qu’on se donne la peine d’y réfléchir et d’organiser l’opération.
Aziz Boucetta