Africa Security Forum propose  « un nouveau model de coopération africaine »

Africa Security Forum propose  « un nouveau model de coopération africaine »

Une nouvelle gouvernance sur les enjeux sécuritaires et climatiques a été en filigrane l’appel lancé en ouverture de la 4ème édition de l’Africa Security Forum.

Tenu à Rabat du 1er au 3 décembre 2019, sous le thème « l’impact du changement climatique sur la sécurité en Afrique », le forum a rassemblé plus 300 participants dont 45 nationalités. Présidé par Driss Benomar, président du think tank Atlantis la question sécuritaire et climatique est au centre des préoccupations africaines voire mondiales. Pour Driss Benomar, « le changement climatique menace la stabilité d’un pays si rien n’est fait. Les Etats fragiles seront l’épicentre du phénomène ». Pour parvenir à endiguer la menace, le président d’Atlantis suggère « de réfléchir sur un nouveau model de coopération africaine ».

À l'heure actuelle, les effets du changement climatique se font déjà sentir dans toute l'Afrique. Les preuves montrent que les changements de température ont affecté la santé, les moyens de subsistance, la productivité alimentaire, la disponibilité de l'eau et la sécurité générale de la population africaine.

Selon l'Indice de vulnérabilité au changement climatique de 2015, sept des dix pays les plus exposés au changement climatique se trouvent en Afrique. Et la question de l’eau est aujourd’hui au centre des enjeux d’où l’avertissement de M. Benomar estimant qu’ « utiliser l’eau comme arme renforce la résilience climatique en Afrique ».

Sur cet aspect l'Afrique a connu une diminution des précipitations sur de grandes parties du Sahel et de l'Afrique australe et une augmentation dans certaines parties de l'Afrique centrale. Au cours des 25 dernières années, le nombre de catastrophes météorologiques, telles que les inondations et les sécheresses, a doublé. L’Afrique a un taux de mortalité dû à la sécheresse supérieur à celui de toute autre région.

Abordant les sujets cruciaux du moment, l’Africa Security Forum a ainsi pour vocation de contribuer à l’émergence de solutions face aux menaces endogènes et exogènes du 21ème siècle. « La menace climatique peut participer au basculement du monde », a averti l’ancien ministre français de l’écologie Jean-Louis Borloo. Quid de la démocratisation de l’énergie, l’ancien ministre français révèle que 65%  des Africains n’ont pas accès à l’énergie qui pour lui est le premier de droits de l’homme et dans sa globalité le dérèglement climatique...

a touché 1 milliard de personnes ces trois dernières années.

Jean-Louis Borloo, connu souvent avec un discours avant-gardiste, dénonce les écarts « anormaux » entre les pays sur les émissions de CO2. Sur ce point, il déclare que l’africain contrairement aux autres citoyens des autres continents qui émettent du CO2 (tonnes métriques par habitant), lui ne consomme que 200 kg annuellement. Par ailleurs, l’Indien consomme 2 T, le Français 5 T, l’Américain 9 T, le Saoudien 300 T.

Un plan Marshall pour régler la question énergétique en Afrique

Sur la gouvernance, M.Borloo propose un plan Marshall pour régler une bonne partie de la question énergétique en Afrique. Ce règlement sera tout aussi bénéfique pour l’Europe car pour lui. En définitif, il suggère que « l’Europe et l’Afrique doivent signer un traité de paix, de croissance… » La dégradation du niveau de vie des populations ne manquera pas d’engendrer d’importants flux migratoires – principalement à destination des grandes agglomérations. Ces mouvements massifs de populations seront accompagnés de leurs corollaires inévitables : chômage, violence, criminalité,… Autre question débattue, l’insécurité, pour Atlantis, il représente en outre un terreau propice à l’intolérance, et constitue un terrain de jeu rêvé pour les extrémistes de tous bords – un jeu dangereux qui continuera de faucher de nombreuses vies humaines lors de conflits entre ethnies, régions, voire entre Etats.

Face à ces cataclysmes annoncés, il est plus que jamais nécessaire d’élaborer une « Road Map 2050 », avec des mécanismes proactifs à même de réduire les impacts multidimensionnels du changement climatique. Ce qui nécessite des solutions pensées pour l’Afrique, par des Africains, et non l’importation en l’état de solutions qui, si elles ont fait leurs preuves sous d’autres cieux, peuvent néanmoins être inadaptées aux spécificités du Continent et de ses challenges spécifiques;

L’édition 2019 de l’Africa Security Forum, en se focalisant sur « l’impact du changement climatique sur la sécurité en Afrique », fera le point des impacts alarmants du changement climatique sur les écosystèmes, la biodiversité et les sociétés humaines et tentera d’apporter des pistes de solutions pour palier à ces menaces certaines pour le continent africain, considéré aujourd’hui comme la région la plus vulnérable de la planète face au dérèglement climatique.

Mouhamet Ndiongue