(Billet 300) – Etre Marocain en 2020.

(Billet 300) – Etre Marocain en 2020.

Non, tout ne va pas bien… les Marocains ne testent pas à tour de bras, les chiffres annoncés de dépistages sont trop bas pour être significatifs, des milliers des nôtres sont bloqués un peu partout dans le monde… Non, tout ne va pas bien, mais oui, nous pouvons, nous devons même être fiers de notre appartenance. Le Maroc officiel a fait exploser cette image artificielle qui nous collait… La bonne nouvelle est que nous sommes capables de beaucoup, la mauvaise est que nous n’en sommes pas encore très convaincus.

Contrairement à bien des pays dont les gouvernements ont négligé les effets potentiellement dévastateurs de la pandémie en cours et de ce fichu virus qui court et parcourt le monde, le Maroc a vite compris que 1/ les choses étaient sérieuses, que 2/ nous n’avons pas une infrastructure valable et suffisante pour enrayer la pandémie, et que donc 3/ nous devions prendre les autres mesures d’urgence, comme l’état du même nom.

En ces temps désormais révolus où tout était classé et classifié, modélisé et standardisé, le Maroc peinait au sein des nations, par son insularité à laquelle il avait fini par croire et qui le desservait à terme. Aujourd’hui, nous sommes après ce funeste mois de mars 2020, et les compteurs devront être remis à zéro entre les peuples et leurs gouvernants, PIB mis à part et egos volant en éclats. Chefs d’Etat, de gouvernements et de services hospitaliers s’expriment, s’expliquent et s’exposent…  et souvent explosent ! Au Maroc, et en dépit de certaines anomalies et dérives typiquement dialna, la situation est maîtrisée et sous contrôle. Le Maroc a su montrer ses capacités de résistance…

Pendant que son Etat travaille d’arrache-pied à confiner, approvisionner et affiner sa réaction économique, l’armée a bâti en des temps records deux hôpitaux de campagne (de capacités et encadrements similaires à ce qui se fait en Europe) entièrement dédiés aux malades du Covid-19.

Nos ingénieurs (restés au Maroc), avec l’université Mohammed VI polytechnique du Groupe OCP, ont...

mis au point un respirateur artificiel entièrement marocain, pendant que d’autres fabriquent à la chaîne masques et casques de protection.

Et le Maroc a également réalisé une prouesse technico-administrative, avec cette immense opération en faveur des bénéficiaires du RAMED. Une dizaine de millions de personnes sont concernées. Imaginons un instant l’ensemble des prouesses numériques, de l’effort financier, des techniques d’organisation et de l’infrastructure bancaire que cela nécessite. Rares, très rares, sont les pays qui ont osé puis matérialisé cela…

Depuis l’éclatement de cette crise mondiale qui verra l’effondrement de systèmes politiques considérés jusque-là comme solides et auto-immunes et qui emportera toutes les certitudes confortablement installées, nous devons, nous Marocains, être fiers de notre appartenance… mais au-delà de la résistance, il faudra assurer une résilience… Prendre conscience de nos forces, reconnaître nos faiblesses, et multiplier les efforts de réconciliation en cette unique et exceptionnelle période de communion.

Il ne faut pas oublier nos ressortissants bloqués à l’étranger, même s’il faut pour cela créer un point de ralliement au sud de l’Espagne pour rapatrier ceux qui s’y trouveront… Il serait bon aussi, et conformément aux recommandations de l’ONU, de revoir la situation carcérale des détenus en régime provisoire, au nombre de 35.000 environ (40% de l’effectif total) et pas tous des Jack L’Eventreur… Et dans la foulée, pourquoi ne pas libérer, sur grâce, les détenus du Rif et les jeunes, tous les jeunes arrêtés, jugés, condamnés et enfermés pour des vidéos engagées et quelque peu enflammées… Il existe aussi à l’étranger des gens convaincus d’être exilés et de ne pouvoir revenir au Maroc ; il faut ouvrir un dialogue avec eux, également !

Nous sommes dans une période étrange, dont l’issue peut être dangereuse et hideuse ou, à l’inverse, prometteuse et engageante. L’Etat a beaucoup fait, avec l’adhésion de l’ensemble de la population. Il ne tient qu’à nous de créer le bonheur dans le malheur et de retourner cette mauvaise fortune en occasions et décisions opportunes.

Montrons au monde ce qu’être Marocain signifie !

Aziz Boucetta