Mardis du PCNS :« Épisode spécial 2: Réflexions sur le nouveau modèle de développement »

Mardis du PCNS :« Épisode spécial 2: Réflexions sur le nouveau modèle de développement »

Le programme hebdomadaire du Policy Center for the New South, ‘‘Les Mardis du PCNS’’ a produit une deuxième édition spéciale ce 15 juin 2021 intitulée « Réflexions sur le nouveau modèle de développement ». Imane Lahrich, responsable des programmes, a axé les échanges cette fois-ci sur l’aspect socio-économique du rapport de la Commission chargée de ce projet et sur ses principales dispositions concernant les secteurs de la santé, de l’éducation et du tourisme ainsi que la transformation structurelle de l’économie nationale, en plus de la question du genre et des mécanismes de suivi des conclusions de ce nouveau modèle de développement.

Ont participé au débat, Larabi Jaïdi, membre de la Commission sur le modèle de développement et Nouzha Chekrouni, Senior Fellow au PCNS.

Au début, Larabi Jaïdi a indiqué que le diagnostic effectué par la commission chargée du nouveau modèle de développement à propos de la situation économique actuelle du pays a confirmé qu’il était devenu indispensable de procéder à des transformations structurelles et de fond, surtout que le rythme de la croissance économique enregistré par la Maroc ces dernières années reste lent. A cet égard, l’expert économique a expliqué d’une part que la commission a fait appel à la modernisation de l’économie en y intégrant les activités économiques traditionnelles et informelles afin d’accélérer le rythme de la croissance économique. La commission a, d’autre part, souligné la nécessité de diversifier les secteurs de l’activité économique en vue de libérer les énergies et les potentialités dont disposent certains secteurs mais qui ne bénéficient pas du soutien nécessaire. Larabi Jaïdi a également souligné que l’incitation à l’innovation, la suppression des restrictions qui pèsent sur l’initiative et la promotion de la coopération entre l’investissement privé et public ainsi que l’augmentation de la valeur ajoutée de la production marocaine sont autant de facteurs essentiels qui doivent être exploités ou repensés pour assurer le développement de l’économie nationale. S’agissant du secteur du tourisme et du choc auquel ce secteur a été soumis en raison de la pandémie, Larabi Jaïdi a indiqué que la conjoncture actuelle nécessite de reconsidérer la structure et les orientations de ce secteur et de réfléchir à une politique de développement différente soucieuse de le moderniser et de le rendre plus rentable dans les années à venir.

Pour sa part, Nouzha Chekrouni a présenté sa propre lecture du rapport de la Commission sur le nouveau modèle de développement concernant les secteurs de l’éducation et de la santé.

La Senior Fellow du PCNS a ainsi souligné que l’école est au cœur des défis du développement de la société et de la construction du Maroc de demain, expliquant que le secteur de l’éducation doit pouvoir donner naissance à une école capable de répondre aux besoins de formation de citoyens dotés de hautes compétences. Nouzha Chekrouni a par ailleurs salué le fait que le rapport ait insisté sur la nécessité de produire un référentiel basé sur l’identité marocaine et de créer une agence qui rassemble les corps enseignants et les familles marocaines dans le but de promouvoir prioritairement le processus participatif sur lequel est basé le nouveau modèle de développement et contribuer ainsi à réduire les disparités sociales.

Concernant le volet de la santé dans le nouveau modèle de développement, les invités ont tous deux souligné l’intérêt du diagnostic


établi et les recommandations formulées qui visent principalement à renforcer les infrastructures de ce secteur et à relever le niveau des services de santé au Maroc, en rappelant les efforts déployés actuellement pour mettre en œuvre le projet de généralisation de la couverture sociale dans sa dimension sanitaire. À ce sujet, Larabi Jaïdi a indiqué que le Maroc souffre de l’absence d’une carte sanitaire qui pourrait identifier les points faibles des infrastructures et des mécanismes de base afin d’être en mesure de fournir des services de santé qui tiennent compte des disparités entre les régions et entre les milieux rural et urbain. Réagissant à ce sujet, Nouzha Chekrouni a rappelé que la santé ne se limite pas à l’hôpital, mais qu’elle concerne plusieurs autres aspects qui exigent une meilleure coordination et une bonne gouvernance susceptible d’aider le Maroc à mettre en place un système de santé solide capable de faire face à la pandémie et aux défis similaires à venir.

Imane Lahrich a ensuite orienté les échanges vers la discussion de la question du genre et de son rôle de levier dans tous les secteurs évoqués. En résumé, Nouzha Chekrouni a accentué l’importance de la participation économique des femmes en particulier dans la conjoncture actuelle, relevant toutefois l’incapacité du nouveau modèle de développement de préconiser des solutions alternatives aux principales questions qui préoccupent les femmes marocaines telles que le mariage des mineures, la question de l’héritage... Elle a ainsi souligné que le nouveau modèle de développement s’est limité à recommander la poursuite d’un dialogue paisible entre les institutions concernées et les acteurs de la société civile. Larabi Jaïdi a répondu à ce propos que les problématiques essentielles liées à la question des femmes n’ont pas été traitées avec suffisamment d’audace au sein de la commission et, à son tour, il a appelé à réexaminer ces questions qui empêchent la réalisation de l’équité et de l’égalité entre les hommes et les femmes au sein de la société.

Poursuivant le débat, Imane Lahrich a posé la question de savoir si le rapport de la commission a élaboré des indicateurs pour accompagner le processus de mise en œuvre du nouveau modèle de développement à l’horizon 2035. En réponse, Larabi Jaïdi a souligné que le rapport a formulé une quinzaine d’indicateurs dans les différents domaines. Mais, de son point de vue, ces indicateurs se rapportent uniquement aux objectifs qualitatifs ou quantitatifs escomptés et ne sont pas en mesure de prévoir les vicissitudes que le monde pourrait connaître.

En conclusion, Nouzha Chekrouni a souligné l’importance de poursuivre l’approche participative préconisée par le projet du nouveau modèle de développement et la nécessité de redonner confiance, de bien communiquer l’information à chaque citoyen et citoyenne à travers un dialogue permanent, de permettre au citoyen et à la société marocaine de s’approprier les principes et orientations de ce projet et de forger la responsabilité commune dans sa mise en œuvre. De son côté, Larabi Jaïdi estime que le Pacte national pour le développement requiert un engagement moral vis-à-vis des objectifs proposés et la mise en place de mécanismes de mise en œuvre et d’une stratégie de suivi des programmes et des propositions figurant dans le rapport de la commission sur le nouveau modèle de développement.