(Billet 203) – La CGEM prise dans la diagonale du fou, du flou et du flouss

(Billet 203) – La CGEM prise dans la diagonale du fou, du flou et du flouss

A quoi pense aujourd’hui un « patron » membre de la CGEM ? A court terme, au nouveau président de la Confédération et, à court, moyen et long terme, à ce qu’il va gagner sur le plan fiscal. Dans l’intervalle, rien ne va plus au sein du patronat, où le jeu et les enjeux tiennent aujourd’hui lieu de politique et de vision. Le tout est biaisé, comme dans une diagonale du fou, dans le flou, et pour le flouss… au plus grand bonheur des filous.

Salaheddine Mezouar, le président déchu du patronat, aura finalement réussi une chose, en l’occurrence plonger la CGEM dans les abîmes de l’inconnu et de l’incorrect. Il a été sèchement viré, suite à quoi la CGEM a gravement chaviré. Qui pour le remplacer ? Les patrons entrent dans cette période spéciale de leur confédération, consistant à attendre un feu vert du palais, qui ne viendra pas, comme il n’était pas venu pour M. Mezouar, lequel avait pourtant eu l’astuce de le faire accroire. En attendant le palais, les intrigues de valets, les ententes, les complots et les multiples trahisons, reniements et retournements…

Les fous. On peut qualifier ainsi les porteurs d’ambition, directs ou par procuration. Folie du pouvoir, folie de l’argent ou folie des grandeurs ? Dans les trois cas, les choses sont malsaines au sein de cette corporation supposée créer de la richesse et pas seulement des riches.

Aujourd’hui, nous assistons à un spectacle affligeant… Personne n’ose annoncer clairement sa candidature, ou même ses intentions d’y aller ; les plus intrépides distillent des bribes d’informations à des médias étrangement complaisants. On sent la manœuvre, la manigance, la magouille. Un vent de folie souffle sur la CGEM et titille les egos et les ambitions de personnages généralement sulfureux connus de tous mais exerçant de fortes pressions et brandissant de fortes menaces pour intimider et parvenir à leurs fins.

Le flou. Depuis qu’elle s’est politisée et qu’elle dispose d’un groupe parlementaire, la CGEM fonctionne selon les...

codes politiques, forcément peu éthiques et dont on connaît les résultats et surtout les dégâts. Prêcher le faux pour masquer le vrai, quérir des soutiens et s’enquérir de l’air du temps, manier la désinformation et la faire passer pour information, le tout avec des complicités internes et externes…

Voilà aujourd’hui le spectacle affligeant offert par une CGEM qui montre bien que les patrons sont en panne, bien en peine de décider de celui ou celle qui osera diriger la Confédération pour les trois ans à venir.

Le flouss. De plus de voix s’élèvent pour rappeler les CGEMiens à l’ordre. L’Etat, dans sa grande inconscience, les a faits hier seuls représentants du secteur privé, et aujourd’hui les ministres appellent à plus de conscience, le roi les interpelle pour tenir leur rôle d’investisseurs… mais rien n’y fait, les patrons n’ont de pensées que pour les exonérations, amnisties, dérogations et autres faveurs fiscales. Ils ne pensent pas, ou si peu, et si peu d’entre eux, à ce qu’ils peuvent apporter à leur pays, mais à ce que lui leur apportera… Ils exigent des droits mais fustigent leurs devoirs.

Dans ce contexte et cet environnement, la CGEM est réduite au rang vulgaire du filon pour tous les filous qui la hantent, alors même qu’en cette période de doute que traverse le Maroc, le patronat a besoin de produire une grande vision et non pas de satisfaire les basses ambitions des uns et des autres.

Il y a toujours quelque chose de pourri à la CGEM, et dans la classe d’affaires marocaine en général, et cela est accentué par la sinistrose et l’attentisme qui sont désormais les deux mamelles auxquelles s’abreuve le Maroc, ses travailleurs et ses entrepreneurs. Mais il y a également des gens de bien et de vertu au sein de la Confédération. Il leur appartient de sortir de leur réserve et d’offrir leurs talents à l’entreprise. Le Maroc et les Marocains le valent bien !

Aziz Boucetta