(Billet 270) – C’est (mal) parti pour les partis

(Billet 270) – C’est (mal) parti pour les partis

Les élections locales, régionales et nationales, c’est (en principe) dans un tout petit peu plus d’un an. Les partis politiques s’y préparent et se mettent en ordre de bataille… dans la confusion la plus totale. On ne pense pas encore aux programmes, rien ne presse… mais aux joutes à venir, oui. Les éléments indicateurs ne manquent pas.

A tout saigneur, tout honneur… commençons donc par le PAM qui vient d’ « élire » son nouveau Dirigeant Suprême, Me Abdellatif Ouahbi qui, d’entrée de jeu, a décidé de tirer au lance-flamme sur le RNI tout en déclarant sa flamme au PJD. M. Ouahbi n’a peut-être pas de ligne rouge, mais il est bien résolu à ne pas franchir la ligne bleue RNI.

Ledit RNI, lui, attaqué de toutes parts, apprend à connaître ce qu’est un parti qui emplit les Unes et meuble les conversations. Il fait l’objet des tirs croisés des uns et des autres. Tétanisé, il s’est fait plus discret, après avoir quand même réussi, au prix de quelques maladresses, à se hisser au rang des formations candidates à la pole position le soir des législatives. Mais les coups bas commencent à pleuvoir sur lui…

L’Istiqlal, tout en douceur, tout en rondeurs et lourdeurs fait le chemin exactement inverse à celui du RNI, plongeant dans la discrétion, voire même la confidentialité. Parti historique et chargé d’Histoire, il joue dans la catégorie intellectuelle, multipliant les sorties de son patron qui, sitôt entré en son siège, se voit acculé par ses résistances internes, essentiellement celle de M. Hamdi Ould Rachid.

Le PJD, lui, ne...

(se) doute de rien. Il est à la tête du gouvernement depuis près de 10 ans et a appris à raser les murs tout en ratissant les rues et les quartiers. Spécialiste de la répartition des rôles, il manie le chaud et le froid, maîtrise le show en externe et distillant l’effroi en interne. L’apparemment très paisible M. Elotmani gère son affaire partisane avec maestria et fausse bonhomie, ayant réussi à écarter (momentanément du moins) M. Benkirane en récupérant les siens, désormais acquis à lui, à l’image de Najib Boulif qui rappelle aux populations l’ancrage islamique qui aurait été comique s’il n’avait été populiste.

Alors, quelles alliances pour l’avenir ? Nul ne le sait, les lignes se sont mêlées et les parallèles annoncent leur croisement. M. Ouahbi semble jouer la carte PJD pour accéder au gouvernement sans pléthore de partis, et le PJD aime cela ; ils auraient ainsi plus de confort et d’illusion de pouvoir, même en s’adjoignant au besoin le Petit Parti Sorti ou PPS. Le RNI, ex-parti d’appoint, est prêt à faire le coup de poing pour s’imposer, pendant que l’Istiqlal râle.

Dans ces conditions, personne dans les partis ne parle plus de la Commission spéciale sur le modèle de développement… A quoi servirait son rapport si les partis n’en ont cure, comme ils semblent le montrer actuellement ? Quel est ce parti qui, le premier, attendra le rendu de la Commission Benmoussa avant d’élaborer un programme ambitieux… si tant est que les élections aient lieu à leur calendrier initial, et que la constitution ne change pas ?

Aziz Boucetta