CGEM : Lassé par les démissions et les attaques en cascade, Mezouar réagit

CGEM : Lassé par les démissions et les attaques en cascade, Mezouar réagit

C’est un Salaheddine Mezouar remonté et dépité qui a fait face à la presse ce jeudi 19 juillet au siège de la CGEM, à Casablanca, après l’annonce du départ de son vice-président général Fayçal Mekouar. Le but de l’exercice : faire le point sur la vague de démissions qui a secoué le patronat ces derniers mois.

Salaheddine Mezouar débute son discours par une mise au point sur le volet organisationnel de la CGEM qu’il a réorganisé afin de donner plus d’entrain au patronat pour une bonne prise en charge des besoins de entreprises. Mais surprise, les initiatives ont trouvé des blocages de diverses formes que M. Mezouar tente d’expliquer.

Au départ, pour apporter une césure par rapport aux modes de fonctionnement passés, il a préféré « regarder devant et continuer à avancer ». « Nous avons ajusté et nous avons veillé à ce que l’ensemble des structures de la CGEM puissent fonctionner en harmonie par rapport aux objectifs qui sont assignés », déclare-t-il. C’est un mandat plein de chantiers, plein de défis, notamment le défi de la confiance que l’équipe de Salaheddine Mezouar voulait ou veut toujours imprimer. Mis à part quelques cafouillages au début de son mandat, notamment ce long silence radio, la nouvelle équipe du patronat veut veiller à ce que les actes soient traités avec la diligence nécessaire. Ce traitement concerne la trésorerie de l’entreprise et sa capacité à accéder aux financements, car pour M. Mezouar, les entreprises étaient au plus mal et le doute s’était installé.

Pour ce chantier, la CGEM « a apporté » beaucoup de détermination, de volonté et d’engagement. Pour les objectifs, le patron des patrons déclare que l’essentiel des questions touchent à la problématique des délais de paiement qui fera l’objet de débats dans les mois qui viennent. Sur ce, M. Mezouar estime que « nous sommes en interaction permanente avec les différentes parties prenantes. Parce qu’il est important que les PME/ TPE ne perdent pas leur capacité de résistance à cause des défaillances liées aux délais de paiement. »

Pourtant, il estime avoir bien travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement pour mettre en place une plateforme de travail commune orientée sur les chantiers prioritaires. Ce travail était nécessaire pour lui, car on ne peut pas avancer sur des résultats si les deux parties ne se sont pas accordées sur les priorités et sur les objectifs. A propos des projets, le président du patronat insiste sur les gros chantiers, sur lesquels la CGEM a été interpellée, notamment sur la réforme de l’employabilité et sur l’éducation et la formation, deux secteurs qui ont fait l’objet de réunions en nombre. La réforme de la fiscalité a été abordée, et Salaheddine Mezouar estime que de prime abord la démarche a été saluée par tout le monde grâce à sa stratégie participative. « Nous avons fait un travail pour stimuler l’entreprenariat et le cadre de l’entreprenariat », s’est-t-il rassuré.

Pour ce qui est des élections, M. Mezouar déclare que pour ce qui est des fédérations, du renouvellement des fédérations des régions, tout se passe dans de bonnes conditions. Toutefois, son souci est que l’organisation fonctionne avec le degré d’implication de ses membres pour pouvoir faire avancer les chantiers tout en ayant un degré d’innovation convenable.

Il ne manquera pas de saluer aussi le travail fait au parlement par les représentants de la CGEM, notamment les commissions et les fédérations. On remarquera qu’il était ostensiblement entouré du chef de groupe et du vice-président de la Chambre des conseillers, comme un pied de nez adressé à ses contempteurs qui le critiquent sur son groupe parlementaire…

L'écueil organisationnel

Il y a un changement de mode opératoire sur certains aspects organisationnels, surtout en rapport avec ce qui existait auparavant, notamment la présence de 7 vice-présidents non représentatifs. « C’est une dimension très importante qui malheureusement n’a pas été bien comprise et cela a été la source de beaucoup de malentendus qu’il fallait gérer à chaque fois ». Toutefois, cela a occasionné des dysfonctionnements internes ou de problèmes ici et là.

M. Mezouar a donc responsabilisé un vice-président pour assurer une animation et une coordination de plusieurs commissions et qui répond à plusieurs responsabilités qui...

lui sont assignées. Dans son approche managériale il a mis en place une gouvernance organisationnelle particulière, ce qui le différencie de la méthode d’avant ou il y avait le président et le vice-président, avec des commissions. Aujourd’hui la CGEM fonctionne avec un président, un vice-président général et 7 vice-présidents qui travaillent en continu et en permanence avec les commissions, les fédérations et les régions. « Ce mode opératoire est source de tension car les personnes ne sont pas habituées, et dés fois les égos s’y mettent et compliquent davantage les choses ». Mais M. Mezouar assume et estime que « c’est un choix ». Pour lui la CGEM se devait d’évoluer vers un nouveau mode opératoire pour pouvoir valoriser cette notion de responsabilisation qui est une réponse fondamentale et c'est ce mode opératoire qui a été choisi pour faire fonctionner beaucoup d’organisations de par le monde. « Toutefois, ce système transversal et non hiérarchique doit permettre une bonne coordination et cela impose à l’organisation et aux salariés une adaptation qu’ils ont du mal à mettre en œuvre », selon le président de la CGEM.

Au tout début de son mandat, un travail d’analyse et d’écoute a été effectué au sein des fédérations des régions, puis des commissions, et il a été constaté que certaines d’entre elles ont « des difficultés pour fonctionner ». « Ce travail qui a été effectué n’avait pas pour objectif d’interférer dans les prérogatives de qui que ce soit mais en tant que président élu, j’ai la responsabilité de faire bouger l’organisation et de la faire évoluer », rassure-t-il.

A ce titre, il déclare avoir effectué un audit organisationnel, des procédures et financier sans en révéler les résultats, mais il estime que le but de ces audits n’était par pour nuire ou pour faire un jugement sur les personnes, mais plutôt pour pouvoir réorganiser, pour équilibrer et pour rendre la CGEM plus performante.

Cascade de démissions

A propos des remous qui ont eu lieu, ces dernières semaines et heures, Salaheddine Mezouar déclare son étonnement sur la violence des propos qui ont été utilisés sans que ceux qui l’alimentent ne prennent le préalable de discuter et d’échanger intra-muros, comme c'est le cas pour bien des sujets.

Et sur les récentes démissions qu’il qualifie d’acte 2 après celui de Ahmed Rahhou qu’on pourrait clairement nommer à l’acte 1, M. Mezouar laisse entendre que les mêmes refrains sont retrouvés avec ce dernier acte « tout ceci dans le but d’empêcher l’organisation de fonctionner ». Sur ces actes devenus successifs et presque subversifs, il minimise et déclare que c’est loin dramatique car inhérents à toutes organisations. « La CGEM est une organisation où on est volontaire, c’est aussi une organisation qui a des règles et elle doit continuer à fonctionner avec des règles », précise le président de la CGEM. Parmi ces règles, les membres doivent exprimer une position, mais doivent faire la part des choses entre leurs positions et celles discutées en commission ou dans des groupes de travail et  affirmées et approuvées par l’organisation.

Cependant, le cas du vice-président général l’a ému car il estime avoir travaillé en toute confiance avec lui. Pour ce dernier, il s’était interdit de ne rien faire sans qu’il soit informé et d’ailleurs, « j’ai œuvré pour qu’il soit beaucoup plus visible que moi, qu’il soit le plus respecté et le plus écouté possible », se désole t-il.

Mais à sa grande surprise, la démission est tombée, qu’il a qualifiée « d’inélégante », notamment la lettre de démission de son vice-président général, avec qui souvent il y avait des points de divergence comme ça arrive souvent. Ce que « pensait » M. Mezouar, c’est que son vice-président général devait « mettre les choses sur la table comme avant, et à chaque fois on ajustait »… A propos de cet acte 2, il y aura des actes 3, 4, voire plus, mais la CGEM transcende les personnes et « désormais, à chaque attaque contre la CGEM, une riposte s’en suivra immédiatement ». Et il se déclare prêt à répondre à tous les coups même si la CGEM risque de faire les Unes des journaux , quotidiennement.

Mouhamet Ndiongue