Food Safety Culture : Une approche pour promouvoir l’agroalimentaire marocaine
L'importance et la nécessité d’instaurer une culture de la sécurité des aliments au Maroc ont été mises en avant, Jeudi 23 septembre à Casablanca, lors de la conférence débat sous le thème “Food Safety Culture: défis majeurs et responsabilités des dirigeants”.
La Food Safety Culture est un ensemble de valeurs, de croyances, de manière de faire et de penser, largement partagées par les acteurs de l'entreprise à propos de la maitrise des risques liés à la sécurité des aliments. Elle représente l’un des fondements indispensables sur lesquels doit s'appuyer tout système de Management de la sécurité des aliments, afin d'en assurer la pérennité.
Co-organisée par Eurofins Food Assurance et Kortbi Consulting en partenariat avec la Fédération Nationale de l’Agroalimentaire (Fenagri) et le Club des Dirigeants (CDD), la conférence a connu la participation d’un panel constitué d’intervenants de grand calibre, notamment Mme Aicha Kortbi, Directrice générale de Kortbi Consulting et Fayçal Bellatif, Directeur Général d’Eurofins Food Assurance, Said Moudafi, Président de l'AMB et administrateur de la Fenagri, Mohammed Fikrat, PDG de Cosumar, M. Abdelghni Azzi, Directeur de contrôle des produits alimentaires à l’ONSSA, Mme. Dimitriadis, Head of standard management à IFS, M. Mhammed El Oultiti, Président de Copag et Rachid Benali, Président d’Interprolive.
Un levier indispensable de la santé publique
Le commerce mondial agroalimentaire enregistre des transactions qui atteignent 255 Milliards de dollars. Les toxi-infections alimentaires génèrent 600 millions de malades chaque année. Le manque à gagner pour les pays à revenus intermédiaires s’élève à 110 Milliards de dollars (pertes de productivité, dépenses de santé). Avec des dépenses en matière de certification s’élevant à peine à 750 millions d’Euros, “même en Europe Occidentale près de 80% des entreprises ne sont pas certifiées. les progrès dans ce sens restent à faire”, assure le directeur général d’Eurofins Food Assurance, Fayçal Bellatif en introduction pour poser le contexte.
Au Maroc, le secteur agricole et agroalimentaire représente l’équivalent de 20% du PIB du Royaume.
La question de la sécurité des aliments s’impose dans le paysage de l’industrie de l’agro-alimentaire comme une problématique majeur. L’importance qu’elle revêt se dévoile dans la capacité des industriels à servir au consommateur marocain des produits sains et intègres, et ainsi contribuer à l’amélioration de la santé publique.
Pour arriver à garantir un tel niveau de sécurité, les entreprises doivent se conformer, au-delà de la réglementation, aux normes internationales les plus exigeantes (IFS, BRC ou GLOBALG.A.P. notamment), elles-mêmes benchmarkées par la GFSI (Global Food Safety Initiative). Le respect de ces normes étant un prérequis à la commercialisation des produits d’alimentation en Occident. Les dernières éditions de ces normes comprennent désormais l’exigence pour les entreprises de démontrer l’instauration d’une culture de sécurité des aliments. Cette disposition qui peut sembler anodine, relève en fait du projet d’envergure à multiples composantes : sociale, industrielle et de gouvernance. « Les employés à tous les niveaux font les bonnes choses même quand ils pensent que personne ne regarde, serait un indicateur ultime qui démontrerait là l’instauration d’une bonne culture de sécurité des aliments », a résumé Fayçal
Bellatif.
La “Food Safety Culture” doit être portée par le Top-management
Lors de son intervention, Mme Kortbi a quant à elle braqué les projecteurs sur la mise en œuvre opérationnelle de la culture de la sécurité alimentaire. Elle a souligné que “La Food Safety culture est un projet qui doit s'inscrire sur le long terme dans le cadre du renforcement de la culture de l'entreprise. Les exploitants du secteur alimentaire devront mettre en place et maintenir une culture de la sécurité alimentaire appropriée et en apporter la preuve ”.
Pour parvenir à instaurer la culture de sécurité alimentaire et en faire une priorité de l’entreprise marocaine, la volonté de la direction est une condition sine qua non. Adopter une telle dynamique et l’inoculer à tous les niveaux de l’organisme permettra aux entreprises marocaines non seulement de gagner en qualité et de s’aligner avec les normes GFSI, mais également de se construire une identité basée sur la valeur de la responsabilité, à l’égard du consommateur.
En outre, tous les acteurs devront être responsabilisés et prendre part au mouvement, grâce à une communication claire et une sensibilisation sur les dangers et risques que peut engendrer le non-respect des normes de la sécurité alimentaire, en s’assurant de la cohérence entre volonté et réalité et en déployant les moyens à même de mener le projet à bon port.
Le groupe Cosumar en est un exemple vivant, assure son Président, M. Mohammed Fikrat : “Nous sommes engagés envers nos clients, agriculteurs, et tous nos partenaires à respecter nos obligations en termes de qualité de produits, d’approvisionnement du marché, de sécurité et de préservation des ressources naturelles”. Le PDG de Cosumar a insisté sur “l’importance d’agir en responsable et dans le respect des normes de la sécurité alimentaire, pour garantir une qualité optimale des produits alimentaires”.
Le consommateur : Acteur essentiel dans l’instauration de la Food Safety Culture
Les risques potentiels qu’encourent les consommateurs confrontés à une mauvaise alimentation ne sont pas à banaliser. Le constat est indiscutable : “Les incidents de sécurité alimentaire ne décroissent pas, la sévérité des incidents augmente et le grand fléau qu’est la fraude (adultération, substitution, …) induit plusieurs problèmes de sécurité alimentaire”, insiste Fayçal Bellatif.
Mais encore, face à ce bilan “les assureurs n’assurent pas les contaminations car le risque estimé est élevé et les réglementations tardent à se mettre à jour”, affirme-t-il. Une déclaration appuyée par Abdelghni Azzi, Directeur de contrôle des produits alimentaires à l’ONSSA, qui après avoir exposé l’approche des contrôles menés par l’Office et son niveau d’intervention, a préconisé de donner plus de prérogatives à l’ONSSA.
Dans ce contexte, “le consommateur doit prendre conscience de l’importance de la sécurité alimentaire”, a souligné Rachid Benali, Président d’Interprolive. Selon lui, la communication, la sensibilisation et l’éducation à la consommation doivent prendre une teneur beaucoup plus importante, afin d’inviter le citoyen lambda à consommer de manière saine et ainsi paralyser l’activité informelle de certains circuits de producteurs qui nuisent à la qualité et à la sécurité des aliments.