(Billet 132) – Notre ami Fouzible Lekjaâ

(Billet 132) – Notre ami Fouzible Lekjaâ

Il n’y a pire prétention que celle de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, que celle d’un grand autoproclamé qui se voit en géant acclamé… Il n’y a pire déception que celle d’un public transporté par une série de mystifications et emporté par les affres d’une sévère désillusion, d’une défaite subie et subite…

Tant d’espoirs avaient été fondés sur Fouzi Lekjaâ quand il avait surgi à la tête de la Fédération royale marocaine de foot. Un homme de terrain puisque patron du club de Berkane, un as de la finance puisque directeur du budget au ministère des Finances, et un habitué des médias dont les réponses, réactions sont immédiates.

Elu à la tête de la Fédération en avril 2014, il émane selon la doxa en vigueur alors, et aujourd’hui encore, de la société civile. Il n’est ni général ni directeur général ; il n’est ni connu ni inconnu. Il devra se faire connaître mais en attendant, il était très reconnaissant ! Arrivé à la FRMF sous un hourra national, il démarre, avec Baddou Zaki comme sélectionneur. Jusque-là, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes…

Puis, subitement, en 2016, il limoge Zaki pour mauvais résultats. Et comme il est grand démocrate, en plus d’être une grande âme, il explique qu’il a préalablement consulté pour cela 7 joueurs. C’est un peu comme un directeur de lycée qui limoge un prof austère et rigoureux après avoir consulté ses élèves… Le guignol commence. Il négocie avec Hervé Renard, le « sorcier blanc » qui jamais ne sourcille ni ne vacille. La preuve ? Deux CAN à son...

actif. Mieux vaut ne pas regarder son palmarès en championnat de son pays, la France. Restons charitables.

Fouzi Lekjaa, qui entretient une relation distante avec l’humilité, commence alors à croire en lui-même, fort et armé des résultats pourtant fort modestes du Français. Il survend à une presse amie ses qualités de tantôt négociateur tantôt gladiateur. Comme tout grand homme, il vit mal l’indifférence face à son ampleur, à ses yeux incomprise. Puis il promet des résultats pharaoniques à la CAN égyptienne, ignorant qu’une accumulation de talents individuels ne saurait assurer une domination collective, mais qu’une somme de petits ratages personnels conduit immanquablement à une bérézina générale.

Las… Les nationaux, marocains jusqu’aux yeux, ne représentent pourtant pas le foot national, puisque seuls 2 ou 3 joueurs formés localement ont porté les couleurs du pays (nous le disions pendant l’euphorie de la semaine dernière). Puis cette équipe a poussivement marqué 3 buts en 4 matchs (sans compter l'autobut namibien et les tirs aux buts), suscitant une joie irraisonnée du public, encouragé en cela par notre Fouzi national. Au lieu de mental, on a affiché du lamentable…

Ayant jadis viré Zaki pour mauvais résultats, qui le révoquera aujourd’hui, lui et son Renard de sélectionneur, pour incompétence notoire ? On le dit partant, mais se sachant Fouzible, il sait aussi que les décideurs n’ont encore rien décidé ; ils attendent l’opinion du public pour se décider en privé. Quant audit public, il aurait eu besoin d’une belle prestation du Onze, pour surmonter cette tenace sinistrose qui l’étreint et qui l’éteint. Il attendra. Encore et toujours.

Aziz Boucetta