(Billet 338) – Trois conditions pour s’en sortir : la confiance, la confiance et la confiance !

(Billet 338) – Trois conditions pour s’en sortir : la confiance, la confiance et la confiance !

« Il faut avoir une confiance inébranlable pour l'avenir », professait Jaurès voici un plus d’un siècle, et Lénine lui répondait quelques années plus tard que « la confiance n'exclut pas le contrôle »… Dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui et dans le Maroc où nous avons vécu et où nous vivrons au lendemain de l’état d’urgence, la confiance jouera un rôle déterminant, crucial. Elle se bâtit.

Les Marocains furent deux mois et demi durant soumis à rude épreuve, et ils continuent encore d’être éprouvés, non pas tant par ce confinement qui n’en finit pas, mais aussi par un problème de manque de confiance, voire même de défiance, qui commence à apparaître. Or, dans cette lutte contre la Covid-19, l’élément principal est la confiance, car c’est d’elle que naît l’adhésion aux mesures édictées et la discipline demandée.

Un Etat ne peut tout faire tout seul, comme avant… Dans le monde qu’on appelle de plus en plus souvent celui d’avant, les pouvoirs publics agissaient, et les peuples maugréaient, mais obtempéraient, puis oubliaient. Depuis ce funeste mois de mars 2020, se sentant en grave danger de troubles de l’ordre public, les Etats ont pris des décisions et ont œuvré autant que faire se peut à installer une confiance entre eux et leurs populations.

Force est de reconnaître aujourd’hui que cette confiance s’effrite et se délite, faisant peu à peu place à la défiance. En France, le président Macron est de plus en plus contesté dans sa gestion de la crise, aux Etats-Unis, même les partisans de Donald Trump commencent à s’interroger sur la rationalité des décisions prises, en Espagne les gens critiquent avec une virulence croissante leur premier ministre Pedro Sanchez… Et le Maroc n’échappe pas à la règle, avec un gouvernement désormais chahuté qui aujourd’hui, clairement, doute et redoute le jour d’après, et même les semaines et mois à venir…

Dans cette gestion de crise, la communication fut essentielle et la perception qu’en eurent ses destinataires fut exceptionnelle. Le...

passé simple employé augure d’un présent qui ne reflète guère un futur simple, mais conditionné par la pérennité de cette communication de confiance et par la confiance ainsi instaurée. L’Etat aura certainement relevé que plus la confiance règne et plus la gouvernance agit avec fluidité et efficacité. Mais si la confiance recule, les difficultés surgissent, les nerfs grincent, les sourcils se froncent et les frondes menacent, très difficiles à contenir.

Au Maroc, les classes défavorisées sont de plus en précarisées et les classes moyennes doutent et craignent la déroute. En attendant de pouvoir revenir à une situation plus ou moins normale qui, ne nous leurrons pas, prendra dans le meilleur des cas au moins un an, la seule chose que l’Etat puisse faire est d’instaurer la confiance, ou plutôt de confirmer et préserver la confiance installée en mars. Il est ainsi fort utile et plus que souhaitable de bien penser ses actions, de bien expliquer les politiques et décisions prises de manière à ne laisser la place à aucun doute, tant pour le cas des Marocains bloqués à l’étranger que sur les mesures de déconfinement, pour la situation épidémique que pour les projections économiques de sortie de crise, ou encore les actions judiciaires entreprises…

Le Maroc est une monarchie et la monarchie y emporte l’adhésion et suscite la confiance. Le Roi, en imprimant sa marque sur l’écrasante majorité des mesures prises et des politiques suivies, a augmenté ce capital de confiance. Il serait dommage et dommageable que des démarches soient entreprises à d’autres niveaux, gouvernementaux ou autres, laissent infuser une défiance regrettable, que nous regretterons.

Le Maroc et les Marocains ont montré des dispositions insoupçonnées à faire front ensemble, à affronter l’adversité, à subir avec patience et conscience des situations inédites. En s’appuyant sur ces acquis et ces faits, un Maroc résilient est possible, un Maroc nouveau est à notre portée, un Maroc meilleur nous attend… dans la confiance en l’avenir préconisée par Jaurès.

Aziz Boucetta