Transformation digitale : Encore du chemin malgré les acquis

Transformation digitale : Encore du chemin malgré les acquis

Premier d’une longue série, l’Institut CDG a organisé, mardi 15 septembre, un webinaire portant sur l’avenir du digital dans l’entreprise.

Dans une période où la Covid-19 a obligé un changement de comportement dans tous les secteurs de vie, la révolution numérique a quant à elle subi un coup d’accélérateur extrêmement important et à tous les niveaux. Etats, entreprises, individus, tous les pans de la société sont impactés par cette transformation numérique. Le développement des nouvelles technologies du digital suscite l’engouement et soulève des enjeux majeurs pour le monde d’aujourd’hui et de demain. La crise sanitaire mondiale a confirmé cette tendance, et ce besoin, de digitalisation des entreprises.

Ces enjeux ont poussé la CDG à invité  des spécialistes du sujet à débattre et esquisser des pistes de solution de la question thématique du panel: L’entreprise de demain sera-t-elle digitale ?

Le webinaire a réuni Saloua Karkari-Belkeziz, présidente GFI Afrique, Aayla Ghouli, directrice PSIDM à la BMCI, Mehdi Kettani ,CEO, DXC, Salah Baina, facilitateur de transformation, chercheur et enseignant, Hicham Iraki Housseini, DG Afrique francophone de Microsoft. Aziz Boucetta, directeur de Panorapost a dirigé les débats comme modérateur.

Dans sa présentation, M. Boucetta, modérateur de la conférence est revenu sur l’omniprésence du numérique, qui aujourd’hui touche aussi bien aux process internes de l’entreprise qu’à ses modes de collaboration, à l’environnement de travail de ses collaborateurs, à son modèle économique… En un mot, c’est toute une organisation qu’il s’agit de repenser, en conciliant agilité et sécurité au service, bien sûr, de la compétitivité.

Partant de cette analyse, les intervenants ont tenté de répondre à des questions ayant trait à l’intitulé de ce webinaire en se projetant vers le futur de l’entreprise marocaine voire un peu plus, sur les incidences de transformation numérique, les obstacles à franchir pour un meilleur rendement, que peuvent apporter ces nouvelles technologies pour ce qui est de la compétitivité, comment réussir la transformation et surtout est ce que nous sommes prêts en tant qu’entreprise à adopter ce nouveau modus operandi si l’on peut dire ainsi qui désormais fera office de règle de jeu pour l’avenir.

On aura retenu de ce webinaire que le digital peut s’avérer plus efficient pour l’entreprise digitale qui aura toujours un point d’avance sur son concurrent qui n’en use pas. Le train du digital passe et grosso modo nous y sommes en bons passager ont conclu les éminents invités de webinaire, mais pour autant, des correctifs demeurent à apporter à certaines contraintes.

 Salah Baina qui a ouvert le débat, reste clair : « la transformation bien plus que le digital est humaine, culturelle… ». La transformation est une question d’humains et sans eux, pas d’avancée majeure dans la transition numérique de l’entreprise.. Les relations humaines ont un rôle prédominant dans cette transition et à eux la charge d’accompagner le personnel et de répondre à ses besoins et interrogations. Une transformation rapide et efficace doit miser sur l’humain et la vision commune en interne en premier lieu a expliqué le chercheur à sa manière. La formation devrait venir ensuite pour permettre à...

chacun de prendre sa place et sa position dans l’entreprise.

Saloua Karkari-Belkeziz a de son côté insisté sur la lenteur administrative et les retards çà et là et notamment au niveau du législatif qui gagnerait à la digitalisation notamment le Parlement. Elle a loué ce secteur qui est créateur d’emplois et qui est à encourager pour peu cependant qu’un travail harmonieux de l’ensemble des partis soit de fait.

Mehdi Kettani a défini l’entreprise du futur ainsi « Avec la crise du Covid-19, en un week-end tout le monde a appris le télétravail, et tout le monde a constaté des réflexes nouveaux. C’est vrai qu’on est tous en train de changer de paradigme et ce, dans le monde entier ». Le sens de gravité s’est déplacé selon notre bonhomme et « le monde du travail s’est déplacé du siège de l’entreprise vers chez soi ».

La pandémie a obligé un grand changement à tous les niveaux de la société. C’est le point qu’a relevé Aayla Ghouli qui soutient que « Cette pandémie a obligé les entreprises à faire le grand saut. C’est vrai qu’il y avait une frilosité qui n’est pas propre qu’au Maroc. Depuis huit mois déjà qu’on est en télétravail, les moyens techniques sont là, l’agilité organisationnelle n’est plus un prérequis, c’est un mœurs quelque chose d’obligatoire, il n’y a aucune raison avec l’expérience que nous venons de vivre à travers le télé travail que cela ne continue pas à bien se passer ».

Pour Hicham Iraki Housseini, c’est «  Grâce au digital on a pu faire des sauts de grenouilles énormes.  D’ailleurs le patron de Microsoft a dit qu’en un mois on a fait deux ans de digital consommation » a-t-il résumé. Puis il a fait l’éloge du cloud « Les entreprises et en particulier les PME ont la possibilité de faire ce saut plus prononcé à travers les nouvelles technologies et à travers le cloud disponible pour tout le monde et je continuerai vers cela. Je ne comprends pas la réticence gouvernementale ainsi que de certaines entreprises vis-à-vis de cela ».  En effet, une entreprise n’ayant pas de restrictions propre à la confidentialité de données sensibles (comme les organisations publiques par exemple) doit s’équiper en mode Cloud pour être compétitive et se décharger de tout entretien technique lié au système d’information.

L’épineuse question de la réglementation a été abordé avec presque un consensus notamment sa mise en place. Aujourd’hui donc il faut revoir et mettre à jour sur la réglementation. Pour M. Kettani « Aujourd’hui on ne peut plus continuer, pendant une autre année, avec ce mode de travail hybride, entre télétravail et travail à la maison, sans définir les fondements du télétravail, ses règles, et comment peut-on le faire en étant en sécurité. Il va falloir changer des choses et vite », déplore-t-il.

« De par mon expérience au parlement, tout ce qui touche à la réglementation et à législation est long au Maroc. Il nous faut un parlement agile et rapide, ou peut-être digital pour aller plus vite » ajoute Mme Belkziz.

Mouhamet Ndiongue