(Billet 457) – Les fêtes de la fin damnée 2020

(Billet 457) – Les fêtes de la fin damnée 2020

« Errare humanum est, perseverare diabolicum », ou l'erreur est humaine, mais y persévérer est diabolique. On ne sait pas trop si c’est Sénèque ou Cicéron qui a suggéré l’idée de cette célèbre maxime, mais on sait que le gouvernement Elotmani a acquis une certaine science pour la confirmer. Après sa calamiteuse décision de ne rien décider pour l’Aïd al-Kébir, il semblerait que la même histoire se répète pour les fêtes de fin d’année.

Après un an de doutes pour les uns et de banqueroutes pour tant d’autres, il est tout à fait naturel que les gens en phase ascensionnelle de dépit et de dépression aspirent à mieux respirer et veuillent fêter dignement la fin de cette effroyable année 2020. Les gens sont en vacances, on ne sent pas trop une activité débordante… comme à chaque fin d’année.

Du point de vue des hôteliers, la résignation est là ; les patrons d’établissement et leurs responsables corporatistes parlent de non-événement car, finalement, les gens ont fini par comprendre que les rassemblements serrés d’effectifs importants est une chose dangereuse pour la santé. Mais le passage d’une année à l’autre, ce ne sont pas uniquement les agapes plus ou moins bien éthyliques dans des lieux où la pénombre règne… Ce sont aussi des voyages familiaux, des escapades entre amis, des réunions d’amis ou des retrouvailles d’anciens amis.

Et bien, tout ce monde-là est dans le flou le plus fou. Or, Albert Einstein disait que « la folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent ». Le gouvernement, à son habitude, se tait… Selon certains médias, les hôteliers auraient été contactés par « les autorités » qui leur auraient dit que, globalement, tout est interdit. D’autres médias rapportent que la DGSN aurait avisé les walis et autres gouverneurs que rien ne se passerait cette nuit-là du 31 décembre… Le conditionnel est de mise en l’absence d’un communiqué officiel. Il y en...

a eu des dizaines, cette année, pourquoi pas un de plus, un vari communiqué carré avec cachet rond ?

Comme pour l’aïd el-kébir, on ne sait trop ce que vont décider nos si indécis décideurs. Les réjouissances pour le changement d’année est une fête universelle, qui se célèbre partout. Retrouvailles en famille ou ripailles entre amis, ou les deux, fête jusqu’à l’aube, rires et réjouissances, danse et bombance au menu... Si le passage du 31 décembre au 1er janvier n’était pas si important, on n’accorderait pas le 1er janvier comme jour chômé et férié.

Les gens voudraient donc bien penser à ce qu’ils vont faire, et le prévoir, les professionnels aimeraient bien connaître leur sort pour cette soirée pour eux souvent lucrative, et les orchestres, et les traiteurs, et les autres… Mais le gouvernement ne pipe mot, poursuivant sur son mutisme il est vrai de plus en plus préoccupant.

Alors, comme cela s’est passé avant, en juillet, et en l’absence de toute bonne raison que cela se passe différemment, en décembre, les gens supputent, spéculent, la rumeur s’insinue, puis s’installe dans les esprits, devenant info, suscitant commentaires… de la perte de temps et d’énergie que l’Etat devrait dissiper en publiant un communiqué. Mais il faut oser ! Fête à mille feux ou couvre-feu, ou entre les deux, il faut le dire… car les gens attendent et s’attendent à la seule décision logique qui soit : rester chez soi.

Ailleurs, dans notre voisinage immédiat, les Etats reconfinent, partiellement ou totalement, sur tout le territoire ou sur une partie seulement et surtout… et voilà que nos nouveaux amis anglais viennent de trouver ce qui serait une nouvelle souche du virus, plutôt inconnue, potentiellement plus virulente…

Ministères du Tourisme, de l’Intérieur, des Transports, des Finances, et d’autres encore sont concernés par ce moment si particulier de l’année. Leurs chefs devraient oser causer sur les jours prochains au lieu de continuer de gloser sur « la résilience » du Maroc !

Aziz Boucetta