(Billet 394) – Casablanca hier, Casabrancard aujourd’hui…

(Billet 394) – Casablanca hier, Casabrancard aujourd’hui…

N’attendons pas que le gouvernement le décrète un soir, vers 22 ou 23h, le confinement… devançons les choses et confinons-nous, pour celles et ceux qui le peuvent, avant que M. Elotmani et ses amis ne le décident pour nous, avec le peu de finesse qui les caractérise ! De toutes les façons, cela devra advenir, tôt ou tard, plus tôt que tard, au vu des chiffres et de la subite et furtive apparition du ministre de la Santé dans les murs casablancais. Que personne ne se leurre, Casablanca se meurt !

L’ennui n’est pas tant le Covid-19 que le système sanitaire de ce pays en général et de notre belle ville de Casablanca en particulier, dont les habitant(e)s ont toujours eu le bon goût de ne pas trop insister sur l’infrastructure médicale et hospitalière, où l’hospitalité n’est plus qu’une vue de l’esprit ou relève du Saint-Esprit. Il est vrai que la population est insouciante, parfois inconsciente, mais en quoi diffère-t-elle des autres populations des autres villes dans le monde ? Par une chose, l’état de ses hôpitaux où même Avicenne aurait été gêné…

Aujourd’hui, à Casablanca, et depuis dimanche dernier, près de 3.000 personnes ont été déclarées positives et 38 autres sont décédées. Et les autres chiffres à l’avenant… Casablanca, la ville blanche, flanche, avec 42% des cas notifiés quotidiennement au Maroc, 40% des formes graves et 38% du nombre de décès ! Face à cela et pour y faire face, le ministère de la Santé propose 3.000 lits, dont 1.700 sont actuellement occupés par des personnes en détresse ; il en reste donc 1.300 et au rythme où vont les choses, Casablanca risque la saturation de sa capacité d’accueil.

Le virus SARS-CoV-2 s’attaque le plus souvent aux poumons et aujourd’hui, au Maroc, il s’acharne sur le poumon économique du pays, Casablanca, cette ville grouillante et bouillante, où les gens...

se meuvent le jour et (une partie) s’abreuve la nuit, cette ville vivante où la mort rôde désormais. Et entendons-nous, quand ce n’est pas la mort, c’est l’hébergement dans les hôpitaux, s’il y a de la place, et c’est là aussi une petite mort, celle de nos espoirs de voir ce pays se doter, enfin, d’une véritable capacité sanitaire et médicale.

Depuis le début de la semaine, le gouvernement affine et peaufine, dans la perspective qu’il confine. Etant absolument incapable d’offrir le service après-vente de ses décisions, voilà qu’il innove en se lançant dans un service d’avant-vente. Après le « balagh » de dimanche et la visite du ministre mardi, hier soir en effet, sur 2M, la Dr Rmili, directrice régionale de la Santé à Casablanca, a très clairement évoqué, l’air volontairement grave, le confinement. Il ne faut pas douter un seul instant qu’elle était en service commandé, pour préparer les bonnes âmes, car cela ne relève pas d’elle mais de la commission scientifique dont a parlé le roi, et du roi, qui l’avait aussi explicitement suggéré, le 20 août dernier.

Un autre confinement, donc ? Oui, il semble nécessaire, impératif, et difficilement contournable. Mais cette fois-ci, il devra être daté : 15 jours, 20, 30, mais daté et limité dans le temps. C’est à cette seule condition que les Casablancais(e)s pourraient accepter l’idée, en leur donnant quand même 48 heures pour se préparer...

Aujourd’hui, le Maroc est frappé en plein cœur… le cœur financier, économique, et ludique, qu’est Casablanca. Il est inutile de revenir sur le passé lugubre du système de santé national, mais il serait tellement bon, et même intelligent, que nos gouvernants pensent à l’avenir en reprenant ce secteur en mains, et non à le privatiser encore et toujours, comme ils semblent y penser encore aujourd’hui avec l’idée d’ « externaliser » les polycliniques CNSS !

Aziz Boucetta