(Billet 392) – Quand Amina mine le champ politique

(Billet 392) – Quand Amina mine le champ politique

Elle, c’est Amina Maelainine, pasionaria de la politique en général et du PJD en particulier. A l’affût de l’activité politique et postée en embuscade, elle dégaine souvent son clavier pour se fendre d’un statut sur les réseaux sociaux, et ainsi pourfendre une classe politique de plus en plus étique et de moins en moins éthique. En effet, en plein Covid, les partis avancent masqués pour les élections, narines dénudées pour humer l’air du temps.

Les uns et les autres, majorité et opposition, partis parlementaires ou partisans confidentiels, tous ne pensent plus qu’à l’année électorale qui point à l’horizon. Le PAM y croit encore, le RNI veut toujours y croire, l’Istiqlal croise les doigts, le PJD trébuche sur son chemin de croix… pendant que les autres formations croassent dans le vide et que le ministre de l’Intérieur, toujours impavide, veut faire accroire à tous leurs chances démocratiques.

Et c’est dans ces conditions que la députée PJD Amina Maelaïnine tire sur la sonnette d’alarme avec toutes les forces que lui a laissées le Covid dont elle sort, ala slamtha. Elle a commis ce weekend un post sur Facebook pour s’interroger sur le sens des élections à venir, des partis politiques qui les animeront et des idées politiques qui devraient, selon elle, les sous-tendre. Et, comme Sœur Anne, prisonnière d’un Barbu, elle ne voit rien venir…

Que réclame-t-elle, Mme Maelainine ? Un accord général sur les grands principes fondant toute opération électorale, avant de s’engager dans ladite opération. Fort bien, mais elle se trompe. La question, selon un de ses pairs, n’est pas de s’accorder sur ces principes, chose déjà faite, mais sur leur application. Que veut dire cela ?

Clairement, dans l’esprit de la constitution 2011, que chacun fasse son travail, que le gouvernement gouverne,...

que l’opposition s’oppose, que la société civile soit plus civique, que les partis prennent réellement parti… Cela n’est toujours pas le cas, comme on l’a vu depuis 2011, et surtout depuis 2016. Leurs dirigeants sont, au mieux, velléitaires, au pire, pour se faire peur, réfractaires ; aucun n’est en mesure de dire « non » quand il le faut, comme leurs aînés l’ont su faire et l’ont pu dire, poliment, gentiment, respectueusement, mais le dire quand même. Feus Bouabid, Boucetta, Youssoufi ou même le nonagénaire Ahmed Osman avaient la politique chevillée au corps et savaient négocier, souvent louvoyer, quelquefois rudoyer, toujours ruser, puis dire clairement « non » quand la situation l’imposait. Ils étaient respectés pour cela, et le sont toujours.

Mme Maelainine explique donc que finalement, à force de compromis, on n’arrive à rien d’autre qu’aligner des formations politiques dévertébrées avec des Politburos décérébrés, qui ne se différencient que par le sigle, le logo et la force des egos. La politique reste ailleurs. Or, le roi l’a dit et redit, l’a demandé avant de réprimander : faites de la politique ou (re)tirez-vous !

Et alors donc que les partis politiques guerroient sur le seuil de représentativité, le mode et le découpage électoraux, le nombre de bureaux de vote et d’autres menus détails logistiques et opérationnels, les grands principes et les grandes valeurs qui, seuls, conduiront les électeurs aux urnes manquent cruellement au débat. Le jour venu, le combat n’opposera donc pas les partis entre eux, ou entre eux et l’Intérieur, mais entre tout ce beau monde et le corps électoral, trop occupé à se sortir des conséquences du Covid pour n’écouter ne serait-ce que quelques secondes les soliloques et autres bafouilles de nos dirigeants politiques.

Le comprendront-ils ? Rien n’est moins sûr, on les connaît.

Aziz Boucetta