Education sexuelle : faut-il un procès contre le système ?
L’éducation sexuelle est le processus d'acquisition d'information et de formation des attitudes et croyances sur la sexualité. Il s'agit également de développer les compétences des jeunes afin qu'ils fassent des choix éclairés sur leurs comportements et se sentir confiant et compétent pour agir sur ces choix. Il est largement admis que les jeunes ont le droit de recevoir une éducation sexuelle, en partie parce que c'est un moyen par lequel ils sont aidés à se protéger eux-mêmes contre les abus, les grossesses non désirées, les maladies sexuellement transmissibles … L’éducation sexuelle vise à la fois à réduire risques de résultats potentiellement négatifs de comportements sexuels comme les grossesses non désirées. C'est aussi développer capacité des jeunes à prendre des décisions durant leur vie. L’école, espace de socialisation et citoyenneté pratique, aide à adopter des comportements qui préservent la santé et le respect des autres sexes.
Au Maroc l'éducation sexuelle provoque un débat à chaque fois qu'elle est évoquée parmi les éducateurs et les décideurs. Aujourd'hui, le terme «sexuel» suggère sa réduction à l'acquisition d'un savoir-faire sexuel donné, indépendant de l'âge et de l'état civil. À la fois restrictive et permissive, cette définition de l'éducation sexuelle fait de cette dernière une question inquiétante voire taboue. L'éducation sexuelle n'est pas automatiquement acceptée, car - au nom d'une spécificité arabo-islamique mystifiée- la tendance est de toujours lier la sexualité au mariage.
Le plaidoyer de Aicha Chenna
Pour Mme Aicha Chenna, présidente de l’Association Solidarité féminine tout juste sortie d’une crise de burnout qui l’a cloué au lit pendant 2 mois, a tenu malgré son état de santé encore fragile à être présente à la conférence de presse. Militante très engagée pour la cause des enfants et des femmes, elle est revenue sur les défis qui attendent le Maroc malgré quelques avancées sur les libertés.
« Le programme d’éducation sexuel doit être inscrit dans les programmes scolaires, dès le primaire les enfants de CM2 peuvent très bien comprendre, je suis bien placée pour savoir que les enfants comprennent et d’ailleurs dans le coran, il y a un verset coranique qui montre que les enfants apprennent à l’âge de 5 ans 6ans, sourate Iqraa, c’est un verset qui démontre la fonction du corps, notamment la rencontre des deux cellules qui vont faire un être humain. » Pour Mme Chenna, la méthode pédagogique est très importante et « si on explique ça aux enfants, ils vont au moins comprendre ce qui leur arrive, deuxièmement les filles, il y a eu un événement qui s’est passé au Maroc, mon corps, ma dignité ma liberté, moi je ne dirai pas comme ça, je dis oui, mon corps ma liberté mais avec un certain respect, mon corps n’est pas à vendre, mon corps ne peut pas être utilisé n’importe comment, nous faisons partis d’une société traditionnaliste malgré tout il ne faut pas voir les hommes cravatés comme ça, ils sont cravatés mais ils sont tous des Mohamed ben Mohamed. »
A propos de codes et de la culture, elle précise qu’ « il y a pas autre chose que l’éducation à faire aux jeunes filles et aux jeunes gens,...
cassés les tabous, aidés si l’accident est arrivé et elle veut garder son enfant mais essayer de trouver le moyen de remettre en situation régulière cette fille avec le papa biologique quoique aujourd’hui il faut être honnête, une fille peut chercher à faire reconnaitre l’enfant avec son père biologique parce qu’il ne va pas lui donner de pensions, tout ce qu’il va faire, c’est l’embêter, non tu ne voyages pas , non tu ne te marie pas, vous comprenez elle a le droit a beau coup de non.
Moi je lui dis élève ton enfant, s’il va être bien avec toi, tu vis avec lui mais si c’est pour te briser ta vie, tu élèves ton enfant, tu es une femme à part entière et l’enfant va grandir, il connaitra son père et voilà c’est tout et ça c’est quelque chose que nous devons faire.
Dans les pays Africains eux aussi sont concernés par les problèmes parce que eux aussi ont l’exclusion comme nous, maintenant les européens ça s’est passé chez eux en Mai 68 que le problème est résolu en France et dans les pays du Nord mais eux aussi ont obligés leurs filles a abandonné leurs bébé si elle est encore mineure, elle est obligé d’abandonné son bébé, analyse Mme Chenna.
A partir de Mai68, elle explique que les Européens ont acceptés que les jeunes vivent ensemble, ils sont allés trop loin, mais je ne souhaite pas que dans notre pays on va aussi loin dans les pays du Nord, nous avons une autre culture et le respect de la famille.
Le réquisitoire d’Omar Balafrej
Dans une question écrite adressée au chef de gouvernement en date du 19 février, Omar Balafrej, député de la FGD, a alerté quant à la propagation virale de contenus pornographiques et l’exposition des enfants à de tels contenus.
« Plusieurs pays démocratiques s’engagent sur la voie de la protection de l’enfance dans le monde numérique, en limitant au maximum l’accès au contenu des sites qui contiennent des contenus inappropriés pour les enfants, au vu de ce que ce genre de publications peuvent avoir comme impact sur leurs évolutions psychologiques », indique la lettre envoyée par le député.
Selon Balafrej, les chiffres des connexions à partir du Maroc aux sites à contenance pornographiques est « exponentielle », et les autorités seraient ainsi « totalement absente » dans ce qu’il considère comme étant prioritaire dans la politique de protection de l’enfance. Il préconise ainsi la mise en place d’un « programme national » en la matière.
Il considère néanmoins que l’approche coercitive, à savoir l’interdiction, n’est « pas suffisante », et qu’il s’agira également de mobiliser un appareil de sensibilisation qui inclue « les médias publics, l’éducation nationale et la famille ». Il conclut par la nécessité d’intégrer « l’éducation sexuelle comme thématique à part entière dans le programme d’enseignement scolaire ».
L’éducation est un droit, celle sexuelle forcément. Dans ce cas, il serait judicieux de poser le débat de manière transversale afin que les acteurs concernés par la question se prononcent. A défaut de poser ce débat, il faudrait aller en procès contre le système.
El Bouaamri Narjiss