(Billet 426) – Ce gouvernement SAPe-t-il l’idée de démocratie ?

(Billet 426) – Ce gouvernement SAPe-t-il l’idée de démocratie ?

Au risque de lasser, il est important de revenir sur notre chose politique, alors que nous entamons la dernière ligne droite avant les élections dites générales de 2021… Faisons un simple rappel pour celles et ceux qui défendent l’idée de démocratie et le principe du pluralisme politique : dans ce gouvernement autoproclamé des compétences, 9 ministres sont SAP, et sapent ce faisant toute approche pluralo-démocratique.

Que veut dire SAP ? C’est selon l’angle où l’on se situe. « Sans appartenance politique », ou peut-être « Système Anti-Parlementaire », ou encore Sans Ame Partisane, ce qui serait plus juste… car comment expliquer qu’un individu « sans appartenance politique » puisse siéger au plus haut niveau de la responsabilité politique ?

Neuf donc, de nos ministres, ne « militent » pas dans un parti, les autres non plus d’ailleurs (à l’exception des gens du PJD), mais cela est une autre affaire… Les « neuf » s’occupent de l’Intérieur, des Affaires étrangères, des Habous, de Santé, du Secrétariat général du gouvernement, de l’Armée, en plus des trois ministres délégués, mais absolument pas relégués, aux AE, à l’Intérieur et à l’Enseignement supérieur.

Fort bien, mais cela a déjà été dit, et ceux qui s’en préoccupent encore le savent pertinemment... Sauf que la crise Covid s’est invitée dans l’intervalle, qui a montré que moult membres du gouvernement, supposés partisans, ne le sont finalement pas, et que ceux qui le sont, à plus ou moins faible intensité, ne font rien, ou n’ont rien fait durant cette pandémie, brillant par leur coupable absence.

Et avec cette crise, le décompte réel des ministres partisans apparaît dans toute sa clarté et la technocratie dans toute sa splendeur, et le RNI comme parti des cadres et autres compétences au « sang bleu » s’affiche dans toute sa superficialité. Ainsi, peut-on valablement considérer que M. Mohamed Benchaâboune appartient effectivement au RNI ? Doit-on sérieusement penser que Moulay Hafid Elalamy relève...

du même RNI ? Qui soutiendrait sans rire ni même sourire que Nadia Fettah Alaoui soit réellement membre du RNI ?

Quant à Saaïd Amzazi, l’homme qui sillonne le pays par monts et par vaux et qui défend héroïquement des décisions qu’il n’a pas spécialement prises lui-même, quelle drôle d’idée de lui accoler l’étiquette du Mouvement populaire ? S’il en avait vraiment été membre, il aurait été moins entreprenant…

Et au final, au total, nous avons pas moins de 13 ministres ne relevant véritablement d’aucun parti, dans un gouvernement de compétences peut-être, mais très certainement pas d’appartenance. Alors soyons heureux et optimistes, il existe dans ce pays au moins 9 ministres politiques qui dirigent des départements d’importance. Or, à bien scruter les choses, même pas… ces neuf départements sont figés par les « 3S », les Secrétaires généraux, le Système et le Silence. Là où les premiers ne sévissent pas, le second pèse, alors que le troisième règne sans partage dans les arcanes de l’Administration.

Alors comment et pourquoi diantre tous ces cris poussés par les puristes de la démocratie sur l’absolu besoin d’élections et l’impérieuse nécessité de les tenir à leur date convenue ? Par quel miracle divin des ministres dits politiques, dissous dans la grande famille de l’Administration et soigneusement cadrés et encadrés par des technocrates droits comme des I et splendides comme un fond marin pourraient-ils valablement mener leurs missions ? Et de quelles missions au demeurant s’agira-t-il en 2021, quand le Maroc aura, peut-être, fini de plonger en raison de la crise, que sa croissance risquera de se trouver et de se stabiliser sur la barre horizontale du L et qu’une feuille de route nommée « Modèle de développement » sera brandie à la face de nos malheureux futurs ministres ?

Mais votons quand même, cela sera toujours un souvenir à raconter à nos enfants et petits-enfants incrédules…

Aziz Boucetta