(Billet 178) – Lenteurs et pesanteurs au gouvernement

(Billet 178) – Lenteurs et pesanteurs au gouvernement

Il partira, elle restera, ils permuteront, ils recruteront, elles arriveront, nous y croirons, ou pas… Telles sont les versions développées ici et là avec à ce remaniement tant attendu, qui apparaît si tendu. Saadeddine Elotmani n’y arrive pas… alors il trace son chemin face aux délais constitutionnels qu’impose la marche de l’Etat. Mais il y a comme un sentiment de gestion chaotique de la chose gouvernementale… et même publique.

Cela fait entre 15 et 60 jours qu’on procrastine, renvoyant l’annonce à demain, puis après-demain, puis au lendemain du surlendemain. Interrogés, les ministres et chefs de partis disent qu’ils attendent, qui l’organigramme gouvernemental, qui le comité central… Les ambitions s’aiguisent en haut autant que les espoirs s’amenuisent dans le Maroc d’en bas, le nôtre.

Mais la maison doit être tenue, et la boutique gérée. Alors, le gouvernement s’est réuni hier pour causer loi de finances, et les grandes lignes en ont été triomphalement arrêtées. Sauf qu’elles l’ont été pour une quarantaine de personnes, ministres super, ministres pleins, ministres délégués ou sous ministres, presque tous sinistrés, car la prochaine configuration sera, jure-t-on, de deux douzaines. Il faudra prévoir des statisticiens, des économètres, des matheux, peut-être même un ou deux fqih, pour reconfigurer à 25 ce qui l’a été pour 40. On peut en pleurire

Lors de ce Conseil de gouvernement, certains faisaient mal...

à voir, à dire vrai. D’abord les secrétaires d’Etat, plus ternes que jamais, assis en bout de table, loin de leur chef, près de la porte, au sens propre et figuré. D’autres sont douloureusement stressés, oppressés, ne sachant ce qu’ils deviendront demain, après-demain, un jour, quand le remaniement sera annoncé. Anas Doukkali, lui, est ailleurs, terrassé par un double coup du sort, puisqu’il sort du gouvernement et du Politburo de ses camarades.

Pendant ce temps-là, le super ministre de l’Agriculture, de la Pêche… Aziz Akhannouch a décidé de ne pas se réunir avec ses pairs ; il s’est transporté à Sidi Kacem pour y lancer l’idée très originale d’attendre la pluie, ce qui dans la phraséologie officielle donne ceci : « Lancement de la campagne agricole 2019-2020 ».

Dans l’attente, tout le monde… attend et tend l’oreille. Les députés attendent le discours du roi, lequel attend qu’on lui remette une liste de gens qui fasse sens, les ministres attendent de partir, de rester, de changer… Les compétences n’attendent rien, elles travaillent déjà. La Commission spéciale attend d’être mise en place et les ambitieux attendent tout et rien et ne tiennent plus en place. Le Maroc est devenu une immense salle d’attente où l’immense majorité n’attendent plus rien, sinon partir… Sauf si des technocrates, des vrais, surgissent et agissent. La solution est peut-être là…

Aziz Boucetta