(Billet 431) – Le SaHara Kiri du Polisario

(Billet 431) – Le SaHara Kiri du Polisario

Le monde change autour de nous à grande vitesse, des paradigmes jusque-là inconnus apparaissent et des règles nouvelles s’imposent. Au Sahara, le Polisario, porté et supporté par l’Etat algérien, poursuit sur sa voie habituelle de blocage et de déni. Sauf que les deux n’ont pas compris que tout est économique aujourd’hui, et que les intérêts politiques se mesurent à l’aune des réalités économiques.

Le Conseil de Sécurité de l’ONU est peuplé de 15 nations, représentées par des gens polis au langage feutré, et quand ils s’expriment, c’est pour dire en termes fleuris ce qu’ils conçoivent généralement en pensées plus musclées. La dernière résolution du Conseil sur le Sahara s’inscrit dans cette logique, accentuant significativement une pression qui ne dit pas son nom sur le pouvoir algérien.

Depuis quelques années, et à son corps défendant, l’Algérie est en effet citée comme partie prenante dans ce conflit, de même que le Maroc, la Mauritanie et le Polisario et depuis quelques années aussi, l’ONU insiste pour que ce différend relève de la seule autorité des Nations Unies. De plus, le Conseil de Sécurité s’inquiète encore une fois de la situation des gens à Tindouf et demande encore une fois à les recenser.

Cette année est cependant particulière. L’Oncle Sam bataillait pour bouter l’Oncle Donald hors de la Maison Blanche, et en Algérie, Abdelaziz Bouteflika est parti, et le général Gaïd Salah est mort, remplacé par le général Chengriha qui désignait récemment encore le Maroc comme pays ennemi. Dans l’intervalle, le président Abdelmajid Tebboune a disparu corps, âme et Covid en Allemagne et le vide institutionnel et constitutionnel se creuse et s’aggrave. Quant au Polisario, il a planté quelques tentes à Guergarate et déclare à qui veut encore l’entendre qu’il s’y implantera davantage, quitte à en découdre avec le Maroc !

Or, « it’s the economy, stupid », lançait en 1992 Bill Clinton à son challenger George Bush. Tout est économie, et cela remonte à la nuit des temps. Alors, pendant qu’Algériens officiels et Polisariens artificiels multiplient les rodomontades et persistent à aller à contre-courant de l’Histoire, le Maroc...

se fonde sur l’économie, multipliant les investissements et les grosses réalisations sur son territoire que lui disputent un groupe de gens hirsutes, emmenés par leurs discours idéologiques surannés des années 60.

Pendant ce temps-là, le Maroc à injecté 8 milliards de dollars dans les trois provinces sud, s’est lancé dans la construction d’une voie expresse de 1.000 kilomètres, a entrepris la construction du grand port de Dakhla, et a signé à tour de bras des partenariats avec des puissances étrangères, incluant clairement le Sahara que les voisins insistent à qualifier d’occidental, ce qu’il est indéniablement sur le plan géographique, en étant en plus marocain sur le plan territorial.

Pour sa part, et alors que l’ONU appelle à libérer le trafic dans la région de Guergarate, le roi Mohammed VI, dans son dernier discours, a dit ceci : « C’est avec la dernière vigueur et la plus grande fermeté (que le Maroc) s’opposera aux abus cherchant à porter atteinte à la sécurité et à la stabilité de ses Provinces du Sud (…). Nous sommes persuadé que les Nations Unies et la Minurso continueront à remplir leur devoir en veillant à préserver le cessez-le feu dans la zone ». A prendre le risque de rester et de s’incruster sur un sol qui n’est pas sien, le Polisario s’expose à une riposte militaire marocaine, légale aux yeux de la communauté internationale, et c’est le sens de cette phrase du roi. Les séparatistes seraient-ils tentés par un hara-kiri collectif ?

Alors ? Alors, on attend… Les résolutions du Conseil de Sécurité sont de plus en plus des copiés-collés des précédentes, et tout ajout vient en affaiblissement des positions des adversaires. Le monde en général, et l’Afrique en particulier, se rangent de plus en plus aux arguments marocains car aucun être sensé ne peut imaginer une seule seconde que le Maroc reculera sur cette question.

Alors ? Alors attendons que les Algériens décident, enfin, de voir les réalités géopolitiques et géoéconomiques en face, et optent finalement pour la solution la plus logique, celle d’un véritable Maghreb des peuples et de l’économie.

Aziz Boucetta