(Billet 261) – La fin du PAM.

(Billet 261) – La fin du PAM.

Ce ne sont pas toujours les meilleurs qui s’en vont, comme on dit trop souvent… Avec son très chaotique 4ème congrès, le Parti Authenticité et Modernité, connu sous l’onomatopée PAM, s’apprête à tirer sa révérence du paysage politique marocain, mais il l’ignore encore… Quand en effet un parti ne dispose ni d’âme ni de programme, qu’il renie son passé, qu’il démarre un congrès par un pugilat et l’achève par une candidature unique après le retrait de toutes les autres, c’est que, en toute simplicité, sa fin est proche…

Dans ce parti, on dit triomphalement qu’il n’y a pas de clans … peut-être, mais il y a ce qui ressemble à des gangs ! Il faut les avoir vu à l’œuvre à pratiquement chaque congrès du PAM pour prendre la mesure de la nature des joutes qui opposent les challengers et les figures des gens qui les soutiennent. Il n’est d’ailleurs pas anodin que le congrès ne fut que par la grâce d’une décision de justice. Les PAMistes se sont avérés incapables d’aller en congrès sans le concours des juges ! Cela laisse des traces… Et quand en outre tous les candidats se retirent de la course à la chefferie pour cause de verrouillage serré du parti et de son décor électoral, cela en dit long sur la légitimité morale du nouveau Lider Maximo et de son équipe.

Le cheval de bataille de M. Ouahbi est la « démakhzénisation » du PAM… Cela sonne bien, cela tonne fort, mais cela étonne venant de la part de M. Ouahbi qui s’est quand même jusque-là accommodé du « makhzen », comme il le reconnaît en creux. Mais cela résonne savoureusement aux oreilles des ambitieux c de tous bords qui l’entourent. Sauf que…

…sauf que le PAM a été effectivement créé par le makhzen, ce n’est ni un secret ni une honte pour le taire, et c’est cela qui attirait tant de monde de tant d’horizons pour tant de desseins plus ou moins avoués ; malgré les dénégations effarouchées des uns...

et des autres. Et donc, si le parti vole de ses propres ailes aujourd’hui, que pourra proposer M. Ouahbi à ses ouailles ? Comment attirera-t-il les foules et entretiendra-t-il leur houle ? Pourquoi les gens voudraient-ils de lui alors qu’il n’a aucun passé politique connu, qu’il n’a aucun référentiel idéologique prestigieux, et qu’il a pris sur lui de jouer la surenchère sur des choses jusque-là intouchables comme la commanderie des croyants ? A la longue, les vrais militants – il y en a quelques-uns – comprendront…

Un parti créé avec ADN makhzénien ne peut survivre en se faisant greffer un autre ADN… la science génético-politique n’est pas encore au point pour cela. Et un parti boudé par ses anciens, aussi discutables soient-ils, ne peut séduire de nouveaux membres. En effet, quand le jour de gloire de M. Ouahbi est arrivé, les Benaddi, Bakkoury, Biadillah s’étaient évaporés, laissant le nouveau Conducator seul avec ses promesses de 120 députés, avec son programme vaporeux, et avec ses commensaux qui y croient…

Pour M. Ouahbi, il n’y a plus de ligne rouge, jaune ou verte pour ses futures alliances politiques. Mais il faut croire que la ligne bleue, celle du RNI, demeure… et elle disparaîtra aussi, avec le temps, si le parti d’Aziz Akhannouch est en position d’offrir, un jour béni, des strapontins gouvernementaux car, il faut le dire, avec Abdellatif Ouahbi à la tête du PAM, il est temps de réfléchir sérieusement à siéger, enfin, au gouvernement.

Pour cela, tous les moyens sont bons… Mais dans ce Maroc que nous espérons et dont nous rêvons, il n’y a plus de place pour un parti tel que le PAM, usant comme un remords. Un parti sans âme ni flamme, sans autre ambition que celle de servir celle de ses chefs, sans capacité de réunir un congrès sans magistrats et de tenir ce congrès sans pugilat est un parti qui, dans une société qui se respecte, est fini. Osons croire que notre société se respecte !

Aziz Boucetta