(Billet 182) – La CGEM sens dessus (à) deux sous

(Billet 182) – La CGEM sens dessus (à) deux sous

La CGEM ressemble à cette personne qui marche, trébuche, perd l’équilibre, évite cahin-caha les cahots, puis s’étale de tout son long… On peut ainsi résumer cette année et demi de présidence Mezouar et on ne peut que présumer que l’origine de tout cela est cette intrusion de la politique dans les affaires, la politique qui a fini de consumer le président serial-démissionnaire (du RNI hier, de la CGEM aujourd’hui).

Décidément, la politique, là où elle va, sème la désolation : Dans les prétoires, quand elle entre, la justice sort, et aujourd’hui, au Maroc, dans le patronat, quand elle y vient, le bon sens et la sérénité s’en vont. Mais pourquoi les patrons ont-ils si bien accueilli M. Mezouar, en le plébiscitant contre, il est vrai, un challenger qui ne faisait ni le poids ni l’affaire ? La politique… les inconscients.

Au sein de la CGEM, le capital n’a jamais été aussi lâche et n’a jamais autant craint et abhorré les clashs ! Personne pour commenter la descente aux enfers du désormais Ex… Pas un mot de soutien, pas une parole d’encouragement, pas une oraison attristée, même empruntée. Le patronat fait profil bas, évite le combat, terrassé par la violence de la charge au lance-flamme de Nasser Bourita (et de ses muses) qui, à elle seule, vaut « impeachment » à la marocaine. Aucun chef d’entreprise n’a osé causer liberté d’opinion, indépendance de la CGEM… Il est vrai que M. Mezouar est largement sorti des clous lors de son intervention, car avant d’être à la CGEM, il fut ministre des AE, encore tout récemment, et il aurait dû savoir et prévoir les risques de sa bafouille...

sur l’Algérie, l’islamisme et les USA.

Et ce n’est pas tout… la CGEM aura reçu en 48 heures, deux coups majeurs : après avoir été sommée vendredi par le roi, elle a été sonnée dimanche par le gouvernement. Et aujourd’hui, elle est littéralement assommée… Plus de président, pas de vice-président (depuis la démission et le non remplacement de M. Mekouar), pas de directeur général légalement validé… un vide juridique abyssal. Au moment même où les discussions sur la loi de finances vont démarrer, avec un gouvernement à peine installé ! La CGEM a connu mieux, comme situation… Le pays aussi.

La nature a horreur du vide, la CGEM aussi… et comme pour la nature, où dans le vide poussent les broussailles, la CGEM est dans une situation où en général fleurissent les mauvaises ouailles. Le patronat est aujourd’hui exposé au risque réel de voir surgir les snipers et les gangsters (ils se reconnaîtront), les marionnettistes et les marionnettes, les opportunistes et les mauviettes… Et tout ce monde s’agite aujourd’hui en silence, à la recherche désespérée de la personne providentielle qui sortira la Confédération de sa crise existentielle.

La CGEM, lyoum, doit se restructurer, se réorganiser, trouver une équipe dirigeante, légitime et pérenne, négocier la loi de finances avec le gouvernement et mettre ses banquiers en ordre de marche. Les personnes adéquates existent, il faut juste les trouver et ne pas se tromper. Le patronat a besoin de sérénité et d’efficacité, d’engagement et de morale, surtout de morale, car depuis le boycott de 2018 jusqu’au départ rock n’roll de M. Mezouar, elle est rudement bousculée.

Aux patrons de trouver la formule car, de toutes les manières, on-ne-nous-dit-pas-tout !

Aziz Boucetta