Covid-19 : Plus de 254 000 personnes ont développé des anticorps

Au cours de la période mars à août 2020, 0,7% soit 254 100 personnes, étaient en contact avec des personnes infectées au coronavirus d’après les résultats préliminaires d'une enquête «Étude de séroprévalence» du ministère de la Santé et dont les résultats ont été publiés dans un communiqué de presse officiel (voir dessous).

L'échantillon recueilli est assez important et comprend 85 000 personnes. Mais les éventuels biais statistiques n'ont pas été corrigés car ce sont des donneurs de sang. En conséquence, il s'agissait généralement de personnes adultes, urbaines et en bonne santé.

Des tests sérologiques ont été effectués sur des échantillons sanguins de donneurs dans des centres de transfusion sanguine, des laboratoires publics nationaux ou régionaux et des hôpitaux universitaires.

Le but de ces études recommandées par l'OMS est de connaître la propagation du virus ainsi que le taux d'immunité possible dans la population. Les personnes qui ont développé des anticorps IgG anti-SRAS-CoV-2 sont généralement immunisées contre la maladie, mais on ne sait pas pour combien de temps.

Le résultat montre une dispersion de 0,7% parmi les donneurs de sang. Comparé à la population générale estimée à 36,3 millions de personnes, ce nombre équivaut à 254 100 personnes qui ont été en contact avec le virus sans nécessairement développer de symptômes. Le 31 août, 63 781 infections au coronavirus ont été identifiées et accumulés par des tests PCR au Maroc, soit environ un quart des 254 100 cas suspects calculés. Si cette...

extrapolation est correcte, elle remet en cause différents taux tels que le taux de mortalité ou les valeurs d'incidence par rapport à la population générale. Selon les données officielles, la prévalence au 31 août était de 0,175. Après examen de la séroprévalence, elle serait de 0,7 et donc beaucoup plus élevée. Il est à noter que tous les cas n'ont pas encore été dénombrés ni même identifiés, surtout s'ils étaient légèrement symptomatiques voire asymptomatiques. Il en va de même pour les morts; On ne sait pas si tous les décès qui peuvent réellement être attribués au Covid-19 ont été constatés ou pris en compte ou non.

Le ministère estime que ces chiffres inférieurs par rapport à d'autres pays indiquent que le système de santé détecte les cas et fonctionne bien au Maroc (environ 25% des cas sont détectés). Inversement, cependant, c'est aussi alors que 75% des personnes infectées n'ont aucune idée et pourraient potentiellement propager le virus sans le vouloir. Dans ce contexte, les mesures de protection redeviennent plus nécessaires.

Le ministère a annoncé qu'il déploierait une stratégie de surveillance sérologique à l'échelle nationale incluant les personnes atteintes de comorbidités, les personnes âgées de 60 ans et plus, le personnel médical, les détenus, les donneurs de sang et un dépistage de la population générale. Ces études sont importantes pour pouvoir établir des priorités lors de la planification d'une campagne de vaccination.

Mouhamet Ndiongue