(Billet 186) – La loi de finances ne crée ni ne remplace la confiance…

(Billet 186) – La loi de finances ne crée ni ne remplace la confiance…

Comme tous les autres pays du monde, le Maroc vit au rythme de ses lois de finances annuelles… mais comme dans tant de pays, le principal n’est pas dans la comptabilité, mais dans la foi et la confiance. Ce sont ces deux choses qui manquent cruellement à ce pays, et le gouvernement Elotmani ne semble pas avoir compris la cause…

Ce soir, Mohamed Benchaâboune présentera sa copie aux parlementaires, sous le regard totalement indifférent de la population. Soit elle ne comprend rien à ces choses techniques et s’en moque, soit elle connaît la musique, et conclut que cette loi n’est que du toc. Le gouvernement, lui, ne comprend pas lui que les Marocains ont besoin de confiance, de confiance, et encore de confiance. Et la confiance passe par la visibilité, pas par le volontarisme technocratique et encore moins les constructions économétriques.

Dans son discours du trône, le 29 juillet dernier, le chef de l’Etat avait bien exposé la situation, à travers un plan en trois temps : un nouveau modèle de développement, un gouvernement remanié pour le mettre en œuvre, et une haute technostructure refondée pour en assurer le relais sur le terrain. Il semblerait que la solution aux problèmes du Maroc serait dans la mise en œuvre de ce package, qui tarde quelque peu…

Or, malgré tout ce qui se dit, le gouvernement avance le regard rivé aux équilibres macro-économiques mais l’œil privé d’acuité sociale, navigant à vue mais multipliant les bévues et augmentant la défiance, au moment même...

où les gens attendent de reprendre confiance. Et la confiance n’est pas une donnée statistique qui se mesure par les chiffres et les taux. La confiance est affaire de conscience et de gouvernance, de compétence aussi.

Quand le chef de l’Etat dit, redit, insiste et persiste quant à la nécessité d’un cap appelé modèle de développement, cela signifie en creux que tant que le Maroc ne dispose pas de cette feuille de route, son gouvernement ne fera que de l’épicerie, ou gérer l’intendance pour demeurer poli… Ses ministres ne sortent pas de la gestion des affaires courantes et des décisions urgentes, sous la pression des organisations financières menaçantes. Le gouvernement actuel, remanié, est tellement resserré que sa marge de manœuvre semble devoir le devenir à son tour.

Pendant ce temps-là, la population, qui a compris le sens profond du changement et qui a appris à ne plus se laisser mener en bateau par le rafiot gouvernemental, continue de se diviser entre ceux qui partent définitivement, ceux qui attendent de partir, impatiemment, et ceux qui le souhaitent ardemment sans le pouvoir vraiment.

Dans un monde qui bouge et avec des populations qui remuent de plus en plus, la panacée se trouve dans la confiance en le présent, et la confiance en l’avenir. Au Maroc, ce pays traversé par tellement de courants et chahuté par tant d’énervement, la confiance est le seul remède qui peut remettre les choses en marche. Dans l’attente, dirigeants et administrés chevauchent deux droites parallèles…

Aziz Boucetta