(Billet 445) – Les Huit sont-ils vraiment convaincants ?

(Billet 445) – Les Huit sont-ils vraiment convaincants ?

Ils sont huit, posant devant le contraste des couleurs pastel du sable et du ciel, air avantageux et posture importante, portant masques (enfin, presque tous…), le regard au loin… Ils se sont déplacés « sur site », pour situer les choses, pour s’enquérir de visu, pour superviser le travail et s’assurer qu’il a été bien fait… Les huit sont les chefs des partis principaux du pays et qui, à défaut de proposer, s’en sont allés poser. A défaut du G8, incroyablement riche, ce G8 local est incroyable tout court.

Dans l’ordre, de gauche à droite, les Très Honorables Messieurs Aziz Akhannouch, Mohand Laenser, Nizar Baraka, Saadeddine Elotmani, Abdellatif Ouahbi, Nabil Benabdallah, Mohamed Sajid et Driss Lachgar. Inutile de préciser les partis qu’ils cheffent car soit on le sait, et c’est tant mieux, soit on l’ignore et c’est tant pis. Alors, que sont-ils allés faire au sud du royaume, à Guergarate plus précisément ? On s’en doute.

Mais disons-le quand même : ils sont allés montrer leur engagement « derrière Sa Majesté le Roi » dans sa gestion de l’affaire du Sahara. C’est cela, la com… de la com des années 70… mais qu’à cela ne tienne, car l’important, c’est la pose, l’important. Et pourtant… Les initiateurs de cette opération peu utile auraient tout simplement pu aller jeter un œil sur les réseaux, pour voir l’admirable unanimité des Marocains à saluer la très professionnelle et efficace intervention de leur armée.

De la fierté dans le soutien aux soldats, de la retenue dans les attaques contre notre remuant voisin et ses créatures, de l’humour dans le commentaire et de la bonne humeur dans l’ensemble. Les Marocains(e)s ont montré leur engagement, directement, sans passer par des chefs de partis depuis longtemps démonétisés. Puis la diplomatie a repris la politique avec ses moyens classiques : un nombre impressionnant de pays ont salué l’initiative des FAR et apprécié la retenue d’une armée qui aurait pu tuer mais qui s’est contenté...

de disperser et de dégager.

Les partis politiques, eux, sont restés fidèles à leur posture habituelle : l’applaudissement bruyant et le Verbe tonitruant. Et en dépit de cela, ils sont restés inaudibles, les populations n’ayant d’yeux que pour leur armée… L’armée est saluée et très appréciée dans les rues de nos villes pour aider éventuellement, par la dissuasion, à faire respecter les mesures sanitaires, l’armée dans nos rues, depuis plus longtemps, pour protéger contre les tueurs de Daech… et aujourd’hui, l’armée dans son rôle classique et premier de défense des frontières et des intérêts supérieurs de la nation.

Alors pourquoi les chefs de partis ? Ils n’auront pas réussi à drainer, à séduire, plus de 1% des jeunes de 15 à 34 ans (qui représentent pourtant le tiers de la population, soit plus de 10 millions de personnes). Et pour la population totale, hormis les chiffres fantaisistes des partis qui annoncent de mirifiques et très peu crédibles dizaines de milliers d’adhérents, les gens en stress n’adhèrent pas en meute à nos partis en strass.

Les chefs de partis ont conjointement signé une déclaration, se sont transportés sur les lieux, ont multiplié les réunions de leurs politburos, mais ce n’est certainement pas cela qui a massivement mobilisé les Marocain(e)s derrière leurs soldats. Et au final, cette question du Sahara se trouve gérée par le roi pour les grandes décisions stratégiques, Nasser Bourita pour l’action diplomatique et la communication publique, le ministère de l’Intérieur au besoin et l’armée en cas de besoin et, bien évidemment, la population pour assurer et montrer le fondement populaire, très largement populaire, de cette question.

Il était inutile que nos huit amis se déplacent sur place. La seule chose utile dans un tel acte est de démontrer que cette forme de communication passéiste est révolue et gagnerait à être abandonnée. La « communauté internationale » est bien plus regardante sur la vox populi que sur des politiciens populistes.

Aziz Boucetta