(Billet 485) – Stop #Stop490 !

(Billet 485) – Stop #Stop490 !

Un texte de loi, c’est fait en principe pour être respecté, mais aussi pour être amendé, ou même abrogé… Pour cela, il existe des moyens, et la loi marocaine procure bien des moyens pour cela, en plus des moyens détournés, qu’est par exemple le lobbying. Mais une loi, cela reflète également le positionnement ou l’état d’esprit d’une société, et dans ce sens, elle peut connaître quelques difficultés à être amendée. Comme l’article 490 du Code pénal…

Que dit cet article ? Des sottises. « Sont punies de l'emprisonnement d'un mois à un an, toutes personnes de sexe différent qui, n'étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles »… En gros, faire l’amour est interdit en dehors des liens sacrés du mariage. C’est un peu comme dire que dans l’esprit du législateur qui a fait cet article 490, et aux yeux de tous les législateurs et gouvernants qui l’ont suivi, l’attirance sexuelle (si nécessaire à la perpétuation de l’espèce) sera freinée par le coup de braguette magique du Code pénal marocain. On conviendra de l’absurdité de l’hypothèse.

Les Marocains aiment les Marocaines et inversement. Il existe aussi des Marocains qui en aiment d’autres et des Marocaines qui chérissent leurs prochaines. Et tout ce monde se livre aux amours charnelles, sous l’œil inquisiteur du législateur, avec une épée de la justice accrochée au baldaquin. Tout le monde le sait, tout le monde en convient mais tout le monde se satisfait de cet article et de son maintien.

Comment changer les choses alors ? Avec beaucoup de tact et de finesse, car vous trouverez encore, et en nombre, les gens qui vous diront que le « zina », ce n’est pas bien, ou qui vous interrogeront, l’œil soupçonneux et l’index menaçant « aimeriez-vous que votre sœur couche ? »… La société marocaine est conservatrice, et à ce titre, n’est pas contre le changement, mais contre le changement brutal.  Aujourd’hui, qui est cet être insensé qui oserait dire et soutenir que toute relation charnelle, sexuelle, au Maroc se...

produit après des dues épousailles ?

Depuis les années 1990, la société civile – médias, associations, militants… – combat cet article liberticide et se bat pour le changer. Mais rien n’y fait… Pour quelle raison ? Le Maroc est un vieux pays et un vieux, ça bouge lentement. Et c’est sur ces entrefaites que surgit ce qu’on appelle le « Mouvement Hors-la-loi », ces gens qui avaient avec opportunité (et un zeste d’opportunisme) pris la défense de Hajar Raïssouni quand, en septembre 2019, elle avait été arrêtée pour avortement illégal et relations sexuelles hors mariage.

La presse de France, de Navarre et d’ailleurs avait colériquement pris le relais et c’est selon elle grâce à ce mouvement autoproclamé illégal que la jeune femme aurait été graciée par le roi. Grossière erreur. La grâce est intervenue, non suite à l’agitation hors-sol (dans les deux sens du terme) des 490iens, mais bel et bien en réponse à l’irrésistible levée de boucliers sociale et surtout à l’irrépressible tollé médiatique soulevés par la condamnation de la jeune femme et de son fiancé.

Aujourd’hui, l’affaire de « Moulat lkhimar », trahie par un « himar » qui a enregistré et diffusé leurs ébats, fait ressortir les 490iens de leurs retraites parisiennes. Et ils desserviront, encore une fois, la cause de l’abrogation du 490 et même des autres articles liberticides (homosexualité et adultère), n’ayant même pas été en mesure de recueillir 5.000 signatures pour déposer une pétition législative au parlement en 2019.

Cette question de l’abrogation des articles qui interdisent le droit fondamental d’user de son corps doit être menée au sein des institutions, au moyen de la loi, en se fondant sur les lobbies, en militant sereinement, sans hallebardes… les jeunes et moins jeunes s’aiment dans ce pays, le roi a gracié Hajar, Moulat lkhimar » a été condamnée à « seulement » un mois de prison, et ce pays évolue à sa vitesse.

Laissons le temps au temps et aux vrais militants des droits pour faire convenablement les choses et, dans l’attente, aimons-nous les uns les autres !

Aziz Boucetta