(Billet 331) – Bon anniversaire à nos flics !

(Billet 331) – Bon anniversaire à nos flics !

Ils sont plus de 70.000 à souffler 64 bougies. Ils, ce sont les fonctionnaires de la DGSN, et 64 est l’âge de cette vénérable dame. 64 ans de hauts et de bas, avec beaucoup plus de bas que de hauts, et de plus en plus de hauts depuis que la police s’est ouverte au débat. Ne boudons pas le plaisir de dire les choses quand elles sont bien, et chez nos flics*, ça se passe plutôt bien…

Chacun a son histoire à raconter avec la police, mais les flics d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier. Toujours aussi autoritaires (c’est le métier qui le veut), ils sont aussi de plus en plus populaires (c’est l’objectif voulu) à en croire les statuts et les commentaires sur les réseaux sociaux. L’opinion publique dans sa grande majorité n’a pourtant pas compris le changement opéré dans les rangs, et surtout dans la mentalité de nos flics. Il aura fallu trois événements, dans trois pays, pour que ceux qui veulent observer le fassent…

Il suffit pour cela de comparer l’action policière dans la gestion des mouvements sociaux. Nous avons eu au Maroc le 20 février et al Hoceima. Qui peut dire et soutenir, étant manifestant « normal », c’est-à-dire non violent, qu’il avait peur des policiers ? Un Catalan indépendantiste aussi « normal » ne peut en dire autant avec la police espagnole… quant à la France, on a vu la réaction des forces de l’ordre durant la crise des gilets jaunes, et la réputation virile du préfet de police parisien. Ne parlons même pas de la police américaine qui tire encore plus vite que Lucky Luke qui tirait plus vite que son ombre…

Dans ce Maroc nouvelle version qui se présente à nous et qu’il ne tient qu’à nous de voir puis de promouvoir, la police n’est plus l’ennemie de la démocratie, du peuple, et tout ca… Il ne faut pas se tromper. L’ennemi est bien là, mais ailleurs ! Il est à chercher du côté de l’argent et du vice, pas de l’agent et de la police. Il reste la politique, mais cela est une autre histoire…

Aujourd’hui, en matière de terrorisme, les Marocains se sentent protégés, et les responsables européens et américains savent bien ce qu’ils doivent aux flics marocains. Cela ne se sait peut-être pas, mais ce sont les Marocains qui, en cette tragique soirée de novembre 2015 à Paris, avaient signalé Salah Abdeslam aux Français, et qui avaient permis de cerner Abderrahim...

Abaâoud à Saint-Denis trois jours après… Pour la criminalité, les choses sont perfectibles, mais la pauvreté du pays combinée aux moyens de la DGSN complique les choses.

Signe des temps, l’application de contrôle du respect du confinement, développée par la police, n’aura suscité aucun remous chez les défenseurs des droits. Marque de confiance s’il en est, mais attention, les policiers ne sont pas des enfants de chœur : si on les cherche, on les trouve, comme partout au monde. Aucun flic n’accueille un malfaiteur violent avec des roses ou un violeur avec de la belle prose…

La police a commencé à changer depuis une dizaine d’années, en parallèle à l’émergence d’une nouvelle génération de Marocains, dont les fonctionnaires sont forcément issus. Et parmi cette transformation, la norme, la forme et les femmes. Les recrutements se font désormais selon les normes de compétences (toutes choses étant bien entendu perfectibles), et l’uniforme a changé, de même que la silhouette des agents, moins bedonnants, plus athlétiques. Enfin, la place des femmes : sur 71.000 policiers environ, seules 5.000 sont policières, mais sur ces dernières, près de 70% occupent de hautes fonctions (directrices du labo scientifique, de la coopération internationale, service central du crime, gérant toute la haute technologie de la maison…).

Enfin, si l’état d’urgence sanitaire et le confinement ont plutôt réussi, c’est grâce à ces flics qui arpentent les rues, sensibilisent, contrôlent, vérifient, sermonnent… et s’infectent ! 50 policiers ont été atteints par la Covid-19, mais leurs collègues sont toujours là, à leurs barrages, et la nuit à leurs rondes pour faire respecter le couvre-feu.

Depuis 2015, Abdellatif Hammouchi est chef de la police hier secrète aujourd’hui discrète et de la police tout court ; à cette fonction, il aura réussi à réformer un appareil « inréformable ». en ces temps coronaviraux, il mérite lui et ses hommes un grand Merci, au même titre que les personnels médicaux et soignants, les agents de propreté, les petites mains dans les commerces, les soldats et les gendarmes, les agents d’autorité (excepté les violents) et tous ceux, toutes celles qui sont en première ligne pendant que nous râlons chez nous !

Aziz Boucetta

Flic : mot venant d’Allemagne, mais dont l’origine reste opaque, tantôt c’est « jeune homme » (flick) comme les appelaient les malfaiteurs allemands, tantôt c’est « mouche à dard » (fliege), le dard étant le bâton que tenaient les policiers, et une autre fois, c’est une onomatopée, le bruit dudit bâton à pointe métallique sur le sol faisant « flic flic ».