(Billet 242) – La palmeraie de Kenitra détruite par la pâle mairie de M. Rebbah

(Billet 242) – La palmeraie de Kenitra détruite par la pâle mairie de M. Rebbah

On peut difficilement assister à plus navrant spectacle que celui d’un engin de terrassement qui terrasse un vénérable palmier de 70 ans… Les Kénitris ont eu droit à ce triste privilège, en avisant un beau matin la laideur hideuse d’un gros excavateur déraciner, arracher, abattre, ces palmiers de l’avenue princesse Lalla Aïcha. La bonne nouvelle, la seule, dans cette histoire est qu’en ce royaume bizarre une société civile vit et agit, parfois spontanément, et c’est plus beau encore !

L’affaire est simple… la municipalité de Kenitra a entrepris de déraciner des palmiers de 70 ans d’âge, parce que cela respecte la loi, dit-elle, parce que les vénérables palmiers représentent un danger pour les citoyens, couine-t-elle, parce qu’un aménagement de l’avenue princesse Lalla Aïcha est programmé, parce qu’ils seront replantés… Or, les citoyens supposés avoir demandé l’abattage de ces palmiers sont montés au créneau, ulcérés de voir ce triste spectacle. Il n’en fallait pas plus pour que le maire Aziz Rabbah, ministre depuis 8 ans et (man)œuvrant ferme pour le demeurer, réagisse avec sa superbe d’Imperator, semblant dire « qui êtes-vous, manants, pour vitupérer ainsi ? »...

La mairie a donc réagi, via un communiqué assourdissant d’arrogance, montrant le rapport de certains élus PJD avec leur population, empreint de mépris et dégoulinant de suffisance, de cette même suffisance que la réponse d’Aziz Rabbah à un message de Panorapost lui demandant des explications supplémentaires suite à son communiqué : « c’est suffisant »…

Le maire explique donc son acte par les plaintes de citoyens, qu’il dit dérangés par ces palmiers qui menacent d’on ne sait quoi… Diantre !... Et si ces citoyens sont importunés par les enfants infortunés des rues, M. Rabbah les déporterait-il, « pour répondre aux plaintes des citoyens » ? On a bien renforcé et...

stabilisé la tour de Pise qui penche, mais Kenitra n’est semble-t-il pas Pise… Dans son communiqué absurde, M. Rabbah s’exprime comme s’il s’adressait à une personne attardée, expliquant avec une louable patience que la commune travaille pour ses ouailles, qu’elle les protège, qu’elle respecte la loi et même la foi sans doute… et que tout le reste n’est que « mensonge et légèreté ». Et M. Rabbah de préciser que plus de 10.000 arbres ont été plantés à Kenitra, « coûtant un budget important ». Ingrats de Kénitris !!

On reconnaît bien là la défense typique du PJD, dont M. Rabbah est un éminent représentant : nous, c’est nous, et nous avons raison car nous sommes forts, et les autres ont forcément tort ! Cela rappelle un peu le mode de pensée et le comportement de son pair maire de Casablanca, Abdelaziz el Omari, sauf que ce dernier est dans la religion et que M. Rabbah a fait de la politique sa religion.

Aziz Rabbah est un virtuose du tremplin, usant de chaque fonction pour se hisser à la suivante, piaffant pour la direction de son parti et se prédisant, dans ses rêves les plus fous un passage par la présidence du gouvernement. Il n’est pas encore interdit de rêver dans ce pays étrange où un ministre de l’Environnement accepte et justifie l’abattage des arbres et des palmiers.

Dans un pays où la politique a de l’éthique, rien qu’un peu, un ministre de l’Environnement responsable de l’abattage d’arbres ou de palmiers de 70 ans aurait pensé à s’en aller. Mais le multi-cumulard Rabah sait se maintenir à Rabat et ne pas se laisser abattre par des jérémiades citoyennes à Kenitra. Quant à la société civile, elle attendra encore un responsable… civilisé !

Aziz Boucetta