(Billet 147) – M. Benkirane et ses effets de tronche…

(Billet 147) – M. Benkirane et ses effets de tronche…

Les amis de trente ans, ou plus, c’est toujours comme ça… Ils marchent ensemble pendant un certain temps, et les règles de l’alternance et de la concurrence étant ce qu’elles sont, ils finissent par se marcher dessus. C’est ce qui se produit aujourd’hui entre les deux frères, désormais ennemis, que sont Abdelilah Benkirane et Saadeddine Elotmani, tour à tour chefs du PJD et du gouvernement… au grand dam du premier.

2017 fut une « annus horribilis » pour M. Benkirane qui croyait tellement en lui-même qu’il s’en croyait éternel… Et pourtant, il sait, même avec la culture générale modeste qui est la sienne, que n’est éternel que l’Eternel. Il l’a oublié, mais l’Eternel le lui a rappelé, et deux fois plutôt qu’une… Viré de la tête du gouvernement le 15 mars 2017, il a été débarqué de celle du PJD le 10 décembre de la même année. C’en est trop pour un homme, qui a commencé par croire en Dieu avant de croire ensuite en lui-même, et qui ne s’est jamais remis de cette double déconvenue ayant donné forme à une trouble inconvenance, voire à un trouble tout court.

Alors, depuis, il en veut à tout le monde à la ronde, sauf à ceux qui viennent l’écouter… religieusement. A chaque décision, il surgit au créneau, vitupère, en appelle à Dieu et à ses anges, jure ses grands dieux qu’il est, était et restera honnête, se nourrit des applaudissements nourris de jeunes en mal de leader ou...

de moins jeunes en mal d’amuseur. Et qu’importe la vérité pour peu qu’on ait l’audience !

Il reproche à Aziz Akhannouch d’avoir fait de la politique en 2017, et il sermonne régulièrement Rachid Talbi Alami qui s’en moque, comme il se moque allégrement du « Lion des Orangers ». M. L’Ex qualifie le premier d’abominable, et le second seulement de minable… puis il s’en va ensuite tacler ses « amis » du PJD, essentiellement Mostafa Ramid, qui a toujours eu le parler vrai, même quand il est en porte-à-faux, et Saadeddine Elotmani, à qui il n’a jamais pardonné d’avoir obtenu en 2004 le secrétariat général du PJD, du temps de feu le Dr Khatib dont il vient de remuer la mémoire à la fourche.

En dégobillant tout cela, M. Benkirane se montre aussi peu éthique que pathétique, ratant la marche de l’homme d’Etat pour sombrer dans la démarche d’un homme dans tous ses états, renonçant à la posture historique pour le postillon hystérique. Ah, s’il avait été en bons termes avec son successeur en tout, le Dr Saadeddine Elotmani, psychiatre de son état, ce dernier lui aurait prodigué des conseils, voire une médecine relaxante…

Mais, un jour, ledit Docteur en a eu assez… alors il a recadré les jeunes face auxquels M. Benkirane multiplie les effets de tronche, en changeant leur façon de voir et surtout en les rappelant à leurs devoirs. Au PJD comme ailleurs, il faut davantage se méfier de l’eau qui dort que du lion qui pleure.

Aziz Boucetta