(Billet 138) – Renards du désert en Algérie, énHervé Renard au Maroc

(Billet 138) – Renards du désert en Algérie, énHervé Renard au Maroc

Le Maroc doit être le seul pays au monde qui perd ses matchs sur le terrain et ses après-matchs dans les salons feutrés. N’importe quelle autre nation qui aurait connu notre peu enviable sort à la CAN aurait déjà pris des mesures, révoqué les responsables, expliqué l’impensable, promis l’indispensable… L’Egypte l’a fait aujourd’hui, la France l’a fait hier, d’autres aussi… Les dirigeants du foot se savent tous sur des sièges autant profitables en cas de victoire qu’éjectables après des revers. Mais au Maroc, cela semble marcher à l’envers…

Dans les autres contrées du monde, le foot sert d’exutoire et de défoulement… Sous nos cieux, il est conçu presque pour énerver les gens, ordinairement calmes et gentils. Au lieu de faire rêver les gens, nos dirigeants sportifs préfèrent rêver à leurs carrières. Nous avons même été certainement la seule nation sur la planète à tenir secret le salaire d’un sélectionneur qui répondait au nom d’Eric Gerets, venu ici s’enrichir, avant de repartir, en affichant ostensiblement son ire. Idem pour M. Renard, malgré quelques bons résultats, sauf que c’est le résultat final qui compte.

Au lieu d’optimiser, voire de capitaliser sur 60 ans de foot national, nos dirigeants montrent une consternante instabilité et un affligeant complexe du colonisé. De 2000 à 2019, pas moins de 15 sélectionneurs se sont succédé, dont la moitié d’étrangers (et 4 Français), les Marocains ne...

restant en poste qu’une saison en moyenne, à l’exception de M. Zaki. Allez, à leur décharge, ils ne portent pas de casque colonial…

Cette CAN aura montré autre chose… l’extraordinaire et insoutenable légèreté des responsables, en overdose d’eux-mêmes. Le ministre Rachid Talbi Alami parle de mauvais œil, accable M. Ziyech qui le tance vertement sur les réseaux sociaux. Fouzi Lekjaâ, habituellement hautain et imbu de lui-même, s’est jeté aux abris, délaissant le désordre ambiant et attendant des ordres qui ne viendront pas. Quant à l’énHervé Renard, il s’exprime lui-même, prenant d’aussi haut le public meurtri que M. Lekjaâ désormais flétri, et déclarant sur Twitter (ci-contre) que lui et son président avaient décidé de ne rien déclarer au sujet de son départ sans cesse annoncé, sans cesse démenti, mais finalement inéluctable… et certainement onéreux. Les Marocains valent mieux que cela et que ceux-là…

La seule et vraie bonne nouvelle de la CAN égyptienne est ce rapprochement sensible, senti et ressenti avec nos voisins algériens. Le Maroc soutient l’Algérie, qui a soutenu le Maroc ! A elle seule, cette phrase est enchanteresse. Entendre les klaxons de joie dans les villes marocaines après la qualification en finale de l’Algérie, voir des jeunes Algériens escalader la clôture séparant les deux pays, sous les vivats et les encouragements des Marocains, est véritablement un bonheur.

Aziz Boucetta