Zoom n°20: Les nouveaux « Damnés de la Terre » !

Zoom n°20: Les nouveaux « Damnés de la Terre » !

On pourrait les appeler les nouveaux « Damnés de la Terre », l’ensemble des migrants qui périssent dans la méditerranée, dans le désert algérien ou sur la route de l’Amérique latine menant vers les États-Unis.

Ces « Damnés de la Terre », ces victimes que personne ne protège, personne ne défend sont les dizaines de morts - hommes, femmes et enfants - du bombardement aérien, du Centre de détention de migrants de Tajoura à l’Est de Tripoli. Ce sont les victimes expiatoires d’une tragédie dont personne ne veut assumer la responsabilité. Ils font partie des dizaines, peut-être centaines de milliers de migrants venus d’Afrique et d’ailleurs, bloqués en Libye, livrés aux pires sévices et aux aléas d’une guerre civile qui a repris.

Dans son essai devenu biblique, Frantz Fanon se penche sur le colonialisme, l'aliénation du colonisé et les guerres de libération. Il étudie le rôle que joue la violence entre colonisateur et colonisé y compris par la violence et l'émancipation du tiers-monde.

Le carnage qui a eu lieu à Tripoli entre dans le registre de cette violence que décrit l’auteur des « Damnés de la Terre » qui explique qu’« Il existe [...] une complicité objective du capitalisme avec les forces violentes qui éclatent dans le territoire colonial. » En effet l'essence du colonialisme est violente et vise à chosifier les colonisés et à les exploiter.

La consternation et la colère dominent dans les rangs des Nations Unies, dont les efforts de médiation comme de protection des civils se heurtent à un mur d’indifférence et de cynisme.

Cependant, la tragédie qui s'est déroulée sous le nez des nouveaux dirigeants européens...

rappelle à l’Europe l’urgence de régler la question des centres de détentions de migrants.

C'est une tragédie effrayante qui peut aussi être un avertissement pour que l'Europe se montre solidaire car tout le monde pense que l’Europe est en mesure de faire face à ces tragédies notamment en Méditerranée.

Si les déclarations de condoléances et les appels à la solidarité suivent chaque nouveau drame de la migration, aucune solution politique n'est à l'horizon et même les réunions au sein des l’ONU ne serviront presque à rien car il n’y aura aucun résultat concret.

« L'Europe de la désunion et de chacun pour soi, s'est lancée dans une course à la fermeté: barrières en Hongrie, migrants stationnés dans un stade à Kos, incidents racistes en Allemagne. Sans parler de la Slovaquie, qui veut accepter certains Syriens, mais à condition qu'ils soient chrétiens », avait condamné un chroniqueur allemand. Sans parler des migrants bloqués dans la jungle de Calais, accueillis au gaz lacrymogène en Macédoine, logés dans des conditions indécentes.

Après le massacre de Tripoli, l'urgence ne peut être surmontée qu'avec une stratégie communautaire, qui comprend une répartition des réfugiés sur des quotas obligatoires, appliquée à tous les États. Mais pour ce faire, une plus grande solidarité est nécessaire. Et actuellement, en Europe, chaque État fait ce qu’il veut (...). C’est une cacophonie honteuse pour l’Union européenne.

Aujourd’hui, toute l'attention du monde est concentrée sur le drame qui s'est produit en Libye, des dizaines de migrants ont perdu la vie ce week-end en Tunisie dans le naufrage d’u bateaux de fortune. Sommes-nous à la fin de l’indignation ?

Mouhamet Ndiongue